C’est avec une grande douleur que nous avons appris le décès de S.E M. Georges Corm, enseignant à l’Institut des sciences politiques de l’USJ. Le Professeur Corm figure indéniablement parmi les plus éminents penseurs du Proche-Orient. Dès l'âge de 24 ans, à peine sorti des bancs de l'Institut d'Études Politiques de Paris (1958-1961), il se distingue par un pamphlet incisif sur les politiques économiques et de planification en cours, alors que le pays s'engage dans un ambitieux processus de modernisation.
Cinq années plus tard, sa thèse de doctorat intitulée « Contribution à l’étude des sociétés multiconfessionnelles ; effets socio-juridiques et politiques du pluralisme religieux » lui vaut la distinction de la Faculté de droit de Paris (1969), consacrant ainsi son génie analytique.
Auteur prolifique, ses ouvrages, traduits en plusieurs langues, témoignent de la profondeur de sa réflexion. Parallèlement, il a rédigé de nombreuses études et articles économiques, sociaux et politiques, qui ont trouvé place dans des revues scientifiques arabes et internationales de premier plan.
Ministre des Finances sous le gouvernement du Premier ministre Salim Hoss de 1998 à 2000, Georges Corm a également servi comme consultant économique auprès de diverses organisations internationales de développement.
Ardent connaisseur du monde arabe, Georges Corm n’en demeure pas moins un homme de la Méditerranée, naviguant avec aisance entre les cultures d’Orient et d’Occident. Intime de la Nahda tout autant que de la pensée européenne, il a su consacrer à ces univers des ouvrages qui reflètent non seulement sa fascination, mais aussi sa capacité à prendre du recul, n'hésitant pas à exprimer son désarroi face à un Occident qu'il percevait avec une lucidité désenchantée.
Aujourd’hui, c’est donc une grande figure de l'intellect et un homme profondément engagé au service de son pays et de l'humanité en devenir que nous perdons.