La crise libanaise d’un point de vue actuariel

« An actuarial perspective of the Lebanese crisis: where are we heading? »
Mardi 11 février 2020
Organisateurs


Le département de mathématiques de la Faculté des sciences de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et à travers son master en Sciences actuarielle et financière, a organisé le mardi 11 février en collaboration avec la “Lebanese Association of Actuaries” (LAA), une conférence autour de la crise économique actuelle au Liban. M. Ronald Chidiac, président de la LAA, a exposé, devant une centaine de personnes ayant répondu présents, la situation actuelle, chiffres à l’appui.

Le conférencier a expliqué que la dette de l’Etat, estimée fin 2019 à 95 milliards dollars américains (US $), soit près de 175% du PIB, est la conséquence d’un déficit budgétaire chronique. Ce déficit est dû à deux composantes : le service de la dette (>10% du PIB) et la « subvention » de l’électricité (>3% du PIB). Bien qu’elle affiche un déficit de plus de 5 milliards US $, la balance des paiements peut être excédentaire assez rapidement moyennant une stratégie adaptée.

De plus, en suivant les normes comptables internationales, le secteur bancaire a besoin d’une recapitalisation de près de 15 milliards US $ pour faire face à la dépréciation des Eurobonds et des défauts massifs des débiteurs ; la capitalisation devient astronomique si on y inclut les pertes cumulées de la banque centrale estimées à plus de 40 milliards US$. Par ailleurs, les dépôts en dollars sont limités à une écriture comptable du fait que le Liban ne produit pas de dollars mais en consomme, rendant les « vrai » dollars disponible à moins du tiers des dépôts US $.

Des solutions efficaces ont été proposées en fin de présentation pour résoudre la crise, mais encore faut-il une réelle volonté politique. Le conférencier à noter que le gouvernement devrait œuvrer pour une privatisation du secteur publique en contrepartie de dépôts en US$. Il serait également primordial de restructurer la dette, avec réduction importante des taux d’intérêt. La mise en place de réformes et d’un plan économique complet est évidemment cruciale pour sortir de cette impasse.

Cette conférence intitulée “An actuarial perspective of the Lebanese crisis: where are we heading?” a été modérée par l’actuaire M. Ibrahim Muhanna, président de i.e.Muhanna & co. Après la présentation technique, le modérateur a donné la parole au public pour échanger sur le sujet.