Niché entre la Bibliothèque Orientale et la Résidence des Pères Jésuites, le Musée de Préhistoire libanaise n’a pas été épargné par l’impact de l’explosion qui a eu lieu au port de Beyrouth le mardi 4 août 2020, date qui restera à jamais gravée dans notre mémoire collective.

Né grâce aux collections des Père Jésuites, ce musée spécialisé en archéologie préhistorique accueille le public depuis vingt années et lui propose diverses activités telles que des visites commentées, des ateliers pédagogiques, des expositions, des conférences et des séminaires. En outre, il fête annuellement des évènements incontournables à savoir la Journée nationale du patrimoine, la Journée internationale des musées et la Nuit des musées. Aussi, le Musée de Préhistoire libanaise contribue à la connaissance de la préhistoire du Liban et de la région en développant des projets de valorisation du patrimoine, des projets de recherches et de publications scientifiques.

Le 4 août 2020, le Musée a subi des dégâts, mais miraculeusement les vitrines et les collections sont intactes. Les portes de l’entrée ainsi que les portes internes, qui étaient toutes fermées à clé, ont été ouvertes par l’intensité de l’explosion, ce qui a provoqué évidemment des dommages. Un grand mur en maçonnerie a énormément souffert. Fissuré à plusieurs niveaux, il a bougé de quelques centimètres. Toutes les fenêtres et la verrière se sont fracassées laissant de gros amas de verres. Les meubles du bureau d’accueil ont été endommagés par le verre. Les faux plafonds se sont décollés, etc.

Sans trop tarder les comités libanais de l’ICOM (International Council of Museums) et du Blue Shield International (organisme international dont la mission est de protéger le patrimoine en temps de danger) se sont réunis pour établir la liste des musées endommagés et de leurs besoins urgents. Sous les directives de Mme Joanne Farchakh Bajjali, une équipe de jeunes volontaires de l’ONG Biladi et du comité national du Blue Shield, est intervenue pour nous aider à déblayer  le musée et ses bureaux. Cette opération et les premières protections d’urgence mises en place pour sécuriser les lieux ont été prises en charge par le Blue Shield. Messieurs Tanios Abou Khalil (Blue Shield), Gilbert Nicolas et David Chlela (tous les deux ICOM-UMAC), des architectes volontaires, ont établi l’inventaire des dégâts et nous ont remis leurs rapports. En outre, M. Antonios Rizk, directeur de la société XYZ 3d Scanning, a réalisé gracieusement un relevé en 3D du musée qui permet de voir les dommages: https://my.matterport.com/show/?m=WD4ZYCHtrNs

Le mardi 15 septembre, une délégation composée des représentants de trois organisations internationales : M. Peter Keller, directeur général d’ICOM, M. Valéry Freland, directeur exécutif d’ALIPH (International Alliance for Protection of Heritage in Conflict Areas) et de Mme Marie-Laure Lavenir, directrice générale d’ICOMOS (International Council of Monuments and Sites), accompagnée de Mme Elsa Urtizverea, coordinatrice protection du patrimoine (ICOM) et de Mme Rozalie Gonzalez, chargée de projet (ALIPH), a été accueillie au Musée par le Père Recteur, Prof. Salim Daccache, Mme Carla Eddé, vice-recteur aux relations internationales, Mme Suzy Hakimian, présidente de d’ICOM-Liban et Dr. Maya Haïdar-Boustani, directrice dudit musée. L’objectif de cette mission était évidemment de visualiser les dommages mais aussi et surtout de discuter de l’aide qu’ils pourront apporter. À cette date, la demande de subvention qui sera soumise à ALIPH est en cours de préparation. Espérons qu’elle sera acceptée et qu’on pourra commencer les travaux avant les premières pluies.

Une fois les travaux seront finis, on aura un autre défi commun à d’autres institutions culturelles du pays. Comment continuer à faire vivre le Musée de Préhistoire libanaise dans le contexte socio-économique du Liban et la situation sanitaire liée au Covid-19 ? Comment redonner à nos concitoyens le goût et l’envie de faire des sorties culturelles, comme la visite d’un musée alors que leur esprit est préoccupé par leur propre survie, par la reconstruction de leur maison, par l’avenir de leurs enfants ?

Laissons Notre Foi, Patience, Courage et le Temps faire leur travail…

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