L’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) a accueilli, à l’Auditorium François S. Bassil du Campus de l’innovation et du sport, rue de Damas, le financier et chercheur spécialiste des risques M. Nassim Nicholas Taleb pour une rencontre sur le thème « Le Liban : de Ponzi au localisme. »
Dans un mot d’accueil, le Pr Salim Daccache s.j., recteur de l’USJ s’est adressé à M. Taleb en l’introduisant « comme personne et comme penseur philosophe de l’économie et de la politique, du calcul des risques et de l’épistémologie des probabilités, bref un Libanais dont nous sommes tous fiers. »
« C’est aussi, ajoute le recteur, pour dire l’une ou l’autre pensée sur ce que vit le Liban comme authentique sursaut national, le plus grand mouvement national unificateur depuis 1943, qui exprime profondément les souffrances et les besoins de notre peuple, et son immense désir de reconstruire notre pays sur de nouvelles bases ; les Libanais ont confirmé, en ce centenaire du grand Liban, leur unité au-delà des clivages régionaux, confessionnels et sociaux », a-t-il ajouté.
« L’USJ, enchaine le Pr Daccache, a toujours été à la pointe du combat pour la promotion de la citoyenneté libanaise au-delà du partage confessionnel et des intérêts politiques manipulant l’appartenance communautaire. C’est notre charte fondamentale qui l’affirme. L'Université ne participe pas et ne prend jamais position dans la lutte pour le pouvoir et que ce soit clair pour tous. Mais elle a le devoir d’établir les "normes" de la vie dans la cité. Un état fort se construit en réunissant nos ressources, nos expertises et nos talents. »
« Après plusieurs jours de réveil, le peuple, bien que déterminé, est dans l’incertitude, mais enraciné déjà dans la volonté du changement et dans la mémoire du martyre ; les entreprises, les banques, la société en général encourent des risques, le système financier est remis en question. C’est dans ce tourbillon improbable que nous accueillons M. le professeur Nassim Nicholas Taleb comme philosophe du hasard et de l'incertitude et expert en mathématiques financières. »
Le Pr Daccache a emprunté dans son discours le terme « Anti-fragile » que Taleb définit comme « la capacité non pas à résister à un choc, mais à en profiter », pour dire que si les Libanais sont « anti-fragiles », ils pourront profiter de cette révolte pour construire un Liban fort.
« Dans votre dernière œuvre Principia Politica, que les plus grandes puissances politiques mondiales adoptent, il s’agit de savoir comment regarder et discipliner la politique à travers la perspective de systèmes complexes et façonner ainsi les processus reflétant de manière ascendante le localisme : partant du citoyen vers l’État », ajoute le recteur de l’USJ.
Et de conclure : « Je ne voudrais pas terminer ce registre de rappels et de proximité avec l’Université Saint-Joseph sans retenir que votre père, le Docteur Najib Taleb, est un ancien de notre Université de 1949 et fut le premier doyen laïc de la Faculté de médecine de l’USJ. Ainsi la boucle est bouclée. Donc vous n’êtes que chez vous Cher Professeur, Ahla wa Sahlan ! »