Avec la crise de coronavirus, chacun est invité à rester chez soi et à ne sortir que pour des raisons précises en respectant les mesures de précaution préconisées par l’Organisation Mondiale de la Santé. Une expérience qui déroute certains mais qui inspire plusieurs autres les poussant à la créativité et la réflexion, comme en témoigne l’exemple de la pomme de Newton et l’«Eurêka!» présenté comme le cri de l’illumination, de l’apparition de la formule, du théorème ou même de la pensée scientifique novatrice.
Tout le monde connaît la légende selon laquelle le savant Isaac Newton aurait trouvé la théorie de la gravitation universelle en recevant une pomme sur le crâne. En 1665, la ville de Londres est frappée d’une virulente épidémie de peste. En l’espace de 18 mois, la pestilence, comme on l’appelle à l’époque, a raison de 100 000 hommes, femmes et enfants, soit de 20 à 25% de la population de la ville. Le jeune Issac Newton, alors âgé de 24 ans, se retire dans sa ferme natale, dans le petit village de Woolsthorpe au sud-est de Nottingham. Pour lui, pas question de se tourner les pouces ! Le travail à distance, c'est du sérieux. Loin de son université de Cambridge, Newton met à profit son temps libre pour se balader dans son jardin. C'est ainsi que lui serait venue l'idée de la loi de la gravitation universelle voyant une pomme tomber toujours perpendiculairement au sol. Newton enchaîne les expériences optiques dans sa chambre ; il perce un trou dans ses volets et, en observant la lumière qui traverse la fente, en déduit ses théories sur l'optique, la réfraction de la lumière et la composition chromatique de la lumière. En quelques mois, il conçoit la loi de la gravitation universelle, les lois de l’optique et le calcul différentiel, qui ont révolutionné le double champ de la physique et des mathématiques.
1666 sera considérée comme « annus mirabilis » par les historiens, année la plus productive pour Newton. 2020 avec le confinement forcé dû à la pandémie de Covid-19 donnera-t-elle lieu à de nouvelles percées scientifiques? L’Histoire seule nous le dira !
Pr Marie Abboud Mehanna
Chef du département de physique
Faculté des sciences - USJ
Témoignage de Hadi Loutfi, doctorant en 3ème année
Durant la crise de Covid-19, presque toutes les entreprises ainsi que toutes les universités et les écoles sont fermées. Pour limiter la propagation du virus, une fermeture définitive des classes et des laboratoires a été exigé, donc tout le monde s’est retrouvé confiné chez soi ayant comme seul recours le télétravail. Les réunions à distance se sont multipliées, les cours sont donnés par visioconférence et l’échange par mail a augmenté. De mon côté, étant en troisième année de thèse en cotutelle entre l’USJ et l’UBO sous la direction de Pr. Marie Abboud Mehanna et Dr Guy Le Brun, la rédaction de mon manuscrit est l’objectif prioritaire. Alors, confiné à la maison, je me suis mis à la rédaction de mon manuscrit de thèse ainsi que mes articles en faisant des allers-retours constants avec mes directeurs. Une réunion hebdomadaire sur Skype est mise en place pour discuter, avec toute l’équipe, l’avancement du manuscrit et des articles. J’attends l’ouverture des universités, pour pouvoir me rendre au laboratoire et effectuer les dernières expériences que j’ai planifiées. En 1665, l'Université de Cambridge a fermé ses portes en raison d'une épidémie de peste bubonique. En conséquence, Newton a dû travailler à domicile. Il a profité de son temps pour développer la théorie de la gravité. Soyons positif et profitons de ce temps pour bien travailler !
Témoignage de Léa Zouein, en deuxième année de master
Je suis Léa Zouein et j'effectue mon stage de fin d'études du master en Radiophysique Médicale sous la direction de Dr Ziad Francis. Au vu des circonstances à l’échelle nationale et mondiale dues à Covid-19, j’ai été obligée de continuer mon travail à distance avec mon directeur de stage.
Face à cette crise, mon rythme de travail s’est ralenti, mais ceci m'a donné plus de temps de réfléchir sur moi-même, et plus particulièrement sur mon profil personnel, académique et professionnel. J’ai donc cherché à travailler sur mes compétences (à savoir la manipulation du numérique utile dans mon parcours académique). J’ai profité alors du confinement pour organiser mon temps libre afin de maximiser ma productivité. Je me lève tôt chaque matin et je m’adonne à un rituel quotidien qui s’articule autour de plusieurs activités, en l’occurrence, sport matinal, études, stage, lectures d’articles, participation à des cours, etc. Ce rituel me permet de récupérer la routine que j’avais en temps normal, me poussant à garder mon corps et mon cerveau actifs en même temps pour lutter contre la passivité qu’impose indirectement le confinement. J’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à suivre ce programme au cours des deux premières semaines à cause du stress, toutefois, après quelques efforts j’ai pu y arriver et récupérer le travail que j’ai perdu. Finalement cette “pause-confinement” m’a beaucoup permis de réfléchir sur la manière selon laquelle le monde entier fonctionne au quotidien, sur l’importance des relations familiales et sociales, sur la valeur de tout, et, surtout, la valeur de la santé humaine. Je ne peux pas dire que je vais en sortir indemne. À mon sens, la personne qui pense que les choses vont “retourner” à la normale après cette pandémie, n’a rien compris ...