Ces fléaux qui nous menacent…
Savez-vous que des fléaux cachés nous menacent tous les jours sans qu’on puisse les voir ?
Prenons la pollution par exemple : c’est un phénomène planétaire, qui concerne l’air, le sol, l’eau, les denrées alimentaires et les citoyens ; le Liban ne fait pas exception !
Pour cela, plusieurs équipes de recherche à l’USJ se sont penchées sur cette problématique et le constat semble très lourd.
Les polluants organiques : études réalisées par les chercheurs du laboratoire de nutrition en collaboration avec l’IRI :
Parmi les polluants de l’environnement qui trouvent leur chemin vers l’eau potable, l’air et les aliments, les « Polluants Organiques Persistants » mieux connus sous l’abréviation POPs, dont certains représentent un danger chronique comme les Polychlorobiphényles utilisés jadis dans les huiles diélectriques, les peintures de revêtements des bâtiments, et engendrés également par les incinérations anarchiques de matières synthétiques, et les Pesticides Organochlorés dont l’usage est interdit mais qui continuent à être utilisés illégalement laissant leurs résidus dans l’environnement et finissant par se retrouver dans les produits laitiers, les poissons, les viandes, et même les fruits et les légumes.
Le plus grave c’est qu’on les retrouve également dans le sang humain et dans le lait maternel suite à l’exposition de la population, mais heureusement que jusque-là les taux retrouvés par nos chercheurs restent en deçà des limites liées aux maladies engendrées par ces substances tel que le diabète, les maladies neurologiques, certains cancers etc.
Serum concentrations of selected organochlorine pesticides in a Lebanese population and their associations to sociodemographic, anthropometric and dietary factors: ENASB study.
Serum concentrations of polychlorinated biphenyls (PCBs) in a Lebanese population: ENASB study.
Les bactéries résistantes aux antibiotiques: étudiées par les chercheurs du laboratoire des agents pathogènes en collaborations avec des équipes françaises (Paris V, Limoges et Tours) :
Les antibiotiques, qui, à leur découverte représentait le miracle du 20ème siècle, sont devenus un danger public s’ils ne sont pas bien prescrits, bien utilisés ou bien ce qui en reste est bien géré ?
Les équipes de recherche de l’USJ dans ce domaine se sont penchées sur ce nouveau fléau, chez les malades et dans la communauté, dans l’eau, dans les élevages et dans l’alimentation.
Là aussi, le constat est très lourd à tous les niveaux.
Il y a une dizaine d’années, on croyait que les bactéries multi résistantes aux antibiotiques (BMR, BLSE, SARM et autres) étaient confinées dans les hôpitaux et les centres de soins.
Petit à petit, ces bactéries se sont retrouvées dans la communauté, chez les personnes multi traitées par des antibiotiques pour des infections graves chroniques mais aussi parfois c’était le résultat d’une automédication erronée et inutile chez des personnes qui n’avaient pas besoin d’antibiotiques.
Ainsi, nous avons pu identifier ces bactéries et suivre leur progression au Liban et dans la région. (Voir articles)
Des variations des gènes de résistances de ces bactéries ont pu être détectées suite à l ‘arrivée des déplacées au Liban. (Voir article).
Jusque-là la menace était plutôt limitée et les sources bien identifiées.
A ce propos, le ministère de la Santé a pris ce problème au sérieux et plusieurs campagnes ont été entreprises d’une part, pour limiter l’usage abusif des antibiotiques, et d’autre part, durci le contrôle sur la dispensation des antibiotiques qui doit se faire uniquement par des pharmaciens, sur ordonnance médicale.
Là où le danger n’est plus gérable et demande l’intervention de toutes les autorités concernées tels que les ministères de la Santé, Agriculture, Ressources hydraulique, c’est la contamination de l’eau, des élevages et de la nourriture…
En effet, alertés par des infections à des germes anormalement résistants et de sources inconnues, nos équipes se sont penchées sur ce problème et quelle ne fut pas notre surprise !
Des rivières contaminées : 15 rivières ont été étudiées et les résultats montrent la présence de bactéries multi résistantes et notamment aux derniers nés de la famille des B-lactamines : les carbapénèmes qui représentaient notre roue de secours.
