« L’adolescence est le seul temps où l’on ait appris quelque chose »

(Marcel Proust)

 

L’adolescence, cette seconde naissance dont parlait Rousseau dans l’Émile, avec son cortège de remises en question dans un monde riche en stimulations et en contradictions, interroge la famille, le

couple parental, comme la parenté élargie plus particulièrement au sein d’une culture, la nôtre, qui reste, au demeurant, profondément traditionnelle. Il n’est pas nécessaire que tout adolescent se trouve, durant presque une décennie entière, en situation de crise, son développement pouvant correspondre

soit à un registre évolutionnaire tranquille, soit à une trajectoire révolutionnaire plus violente et donc plus inquiétante. Quelque forme que prenne le changement, c’est son caractère brusque et inéluctable qui peut surprendre par la rupture qu’il induit à la suite d’une enfance généralement paisible et d’une scolarité sans difficulté majeure.

 

S’il nous faut comprendre comment l’adolescent aborde lui-même cette phase de son existence et s’il a, pour ce faire, les outils adaptés aux transformations dont il est le théâtre, corps et esprit, il nous faut autant examiner l’état de préparation du couple parental pour accueillir tourmentes et processus de réorganisation psychique. Le dernier livre de l’un des plus grands spécialistes de l’adolescence en Europe, le Professeur Philippe Jeammet, s’intitule justement Pour nos ados, soyons adultes, une sorte d’invitation à plus de maturité et d’ouverture des parents pour accompagner leurs adolescents dans cette démarche singulière d’émancipation et de construction de leur stature psychologique et morale.

 

C’est de l’ensemble de ces problèmes, particulièrement délicats, que débattront les spécialistes qui animent notre huitième journée d’étude, moins pour fournir des recettes universelles que pour inciter à une réflexion innovante, toujours renouvelée, pour soutenir la croissance de nos adolescents dans un pays fortement éprouvé par les fluctuations sociales et politiques et dans une planète elle-même paradoxalement fragilisée à la fois par son expansion et son rétrécissement.