Hors cabine : Léna Menhem, l’interprète au quotidien

décembre 2019

Diplômée en 1988 de l’École de traducteurs et d'interprètes de Beyrouth (ETIB), un master en interprétation en poche, Lena Menhem s’est alors lancée dans ce domaine envoûtant. Elle est actuellement chef technique du département d’interprétation et chargée de cours au sein de cette même École. À travers cette entrevue, Mme Menhem partage avec nous son parcours, son expérience et ses conseils précieux.

 

Pourquoi aviez-vous choisi le monde de la traduction et quelle a été la raison qui vous a poussé à switcher vers l’interprétation ?

Dès le premier jour à l’ETIB, j’ai eu un penchant pour le monde de l’interprétation. La traduction n’a été qu’un passage obligé pour arriver là où je désire. À une époque où le Liban était en pleine période de guerre, je souhaitais voyager et découvrir de nouveaux horizons comme beaucoup de jeunes de mon époque, et de la vôtre d’ailleurs.

 

Quelles sont les conférences préférées que vous avez interprétées ?

À vrai dire, ce n’est pas « une conférence préférée » mais c’est celle où j’ai ressenti le plus de fierté. Elle s’est tenue au Liban autour du thème des finances et les intervenants sont venus principalement de la France et des pays du Golfe. L’interprétation a été effectuée du français vers l’arabe et vice versa sans passer par l’anglais. La qualité de l’interprétation a été applaudie et appréciée par tout le monde !

Sinon, je me rappelle une autre conférence organisée par la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) au Palais Chaillot, à Paris. Cette conférence est pour moi une des plus touchantes de ma carrière. Les intervenants, des défenseurs des droits de l’Homme, partageaient leurs expériences et je me souviens que tous les participants, y compris les interprètes, avaient beaucoup de mal à retenir leurs larmes.

 

Qu’est-ce qu’un interprète ne peut à aucun prix se permettre ?

Faire intervenir ses opinions personnelles est une erreur fatale pour tout interprète. Être infidèle au sens et à l’esprit du propos de l’orateur en est une autre tout aussi grave. Et surtout, ne jamais aller à une conférence sans préparation !

 

Quelles sont les qualités qui, selon vous, doivent caractériser un interprète professionnel ?

La curiosité, pour un interprète, n’est pas du tout un mauvais défaut. Bien au contraire ! Pour moi c’est une des qualités primordiales qui va le pousser à chercher l’excellence, à développer ses connaissances et à perfectionner ses langues. Tout aussi important, l’intégrité et l’éthique professionnelle.

 

Entre l’enseignement et l’interprétation, quelle face de votre métier préférez-vous ?

Je préfère l’interprétation puisque j’en ai fait mon premier métier. Cependant, enseigner l’interprétation fait partie intégrante de mon métier. J’ai essayé d’enseigner le français comme français langue étrangère (FLE) mais je ne m’y suis pas trouvée. Je ne me vois pas enseigner autre chose que l’interprétation.

 

Quels conseils donneriez-vous aux futurs interprètes ?

Soyez curieux et ne comptez pas uniquement sur les cours dispensés par l’ETIB. L’interprétation requiert un développement continu au niveau de la personnalité et du savoir. Travaillez sur vos points forts tout comme sur vos points faibles. C’est ce qui vous distinguera sur le marché du travail.

 

Interrogés sur leur expérience avec Lena Menhem, les étudiants en interprétation témoignent :

« Mme Menhem nous pousse à nous surpasser »

« Durant ses cours, nous allons à la recherche de termes enfouies au fin fond de notre tête ! »

 

Valérie Zgheib

 M3- Traducteur Rédacteur