Par Edward Sfeir, in L'Orient - Le Jour, samedi 13 juin 2020.
Étudiante en troisième année de licence de traduction à l’école des traducteurs et d’interprètes de Beyrouth (ETIB) de l’Université Saint-Jospeh de Beyrouth (USJ), Yara Baydoun, 21 ans, vient de remporter le concours des Nations unies pour la traduction Saint-Jérôme. La jeune lauréate, qui souligne qu’un bon traducteur doit être «confiant, cultivé, objectif et maître de ses langues», raconte: «Au début, j’ai été quelque peu découragée. En effet, je sais qu’en général, les Égyptiens sont de très bons traducteurs. Ils occupent les meilleurs postes dans le monde. Et dans la plupart des cas, les livres de traduction arabe sont réalisés par des Égyptiens. C’était donc un défi pour moi de participer et de gagner.»
Revenant sur les modalités du concours, elle poursuit: «Le texte source (anglais) est de type littéraire. C’est un mélange de narration, description et discours. Il parle de la star Tina Turner. Le traduire pose plusieurs difficultés de types culturel, stylistique et linguistique.» Pour surmonter ces obstacles, la jeune étudiante effectue des recherches. «Pour la description de la résidence de Mme Turner par exemple, j’ai consulté des images pour visualiser l’endroit. Mais vu la rareté des images, j’ai dû lire des dizaines d’articles qui abordent ce sujet, pour que l’image de la maison se clarifie dans ma tête», précise-t-elle. La jeune lauréate, qui a déjà pris part à ce concours l’année dernière, ne comptait pas renouveler l’expérience. «Lors de ma deuxième année, après avoir reçu un mail de l’USJ, j’ai appris l’existence de la compétition et j’ai décidé d’y participer, mais malheureusement je n’ai pas gagné», confie-t-elle.
Cette année, les choses se sont faites différemment, quelques jours avant la date limite de soumission des candidatures, la cheffe de département la contacte et lui rappelle de lui envoyer son texte. «Je ne voulais pas la décevoir; j’ai donc fait le tout en deux jours et je l’ai envoyé», poursuit Yara Baydoun.
La jeune étudiante, qui ambitionne de poursuivre un master en banque et affaires, estime que ses acquis à l’université étaient suffisants pour gagner cette compétition, mais que ses lectures quotidiennes, qui constituent l’un de ses passe-temps favoris, l’ont grandement aidée.
«J’ai beaucoup appris de la crise du Covid-19: comment gérer mon temps surtout», indique-t-elle joyeusement. En effet, l’étudiante indique qu’elle passe son temps à lire, à écrire pour Campus-J, le journal des étudiants de l’Université Saint-Joseph, et à participer à des compétitions de traduction. La jeune lauréate confie avoir choisi d’étudier la traduction au début pour l’amour de la langue arabe, mais elle fut vite «obligée de travailler son anglais et son français». Elle est la première de sa famille à s’intéresser à la traduction. «Une profession qui en demande beaucoup, notamment à l’ère de la mondialisation et des changements continus. Aujourd’hui, toute idée, aussi petite soit-elle, qui vise à l’internationalisation ne peut atteindre sa finalité sans passer par la traduction», estime-t-elle.