La cérémonie d’ouverture a eu lieu le 13 juin en présence de Son Excellence Pr Hussein El Hage Hassan, ministre de l’Industrie, du Pr Salim Daccache s.j., Recteur de l’USJ, du Pr Dolla Karam Sarkis, Vice-Recteur à la Recherche, du Pr Hervé Sabourin, directeur du bureau du Moyen-Orient, Agence Universitaire de la Francophonie, du Pr Fady Gemayel, Président de l’Association des Industriels libanais qui ont prononcé chacun un mot à cette occasion ; ainsi que d’un parterre d’étudiants, d’enseignants et de cadres de l’Université. Pr Dolla Karam Sarkis, a d’abord pris la parole en soulignant qu’actuellement la priorité est à la recherche qui génère des retombées utiles pour la société, l’amélioration de la vie du citoyen, la santé, l’éducation mais également qui induit un effet levier pour l’économie du pays. « Nous nous retrouvons aujourd’hui, a-t-elle indiqué, pour réfléchir ensemble sur les possibilités de faire profiter l’industrie libanaise de la recherche entreprise dans les universités et vice versa, et surtout pour essayer de tracer une feuille de route de cette collaboration. Il me parait important de poser une question : au fond, quelle est la finalité de l’innovation ? S’agit-il de lancer sans cesse de nouveaux produits pour répondre aux besoins du marché et d’une société de consommation ? ou s’agit-il d’apporter des solutions aux grands défis d’aujourd’hui et de demain posés par le vieillissement de la population, les maladies émergentes, le réchauffement climatique, le manque des ressources naturelles pour ne citer que ceux-ci ? Pour être pratique et aller au cœur du sujet, nous avons choisi de discuter aujourd’hui de trois domaines où nous avons déjà des collaborations limitées université-industrie mais qui sont à développer dans les domaines pharmaceutique, agro-alimentaire et de l’ingénierie. » Et de conclure « pour nous chercheurs universitaires, l’intérêt est au moins double : orienter les recherches dans les universités afin que les résultats soient utiles et aident à résoudre des problématiques rencontrées et posées par l’industrie et la société ; choisir les formations spécifiques à développer sur mesure au niveau des universités libanaises. Cette synergie entre l’industrie et la recherche aboutit en général à la création de pôles d’excellence compétitifs, une étape indispensable de toute politique d’innovation pour coordonner les efforts de recherche, réduire les gaspillages et avoir un rayonnement régional voire international. » Pour le professeur Hervé Sabourin « la recherche n’a de sens que si elle est exploitable et valorisable, que si elle apporte des réponses concrètes aux grands enjeux sociétaux qui traversent notre temps. En d’autres termes, pour arriver à ses fins, la recherche doit avoir des relais forts et efficaces à tous les niveaux de la société et doit aussi servir le monde économique et socio-professionnel » « L’Agence universitaire de la francophonie ne peut que se réjouir de sa participation à cet événement. L’AUF agit pour soutenir un monde scientifique d’excellence au service du développement des sociétés, notamment en faisant valoir et en utilisant les capacités d’expertise et d’innovation de chacun de ses membres et en développant une politique partenariale d’envergure concrétisant l’alliance nécessaire avec tous les acteurs de notre société » a-t-il ajouté. Par ailleurs, Pr Fady Gemayel a affirmé que « le Liban est riche en d’un potentiel humain extraordinaire et créatif, il possède aussi des universités éminentes et pionnières, qui encouragent la recherche et le développement stratégique auxquels nous aspirons. » Il a insisté sur des axes concrets de recherche qui existent réellement « le premier est celui qui permettrait d’accéder plus encore aux marchés internationaux les plus exigeants et le deuxième axe concerne les procédés de fabrication où beaucoup d’opportunités se présentent : remette nos machines à jour, profiter de l’hydraulique, de l’électronique et de la pneumatique » Et de conclure : « il faudrait commencer par créer des collaborations concrètes pour entrainer une dynamique d’action qui favorise « la recherche ». L’USJ a pris l’initiative. Nous nous engageons à poursuivre le chemin. » De son côté, Pr Salim Daccache s.j., a remercié le ministre de sa présence « En vous accueillant parmi nous comme ministre d’un des secteurs les plus résistants de notre pays, je veux dire l’entreprise et l’Industrie, c’est pour réfléchir ensemble comment aligner la responsabilité académique et sociale de l’Université sur les besoins et les stratégies de l’entreprise industrielle libanaise et comment inciter les dirigeants de cette entreprise à collaborer avec l’Université afin d’entrer dans une logique d’innovation et de créativité et à améliorer ses produits dans le sens d’une responsabilité sociale commune. » Il a aussi présenté l’état de la recherche à l’USJ quoique’ayant « bien voulu annoncer les progrès bien avancés de la recherche à l’Université Saint-Joseph depuis que le Code l’Enseignant chercheur cadré a réservé, depuis deux ans déjà, une part appréciable de l’engagement de chacune et de chacun à la recherche, une part appréciable aux projets individuels ou collectives de recherche scientifique. » « Les derniers chiffres publiés par « scopus » et l’étude faite par QS (Quacquarelli Symonds World University Rankings), en vue du ranking arabe où nous sommes classés 17e sur 800, et international, montrent que nous avons encore du travail à faire, que le nombre de papiers publiés en interne et surtout en externe est insuffisant par rapport au nombre d’enseignants cadrés et le total de plein temps d’enseignants qui est de l’ordre 860 membres. De ce fait, le jury de classe nous dit qu’il nous faudra redoubler d’efforts et que ceux et celles qui sont cadrés se mettent à l’œuvre au moins pour deux raisons : d’après les règles du code et même d’après les règles gouvernementales, il n’est plus possible de profiter d’une promotion ou d’un renouvellement de contrat si la personne n’a pas publié ce qui est pertinent ad intra et ad extra. De même, il devient impératif d’avoir plus de professeurs et de professeurs associés pour diriger et superviser des doctorats, ce qui rend les publications en fonction de la recherche scientifique bien nécessaire et désirable si nous volons que nos cinq écoles doctorales soient opérationnelles comme il faut. J’ajoute que la bonne accréditation en 2018 sera conditionnée, elle aussi, par le degré d’implication de l’USJ dans la dynamique de la recherche. » a-t-il précisé. Enfin Pr Hussein El Hage Hassan, a dit soutenir « le rapprochement entre l’Industrie et l’Université, un rapprochement qui a pour grand but la collaboration dans le choix des sujets de recherche et leur valorisation dans le secteur industriel. Mais malheureusement ce n’est pas le cas actuellement. Ce n’est la faute des universitaires ou des industriels, mais de l’Etat libanais. Pourquoi ? Depuis plus que 20 ans, les personnes qui décident des politiques économiques sont les responsables des résultats négatifs. Récemment, la Banque mondiale a publié un rapport qui analyse notre économie, et dans lequel il accuse les autorités de créer une réalité négative concernant l’industrie et l’agriculture. Résultat d’une politique qui pensait que la signature des accords commerciaux avec l’étranger va encourager les exports, mais c’est l’inverse qui s’est passé. » et d’insister sur le fait que « le potentiel humain pour la recherche est plus grand, proportionnellement, que l’économie. Si on demande à toutes les universités de faire de la recherche, ils vont se trouver dans une impasse concernant les débouchés des résultats de ces recherches. Les moyens d’investir ces résultats dans l’industrie n’existent pas. Pour le faire, notre industrie doit présenter 20% de notre GDP, ce qui n’est pas le cas. Le volume monétaire est plus grand que le volume de l’économie. »