Un nouveau diplôme à l’USJ en partenariat avec Bioforce

L’École libanaise de formation sociale (ELFS) de l’USJ a conclu un partenariat avec l’institut français afin de renforcer les capacités des organisations libanaises pour mieux répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain.
Jeudi 6 février 2025

OLJ / Par Lamia SFEIR DAROUNI, le 6 février 2025

« Aider, cela s’apprend, mais l’élan du cœur ne suffit pas. » Ce credo, lancé il y a 40 ans par Bioforce, repose sur la conviction profonde que « s’occuper des plus vulnérables n’est pas qu’une vocation, c’est un vrai métier ». Aujourd’hui dans le monde, 362 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire. Les crises complexes se multiplient, notamment dans la région du Moyen-Orient. Au Liban, face à l’effondrement de l’État, les organisations locales de la société civile sont particulièrement sollicitées pour répondre aux crises successives et apporter de l’assistance aux populations de plus en plus vulnérables, explique la directrice de Bioforce Dorothée Lintner, en présentant les enjeux du nouveau diplôme universitaire (DU), « Crises humanitaires, solidarités et coopération internationale », lancé à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) et codélivré par l’Institut Bioforce. « Il faut donc donner le pouvoir d’agir aux humanitaires avec efficacité, qualité, professionnalisme et responsabilité afin de garantir l’accès à une aide adaptée et de qualité pour ces populations vulnérables. Cela implique le développement professionnel de chaque travailleur du secteur, tant en termes de compétences et de comportement que de motivation personnelle, trois dimensions clés pour une aide efficace et pérenne. » Convaincue qu’il est essentiel de travailler avec un partenaire libanais qui reconnaît l’excellent niveau d’éducation présent au sein de certaines franges de la population, notamment dans la société civile, Bioforce a décidé de signer une coopération académique et professionnelle avec l’Université Saint-Joseph de Beyrouth . « Réputée pour sa qualité académique et la recherche qu’elle est capable de produire, l’USJ est la plus apte à faire comprendre les standards internationaux de l’aide humanitaire tels que véhiculés par Bioforce et à les adapter au contexte libanais mais aussi régional », affirme la directrice de l’Institut.

Concevoir et piloter un projet humanitaire

Financé par la direction internationale de la Coopération monégasque, ce projet pilote vise à renforcer l’expertise humanitaire au Moyen-Orient et à permettre aux acteurs locaux d’apprendre à mieux gérer les crises qui frappent régulièrement la région. « La première promotion, qui a débuté au mois de septembre dernier, s’achèvera en mai », explique la directrice. Étalé sur un an, ce DU de 200 heures s’adresse à tout étudiant qui possède une licence ou un master en sciences politiques, sciences humaines, gestion, ou sciences sociales, etc. ou encore à des professionnels qui ont accompli six mois dans le secteur humanitaire ou qui possèdent un projet professionnel assez clair et voudraient renforcer leurs compétences pour pouvoir construire une aide efficace et suffisamment pérenne dans la durée », explique Mme Lintner. « Tous les cours se donnent le soir, en présentiel et en session virtuelle, en langue anglaise, pour permettre aux personnes qui travaillent de pouvoir y participer », précise-t-elle. « Les cours seront dispensés par des professeurs référents de Bioforce, principalement des humanitaires expérimentés dans les pratiques d’intervention et maîtrisant leurs enjeux, mais également par des formateurs de la région présents sur le terrain. Cette formation est développée en étroite collaboration avec les ONG afin de s’adapter en permanence aux réalités du terrain », précise encore la responsable. Les étudiants apprendront à analyser une situation de crise et son impact multidimensionnel sur les individus, la société et l’État. Ils apprendront également à construire des projets de développement basés sur la solidarité, le partenariat et la coopération internationale, ainsi qu’à gérer les finances de manière intègre et transparente vis-à-vis des financeurs du programme. Ils étudieront aussi la gestion des équipements en place et les questions liées à la sécurité, depuis l’acheminement des aides et des chaînes d’approvisionnement jusqu’à leur distribution efficace vers les régions et les populations en crise (médicaments, couvertures, denrées alimentaires, etc.). « Très souvent, la distribution de ces aides peut être extrêmement dangereuse et dégénérer en bousculade face à une population en détresse qui a faim. Les étudiants apprendront donc les gestes, mais également les postures nécessaires pour bien gérer ces tensions, tenir le coup et être très vigilants sur soi et sur les autres, poursuit Mme Lintner. C’est pour ces raisons que Bioforce insiste beaucoup sur le savoir-faire et le savoir-être. » Parallèlement, des rencontres seront organisées avec les employeurs potentiels et un certain nombre d’ONG libanaises afin de créer des passerelles et ouvrir de nouveaux horizons aux étudiants. « Ce diplôme n’est qu’un aspect d’une activité plus large que nous commencerons à mettre en place à partir de cette année, souligne Mme Lintner. Et de préciser : « Nous avons décroché des financements de l’Agence française du développement, ouverts à toutes les associations libanaises sur le territoire, qui vont nous permettre d’entreprendre des actions complémentaires à ce DU, notamment la création de campus éphémères, qui sont des formations beaucoup plus courtes et qui s’étalent sur une semaine, pour créer des réseaux et renforcer la coopération et les compétences, ainsi que l’octroi de bourses universitaires aux étudiants. » Dorothée Lintner conclut : « Une ONG ne tient dans la durée que si elle est bien gérée. Au moindre problème ou scandale, l’association perd ses financements et peut disparaître. Il est donc essentiel que cette organisation ait une colonne vertébrale très solide, qu’elle soit extrêmement transparente pour être pérenne et continuer dans la durée. »