Nouveaux Regards sur le Liban en Guerre 1975-2015

Colloque
du 20 au 23 Octobre 2015
Amphithéâtre Walid Ben Talal - Espace Science Politique - 5ème étage - Bâtiment A - Campus des sciences sociales
Collaborateurs
  • Institut Français du Proche-Orient


L’histoire a retenu le 13 avril 1975 comme une date charnière où le Liban s’engageait dans un long cycle de violences, dont les séquelles sont encore manifestes. Quarante ans plus tard, ce colloque international est l’occasion de s’interroger à nouveau sur cette « guerre civile » : à la fois en rendant hommage aux travaux de référence qu’elle a suscitée, mais aussi en s’intéressant aux dernières recherches sur la question, il s’agit d’interroger la possibilité de porter de nouveaux regards sur la guerre, voire d’écrire des histoires du conflit libérées en partie des passions mémorielles. Face aux multiples acteurs et projets concernés par l’écriture de cette histoire, ce moment de réflexion ne peut se limiter à un simple colloque universitaire. Notre perspective croise en réalité de multiples préoccupations et soulève des questions qui continuent à structurer le débat public au Liban : les disparus, les déplacés, l'enseignement de la guerre, la transmission de mémoires, etc. Nous proposons donc d’organiser une rencontre à plusieurs facettes (colloque, conférences, débats, projections de films, et expositions d’œuvres). Il s’agit d’une part de revenir sur l’historiographie particulière de la guerre civile libanaise, en tentant d’identifier et de combler certains angles morts de la connaissance, d’explorer de nouvelles problématiques et de poser la question de ses sources. Pour des raisons liées aux enjeux politiques de la guerre, l’écriture d’une histoire du conflit a longtemps été entravée par une politique du silence et du déni adoptée tacitement par les instances officielles. Qu’en est-il aujourd’hui ? Cette politique est-elle constante depuis 1990 ? Et comment se traduit-elle sur le terrain de la recherche ? L’universitaire et le chercheur parviennent-ils à échapper aux enjeux mémoriels et approches passionnées du conflit ? C’est en faisant dialoguer des travaux produits par différentes générations de chercheurs, artistes, intellectuels mais encore acteurs de la société civile (ceux qui ont écrit dans la guerre, après la guerre et aujourd’hui) que nous tenterons de répondre à ces questions, en choisissant d’axer l’échanger sur les conditions d’écriture, sur les effets de points de vue générationnel et leurs contraintes. Ce travail sera exemplifié tant par des débats sur le Journalisme en guerre, les Arts et la guerre ou les Mobilisations contemporaines autour de la guerre que par la mise en perspective du travail de la génération qui a connu directement la guerre et de jeunes chercheurs. Ces derniers abordent en effet des sujets souvent jugés « minés », déplacent l’analyse sur des terrains géographiques et temporels moins étudiés, et revisitent l’histoire politique, intellectuelle, et sociale de ces quinze années. Loin d’être centré uniquement sur le Liban, cet événement est l’occasion d’autre part de contribuer à la réflexion contemporaine sur les conflits au Proche-Orient et sur les guerres en général. C’est l’occasion d’une mise en perspective de ces conflits libanais, qui ont été analysé parfois seulement avec un regard particulariste plutôt que comparatiste. La confrontation entre les témoins de la guerre libanaise et ceux qui examinent aujourd’hui l’actualité régionale a été jusqu’ici très limitée, alors qu’elle pourrait s’avérer d’un grand intérêt sur un double plan heuristique et réflexif. En effet, ce colloque offre la possibilité de réfléchir aux pratiques de recherche des spécialistes de sciences sociales qui vivent ou ont vécu de manière contemporaine différents conflits au Moyen-Orient, sur l’évolution de ces pratiques d’une expérience à l’autre (évolution des conditions d’un travail de terrain, du cadre disciplinaire et théorique, etc.). Ce sera l’occasion d’aborder les temporalités de l'analyse d’un conflit ou d’une crise, l’articulation entre les analyses « à froid » et leur recul intellectuel, avec celles plus immédiates, « à chaud » avec un vécu plus direct du conflit.