Pendant l’épidémie de la Covid-19, les Libanais, habitués aux sorties, sont restés prisonniers chez eux. Le confinement à domicile de la famille libanaise « Hachem » a commencé le 10 mars dans un village au Liban Sud qui s’appelle « Houmine El Faouqa ».
Leur ennemi les attend aux portes, un ennemi microscopique avec une capacité destructrice énorme. Ce virus a fait des amis, de la famille et de la gentille voisine, des ennemis. Les trois bises se sont transformées en un sourire d’une distance qui dépasse les 3 mètres. La routine épuisante a envahi les jours des Hachem, 24 heures jouées en boucle.
Le papa Mohammed se lève en premier avec le chant du coq, il prépare son café et le boit en attendant le réveil de son épouse. A 9h la maman se réveille et prépare le petit dejeuner : labneh, jebneh et œufs. Parfois, pour changer d’humeur elle change les types de fromages, mais après 3 semaines même ce changement est devenu une routine.
« À table ! », crie la maman, c’est déjà 10h ! Leurs trois filles se lèvent et mangent les mêmes genres de yaourts et de fromages. Alaa’, l’aînée, commence son travail en ligne ; Hanin, la benjamine, suit ses cours universitaires et Dana, la cadette, les attend.
« À table ! », crie la maman encore une fois, il est déjà 16h ! La famille s’assoit et prend son goûter pour aller à 17h à « Louwaizé », leur deuxième village, et travailler la terre jusqu’au coucher du soleil.
« À table ! », crie la maman une dernière fois, il est déjà 20h ! Après le dîner la famille s’installe au salon, collée à la cheminée et les activités commencent…
Quand on anime une routine
La soirée commence avec des exercices sportifs, cela est devenu un rituel qui leur permet d’apaiser leur culpabilité à grignoter toute la soirée. Ensuite ils jouent aux cartes, mais chaque soir un jeu différent. Après avoir joué à 14, 400, la folle 8 et à tous les numéros, Likha, Tarnib, poker… les Hachem ont commencé à créer leurs propres jeux. Ensuite, ils regardent un film. Ils ont non seulement regardé tous les films qu’ils possèdent à la maison mais même Netflix n’a plus rien à leur offrir !
« Au lit ! », crie la maman, il est déjà 2h ! Et la famille rentre se coucher pour revivre le lendemain, la journée d’hier.
La même question a été posée à Dana et Mohammed : « Que pensez-vous de votre confinement ? ». Leurs réponses ne pouvaient être plus différentes ! Dana a répondu : « La vérité est que je préfère mourir du Corona, que de rester encore une minute à la maison. J’ai grossi, ma santé mentale se détériore, et je m’ennuie trop ». Pour sa part, Mohammed a dit : « Personne ne peut sortir, donc mes filles sont coincées avec moi ! Je les ai vues ce mois plus que je les ai vues toute leur vie. De plus, on est au village ! Du coup, le seul fait de s’asseoir dans le jardin sous les arbres bourgeonnés sans se soucier de quoi que ce soit, te prolonge la vie ». Du coup, être optimiste ou pessimiste est un choix mais être surpris reste inévitable. La guerre civile, la guerre israélo-libanaise, la H1N1, la crise économique, la révolution, et toutes les misères que le peuple libanais a vécues : rien de tout cela n’a pu l’empêcher de sortir. Qui aurait dit qu’un virus invisible pouvait faire ce qu’une armée n’a pu réaliser, à savoir : vaincre le peuple invincible ?
Hanin Hachem
M2 - Traducteur-Rédacteur