Inauguration de la Chaire de l'éducation à l’éco-citoyenneté et au développement durable de la « Fondation diane »
L’inauguration de la Chaire a eu lieu le 6 mai 2016 au Campus de l'innovation et du sport
L’inauguration de la « Chaire de l’éducation à l’éco-Citoyenneté et au développement durable (CEECDD) » de la « fondation diane » à l’USJ, a eu lieu le 6 mai 2016 à l’Auditorium François S. Bassil du Campus de l'innovation et du sport (CIS) de l'Université Saint-Joseph, rue de Damas. Et ce, en présence du Pr Salim Daccache s.j., Recteur de l’Université Saint-Joseph, de S.E. M. Emmanuel Bonne ambassadeur de France au Liban, du Pr Fadi el Hage titulaire de la Chaire en éducation à l’éco-citoyenneté et au développement durable, S.E. M. Ghassan Salamé, Mme Diana Fadel fondatrice et présidente de la « Fondation Diane », M. Nicolas Hulot journaliste, écrivain et fondateur de la « Fondation pour la nature et l’homme » et Mme Fadia Kiwan, professeur des sciences politiques et directrice honoraire de l’Institut des sciences politiques de l’USJ.
À cette occasion, Pr Salim Daccache s.j., a d’abord pris la parole et s’adressant à Mme Diane Fadel, il a indiqué : « Votre projet de Chaire ne fut point le produit d’une imagination de l’esprit ou d’un copiage d’une idée luxueuse rencontrée sur les trottoirs de New York. Évidemment, vous avez dû observer longuement le terrain et mesurer les besoins d’éducation à la citoyenneté et d’enseignement au développement durable d’une génération qui est souvent en manque de repères de citoyenneté, de cette aptitude à se comporter selon le régime des droits et des devoirs. »
Et s’adressant au titulaire de la Chaire M. Fadi el Hage et aux invités, Pr Daccache a souligné « la nécessité de mettre les jeunes et les enfants dans l’épreuve d’être citoyen et porteur du sens civique. » et d’ajouter : « je voudrais mettre l’accent, dans le contexte libanais, sur l’éducation à la citoyenneté sans éco et sur les valeurs pratiques de la citoyenneté afin de contribuer à l’émergence de nouvelles générations engagées pour de bon dans le processus, allant du respect du bien commun, l’approfondissement du sens de l’État, l’approche critique positive des problèmes, la capacité de choisir démocratiquement suivant sa conscience et non selon ses appartenances aveugles, la réconciliation avec la politique comme service, le respect des droits et des devoirs civiques et citoyens par chacun et de chacun, la militance contre la corruption et le changement de son regard sur la fonction publique »
« Je ne peux que souhaiter à la Chaire de développer une partie substantielle à l’avantage de cette thématique dont nos écoles ont bien besoin pour former des générations acquises à l’idée de la citoyenneté comme voie nécessaire pour fonder le vivre-ensemble et consolider l’idée de l’État. Rappelons-nous que l’un des motifs du départ des jeunes et des adultes de notre pays n’est pas motivé seulement par des raisons économiques ou politiques, mais surtout par le manque d’État et de respect du bien commun. » a-t-il conclu.
De son côté, M. Ghassan Salamé a d'abord salué la Fondation Diane qui a pris l’heureuse initiative d’établir cette Chaire de l'éducation à l'éco-citoyenneté et au développement durable et a félicité l'Université Saint-Joseph, son Alma mater, pour l'avoir accueillie dans ses vénérables murs et a souhaité une vie longue et une activité intense à la nouvelle chaire.
« Etre citoyen c’est ne pas rechigner à participer aux consultations électorales; Etre citoyen c’est considérer l'élu national ou local comme redevable de son mandat, digne ou au contraire indigne d'être maintenu à son poste en fonction de sa fidélité au programme sur lequel il s'était engagé ; Etre citoyen c’est reconnaître l'importance de la ligne de partage entre le privé et le public et donc ne pas admettre que le domaine public soit soumis aux intérêts privés ; Etre citoyen c’est croire au concept fondateur du contrat social et accepter qu'on ne puisse rien demander à l'Etat si on ne lui donne pas en retour sa loyauté active ; Etre citoyen c’est reconnaitre que l'Etat n'est pas une simple vache à lait dont les groupes organisés se partagent les ressources ; Etre citoyen c’est être solidaire des autres, de tous les autres, et c’est donc faire prévaloir le lien volontaire qui nous lie à tous nos concitoyens sur les vieilles affiliations dont nous sommes simplement héritiers ; Etre citoyen enfin c’est considérer la propreté de sa ville ou de son village comme une extension de la propreté que nous exigeons dans notre domaine privé » a-t-il précisé
Et de souligner « qu’éduquer à la concitoyenneté c’est tout un devoir que nous avons bien tardé à assumer, une obligation que nous n’avons ignorée qu’à nos propres dépens, une urgence que nous ne devons plus reporter. Il en va de notre présent misérable à plus d’un égard, et il en va aussi de l’avenir de nos enfants. Une telle éducation devrait à mes yeux avoir l’ambition d’altérer, et en profondeur, trois rapports fondamentaux de notre existence : à la politique, au temps et à l’espace. » concluant qu’ « éduquer à la citoyenneté n’est donc guère une invitation à la passivité ou à la résignation mais bien un encouragement à l’indignation, à l’action, et parfois même à la révolte. Si nous avons accepté de vivre dans un Etat paralytique, dans un espace pollué, dans le brouillard des valeurs, nous n’avons aucun droit de transmettre cette résignation aux générations futures. Si nous avons perdu l’envie de changer le monde, nous n’avons pas le droit de les empêcher de s’y essayer. Nous devons, au contraire, tout faire pour les y encourager. J’espère pour ma part qu’ils n’attendent pas notre autorisation. »