Dissemination of Resistant Bacteria in the Environment in Lebanon
8th Symposium on Antimicrobial Resistance in Animals and the Environment - ARAE 2019
Des élevages contaminés : les volailles et animaux d’élevage, ont souvent un des suppléments nutritionnels ajoutés à leur alimentation et parfois des antibiotiques qui échappent au contrôle des ministères concernés. Comme chez les humains, ces animaux développent forcement des bactéries résistantes aux antibiotiques qu’ils transmettront aux consommateurs de différentes manières. Dans cette étude, 56 fermes de volailles ont été passées au crible. Les résultats ont montré la présence de bactéries résistantes dans 83 % des cas pour certaines bactéries comme Escherichia coli qui est fréquente dans le tube digestif des animaux et des humains.
Antimicrobial resistance of Enterobacteriaceae in poultry in Lebanon
Des centaines d’échantillons de viande, collectés dans les différentes régions du Liban montrent la présence de bactéries résistantes dans la majorité des viandes vendues aux consommateurs avec des profils de résistance variables et dans tous les cas dangereux pour l’homme.
Identification and molecular characterization of β-lactam resistant bacteria in Lebanese retail meat: a prospective 2-year study.
Des animaux de compagnie sources de bactéries résistantes :
Une de nos dernières études concernant les animaux de compagnie, a montré que 20 à 25 % des chiens et chats hébergés dans vos maisons, et en contact avec vos enfants, personnes âgées et moins âgées, sont porteurs de bactéries multi résistantes aux antibiotiques.
Les enjeux du médicament vétérinaire et l’implication du pharmacien dans son circuit au Liban.
Prochainement, nos équipes se pencheront sur les restes des médicaments jetés avec les déchets ménagers ou dans les égouts, qui polluent notre sol et probablement tous les produits agricoles et l’eau.
L’air : Une pollution chronique à Beyrouth
Abboud Maher, Adjizian Gérard Jocelyne, Badaro-Saliba Nada, Farah Wehbeh, Zaarour Rita, Ziadé Nelly.
Un projet pluridisciplinaire, lancé depuis 2004 et qui porte, à l’échelle locale, sur Beyrouth Municipe a montré que la capitale libanaise connait une pollution chronique en NO2 (58 µg/m3, bien au-delà des 40µg/m3 préconisés par l’OMS), Les moyennes annuelles des PM10 dépassent de 175 à 275% la valeur limite fixée par l’OMS et qui est de 20 µg/m3. Les PM2.5 dépassent de 100% le seuil limite des 10 µg/m3. 90% de la population beyrouthine ont une probabilité de 100% d’être exposée à une teneur en NO2 supérieur au seuil admissible de 40µg/m3.
- Une population exposée
Les effets néfastes sur la santé liés à l'exposition à la pollution atmosphérique constituent un défi mondial et préoccupant. Les études récentes sur des épisodes de concentrations élevées de polluants atmosphériques ont mis en évidence la nature dynamique de l'exposition humaine. Afin d’appréhender l’exposition à la pollution sur la santé, il est essentiel de bien comprendre les différents contextes environnementaux dans lesquels évoluent les populations. Actuellement, un projet a pour but d’étudier l’exposition de la population libanaise à la pollution atmosphérique dans deux environnements différents l’un urbain l’autre périurbain.
Analysis of the continuous measurements of Pm10 and PM2.5 concentrations in Beirut Lebanon,
- Rôle des transports aériens
Les transports ont un rôle certain dans la dégradation de la qualité de l’air à Beyrouth. Une recherche sur les activités de l’aéroport de Beyrouth ont montré que l’aéroport impacte non seulement la zone avoisinante mais aussi la capitale libanaise située à 8 km de distance. Une analyse de la qualité de l’air intérieur des locaux de l’aéroport ont montré des teneurs importants en NO2 laissant planer un risque sur la santé des passagers et surtout sur celle des employés.
Identifying the impact of Beirut Airport's activities on local air quality - Part I: Emissions inventory of NO2 and VOCs.
VOC tracers from aircraft activities at Beirut Rafic Hariri International Airport.