Les enseignants du département de philosophie, qui avaient organisé, en mars 2018, une table ronde autour d’œuvres littéraires catalanes, en présence de poètes catalans, ont souhaité poursuivre cette exploration de la poésie et du roman écrits par des auteurs de la Catalogne dans leur langue, en même temps que découvrir de nouveaux aspects de la culture de cette région de l’Europe. C’est pourquoi, dans le cadre exceptionnel des Terrasses de Abdelli (Batroun), une soirée catalane s’est déroulée, le 12 juillet 2019, regroupant des étudiants et des enseignants de philosophie ainsi que de nombreux curieux. A pris, d’abord, la parole Mme Lourdes Godoy (traductrice catalane) qui a axé son exposé sur la présence dans les toiles de Salvador Dali, et tout au long de sa production, des paysages de la Catalogne. Pour sa part, M. Alexis Moukarzel (ancien doyen de la Faculté des Beaux-Arts de l’Université Saint-Esprit de Kaslik) a montré, images à l’appui, que les réalisations architecturales de Gaudi qu’on croit être le fruit d’une imagination débridée reposent, en réalité, sur des calculs mathématiques d’une extrême complexité et précision. Ce sont aussi bien l’interprétation que la composition musicale de Pau Casals que le Dr Georges Haddad a voulu que son auditoire apprécie en lui faisant écouter des extraits de morceaux soigneusement sélectionnés par lui. Auteur de plusieurs ouvrages sur la poésie catalane qui lui ont valu le prix Serra d’or (2014), M. Jad Hatem (enseignant au département de philosophie de l’USJ) s’est livré devant le public, et avec sa participation, à un exercice de commentaire de deux poèmes écrits par des femmes catalanes — dont le très beau « Solitude dévastée » de Montserrat Rodés (voir ci-dessous). Mme Nicole Hatem (chef du département de philosophie) a voulu, quant à elle, montrer comment une Libanaise francophone, de formation philosophique peut recevoir le chef-d’œuvre de Joan Sales, Gloire incertaine, dont l’arrière-plan est la guerre d’Espagne, qui abonde en références à des écrivains français et qui a été considéré comme « une voie d’accès à l’existentialisme » en catalan. Cette première partie de la soirée s’est conclue par des chants catalans interprétés par Asmara accompagnée à la guitare par Pitu Ballart. Dans la deuxième partie de la soirée, les participants ont été conviés à goûter les plats d’un repas catalan traditionnel et à assister à la préparation du fameux Rom cremat.
Chansons catalanes interprétées par la libanaise Asmara
Solitude dévastée
Les montagnes encerclées se sont tues.
Proche l’éternel murmure des astres. La mer
Est morte. Brûlée-incendiée, la plage.
La rotation, pourtant continue. Rien
N’attend rien. La solitude dévastée
Réclame des ruines. Des visages asphyxiés
Renaissent du fond de la boue. Déconcertantes,
De fausses formes se révoltent insolentes ;
Le sec de la terre bout. L’aride lumière
Chevauche à la poursuite de siècles fugitifs.
Montserrat Rodés