Tout en affirmant que les diplômés doivent être « fiers d’avoir opté pour des filières qu’un certain philistinisme juge déphasées ou peu prestigieuses », l’invité d’honneur S.E. M. Salim Baddoura, ambassadeur et représentant du Liban aux Nations Unies à Genève, a prié ces diplômés de la promotion 2019 du Campus des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), de « mettre en évidence les vérités humaines, en empêchant leur occultation » par la toute-puissance de la technicité triomphante.
Ce plaidoyer en faveur de l’importance des sciences humaines a été affirmé le 27 juin 2019, au Campus des sciences et technologies à Mar Roukoz, lors de la cérémonie de remise des diplômes aux 482 étudiants de la Faculté des lettres et des sciences humaines, de la Faculté de langues et de traduction et de l’École de traducteurs et d'interprètes de Beyrouth, de l’Institut d’études scéniques, audiovisuelles et cinématographiques, de l’Institut de lettres orientales, de l’École libanaise de formation sociale, de la Faculté des sciences religieuses, de l’Institut supérieur de sciences religieuses et de l’Institut d’études islamo-chrétiennes, de la Faculté des sciences de l'éducation et de l’Institut libanais d’éducateurs.
« L’Université ne se contente pas de croiser les bras et d’attendre, elle agit ». Ce volontarisme clamé par le Pr Salim Daccache s.j., recteur de l’USJ, fut la réponse la plus adéquate à cette « occultation » décriée par l’ambassadeur Baddoura comme étant « responsable de l’état de désarroi et de confusion dans lequel nous nous débattons », et que le recteur appelle de sa part « vivre dans un environnement chaotique ».
« Cet environnement, explique Daccache, est changeant, imprévisible, où tous les possibles s’équivalent. La deuxième caractéristique d’un tel monde est qu’une petite décision prise à un endroit donné, peut avoir des conséquences considérables à des échelles imprévisibles comme les guerres et les confits. »
« Tout cela, enchaîne le recteur de l’USJ, questionne évidemment la capacité que nous avons à maîtriser notre environnement social et politique. La crise socioéconomique de chez nous témoigne éminemment d’une incapacité politique à gérer nos affaires pour le bien de tous. Nous devons désormais tous apprendre à vivre dans un monde aussi complexe, parfois surprenant, toujours exigeant. Nous avons tenté, pendant votre scolarité à l’USJ et dans vos facultés, de vous en donner les moyens et les outils pour relever le défi d’une telle situation. »
Nour Yazbeck de l’IESAV s’est attardée sur ces « moyens et outils » dans un mot prononcé au nom de la promotion. Pour cette jeune diplômée, « la responsabilité est un mot tellement employé mais qui n'a commencé réellement à prendre son sens pour moi qu’une fois à l'université. En complément du savoir-faire que nous avons acquis durant toutes ces années, a-t-elle ajouté, ce dont j’ai surtout envie de parler ce soir, c’est de cette formation à la vie que nous avons reçue durant notre parcours et de cette capacité à s’auto diriger qui nous a été transmise à l’USJ. »
De son côté, Mme Carole Nehmé, Présidente de l’association des anciens de l’ETIB, a prononcé un mot au nom de la Fédération des Associations des Anciens de l’USJ, dans lequel elle affirme que « dans un contexte économique, social et politique incertain et difficile au Liban et dans le monde, le travail et la solidarité, la foi et la justice restent notre seule sécurité. Professionnalisme donc, solidarité, respect des valeurs humaines, au sein d’une université qui prône les libertés, le pluralisme, l’ouverture et le dialogue, un lieu qui favorise la pensée juste et le droit d’espérer, le courage de changer et d’innover. »
Les théologiens, éducateurs, travailleurs sociaux, linguistes, traducteurs, cinéastes, hommes et femmes de lettres, philosophes, psychologues, historiens, sociologues, géographes, ont ensuite reçu leurs diplômes sous les ovations de l’assistance.