Quinze étudiants de l'Institut des sciences politiques de l'USJ (ISP) ont passé la journée du dimanche dernier au centre éducatif al-Ihsan instauré par Relief and Reconciliation for Syria (R&R) à Sahel Arqa, dans le Akkar. L'objet de leur visite ? Participer à l'inauguration d'une mini-bibliothèque pour enfants et prendre part à la grande kermesse du printemps organisée pour les enfants réfugiés syriens. Plus de 500 livres ont été collectés par les étudiants et offerts, avec d'autres fournis par R&R, branche de Dubaï, pour la constitution de la bibliothèque.
« Le but de cette activité est de sensibiliser sur le droit fondamental à l'éducation qui est essentiel pour prévenir la radicalisation », indique Carole Alsharabati, directrice de l'ISP. Et d'ajouter : « Les étudiants ont expérimenté l'aide humanitaire une première fois en collectant des vêtements et des chaussures pour les réfugiés, à la suite de quoi ils ont décidé de s'investir dans l'éducation, élément essentiel à tout développement. » Elle observe toutefois que « la jeunesse libanaise ne s'engage pas beaucoup dans l'aide aux réfugiés syriens, probablement à cause de préjugés ». « Preuve en est que certains étudiants n'ont pas accepté de participer à la collecte d'habits pour les réfugiés syriens menée au premier semestre », souligne-t-elle.
Couleurs et émotions
Les jeunes ont pris part à de nombreuses activités : des représentations théâtrales, des performances musicales et des danses encadrées par des volontaires du réseau d'activistes « Decostamine » qui œuvre pour rapprocher les Libanais et les réfugiés syriens, ainsi que des jeux éducatifs et ludiques proposés par les étudiants de l'USJ.
Hiyam Moukheiber a 13 ans. Elle est l'une des premiers enfants accueillis au centre. Atteinte au bras par un éclat d'obus, elle a été opérée au Liban grâce à l'association Relief and Reconciliation for Syria. La jeune adolescente a récité un poème dédié à son père qui a perdu la vie dans la ville de Qousseir. Sa réponse à la question « qu'est-ce que cette journée t'a offert ? » ne se fait pas attendre : « Le sourire qu'on a dessiné dans nos cœurs explique tout. Nous nous sommes beaucoup amusés », lance-t-elle, enthousiaste.
Les interactions avec les enfants ont marqué les étudiants impliqués. Ali Kantari, étudiant français d'origine libano-syrienne en master 1, qui effectue un échange académique à l'USJ, confie : « Nous avons passé un très bon moment avec les enfants. Nous sommes fiers de leur avoir apporté de la joie et du bonheur, et de leur avoir offert une bibliothèque. » Gabriella Jabbour, étudiante libanaise en troisième année de sciences politiques, acquiesce : « C'était une expérience inoubliable. Une journée de partage qui m'a changée et libérée de mes préjugés envers les réfugiés syriens au Liban. »
Des milliers d'enfants non scolarisés
« Relief and Reconciliation for Syria est une association composée de volontaires issus de différentes régions du monde et qui se sentent concernés par ce qui se passe en Syrie et au Liban. Nous nous investissons profondément dans l'avenir des jeunes en nous concentrant sur l'éducation sans distinction de communautés », explique Friedrich Bokern, président de la branche internationale de R&R.
« Plus de trois quarts des enfants syriens réfugiés au Liban n'ont toujours pas trouvé une place à l'école. Outre les aides financières qui leur sont procurées, il faut aussi les impliquer dans les activités qu'on organise », poursuit-il. Établi il y a deux ans, le centre éducatif al-Ihsan assure des cours pour environ 400 élèves de 5 à 15 ans dans la journée, et offre des ateliers pour adolescents et jeunes adultes l'après-midi donnés par de jeunes volontaires. Cheikh Abdo, directeur du centre, précise : « Nous avons préparé la fête en 15 jours, pour prouver au monde que les enfants des réfugiés syriens sont prêts à produire et à briller en toute circonstance. » Et d'ajouter : « Je tiens à mentionner que nous sommes très reconnaissants envers les étudiants de l'USJ pour leur contribution. »