Par ailleurs, Mme Diana Fadel a remercié le Recteur d’avoir hébergé la chaire au sein de l'Université Saint-Joseph et a souhaité la bienvenue « à nos 2 champions de la confrontation : Son Excellence Ghassan Salamé, votre confrontation actuelle avec les traditions débilisantes et débilitantes de notre pays qui ne veulent pas donner à la compétence et à l’honnêteté leurs lettres de noblesse. M. Nicolas Hulot, si la fondation diane se considère une goutte de plus dans l’océan de l’écologie vous vous êtes la vague qui prend tout sur son chemin. Vous avez parcouru le monde et l’avez mis au pas par votre engagement total. »
Puis elle a expliqué que « La fondation a donc pour but d'éveiller les Citoyens sur ce qui se passe dans leur pays et de leur montrer comment le sauvetage du Liban et la sauvegarde de leur vie, oui, la sauvegarde de nos vies passe par le DED. Cette fondation qui a été conçue il y a 4 ans et créée il y a 1 an exactement ne prévoyait pas une aussi grande crise que celle des déchets. Et ce que nous avons tous vécu ces derniers mois n’a fait que nous conforter dans notre démarche. Pour ceci nous avons créé 3 volets qui se complètent : la création de la Chaire, car l'éducation est à la base des changements de mentalités. Nous avons aussi créé notre Do Tank : nous supportons stratégiquement et financièrement des entreprises qui rendent à César ce qui est à César , César étant la nature dans ce cas-là, c'est-à-dire rendre à la nature d'un côté, ce qu'elle leur donne de l'autre. Qui ne s'enrichissent pas en la dévorant et laissant trainer des macchabées de toutes espèces derrière eux. Qu'ils rétrocèdent à leurs descendants ce qu'ils ont reçus eux-mêmes de leurs pères en ressources naturelles. En résumé nous voulons prouver avec eux que développement, profit, et respect de l'environnement peuvent aller de pair. Les "Citizen Café" pour développer une communauté de citoyens conscients et responsables et où se retrouver pour sceller un pacte de citoyenneté autour des valeurs de l'environnement, débattre de problèmes d'actualité, s'informer auprès d'experts, découvrir de nouvelles idées appliquées, partager les problématiques d'entreprises nouvelles, bref reprendre des forces en puisant les uns chez les autres plus de connaissance, d'idées nouvelles, de motivation et d'énergie pour parcourir les chemins verts qui s'ouvrent devant nous. »
Ensuite Pr Fadi el Hage a précisé que la mission de la Chaire s’articule autour de 6 axes : Mettre en place des formations pour les écoles, les universités, les entreprises les administrations publiques et les ONG. Il est à noter qu’un projet de formation de 80 enseignants est déjà en cours dans un établissement libanais. 1200 élèves participent actuellement à l’élaboration de projets éco-citoyens et environnementaux. Une exposition est prévue pour la journée internationale de l’environnement, en juin 2016 ; Stimuler la recherche en gérant et en finançant des projets et en collaborant avec des chaires et des structures internationales. Nous octroyons des bourses annuelles de recherche pour des étudiants inscrits en Master et en Doctorat - un projet de collaboration entre les élèves du secondaire et les municipalités est en cours de construction ; Organiser des évènements scientifiques, comme notre rencontre d’aujourd’hui ; Assurer une communication efficace, via les médias, Internet et les réseaux sociaux ; Concevoir des activités de sensibilisation auprès des adultes et des jeunes. À titre d’exemple, un concours photos a été lancé auprès des élèves et des étudiants. Les noms des lauréats seront d’ailleurs annoncés ce soir ; Constituer un carrefour de rencontres entre toutes les structures nationales qui s’intéressent à ces questions.
Et d’ajouter : « Sans entrer dans les détails ardus des thématiques concernées par le développement durable, il nous suffit de comprendre le concept clé de cette vision : tout ne peut pas continuer comme avant, il faut remédier aux insuffisances d’un modèle de développement axé sur la seule croissance économique en reconsidérant nos façons de faire, compte tenu de nouvelles priorités. Il faudrait donc : maintenir l'intégrité de l'environnement, assurer l'équité sociale, viser l'efficience économique pour créer une économie innovante et prospère, écologiquement et socialement responsable. Mais qu’en-est-il de la situation au Liban ? Que faire pour promouvoir des réflexes et des prises de décision responsables et réfléchies chez les jeunes, les adultes et les décideurs ? Quel est le rôle de l’éducation ? Comment passer du modèle « d’enseigner » par des listes d’interdits et des discours moralisateurs à celui « d’éduquer à », selon une approche holiste, participative et globale permettant de former des êtres libres, engagés et responsables de leurs choix ? C’est à toutes ces questions et à tant d’autres que nos éminents conférenciers et intervenants tenteront de répondre. »
Mme Fadia Kiwan a d’abord introduit la citoyenneté telle que vue à travers l’histoire et s’est penchée sur les axes suivants : Liberté, égalité et participation, trois compagnons de route de la citoyenneté, échec des tentatives ?, L’évolution contemporaine du concept : de la citoyenneté nationale à la citoyenneté globale, à la citoyenneté civisme, Enjeux Libanais de la citoyenneté ; L’urgence d’une citoyenneté-civisme. L’écocitoyenneté peut-elle rassembler les Libanais ?