Cérémonie de remise des diplômes aux étudiants de la FDSP, de l’ISP, de la FSE, de la FSedu, de l'ILE et de l’AFC-2024

Vendredi 19 juillet 2024

La Faculté de droit et des sciences politiques (FDSP), l’Institut des sciences politiques (ISP), la Faculté de sciences économiques (FSE), la Faculté des sciences de l’éducation (FSedu), l’Institut libanais d’éducateurs (ILE) et l’Académie de la formation à la citoyenneté (AFC) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) ont célébré, le 19 juillet 2024, la cérémonie de remise des diplômes aux étudiants en licence, masters et doctorats. L'événement s'est tenu au Campus des sciences médicales de la rue de Damas, sous le slogan « Sur le chemin des 150 ans… vous êtes les gardiens de notre héritage et les bâtisseurs de notre avenir. »

Le Pr Salim Daccache s.j., recteur de l'USJ, a ouvert la cérémonie en exprimant sa joie et sa fierté d'accueillir l’invité d’honneur M. Walid Rasamny « un Libanais bien de chez nous, connu comme homme d'affaires dans plus d'un domaine, dont la présence nous honore et fortifie notre marche dans la voie de la reconstruction d'un Liban des valeurs et de la terre ferme », avant de s'adresser directement aux diplômés en ce jour « qui est celui de la victoire du Liban sur l’ignorance et l’obscurité, du Liban de la paix, du vivre-ensemble, de la souveraineté et des libertés. »

Daccache a rappelé les défis surmontés par les étudiants, notamment la pandémie, la crise économique et l'explosion du port de Beyrouth. Il a souligné l'importance de la persévérance et de la détermination, tout en incitant les diplômés à poursuivre leurs idéaux avec courage et audace. Il a également insisté sur l'importance de l'éducation jésuite qui forme des individus conscients de leurs responsabilités sociales.

« Vous, les juristes, a poursuivi Daccache, je vous invite à retrouver les fondements du droit et de la justice pour notre peuple humilié et souffrant. La politique doit être réhabilitée comme art de servir en conscience tous les citoyens de la République. Les économistes ont un rôle bien important pour changer un système économique chaotique en un système humaniste, qui réponde aux besoins du pays et à son rayonnement. Et les éducateurs sont appelés à sauver notre système éducatif en maintenant un niveau bien avancé, fondé sur l'acquisition de tout élève et tout étudiant des compétences spécifiques et transversales, et ainsi redorer la mission du Liban de l'éducation, de la culture et de la santé. »

« Aux diplômés de l’Académie de formation à la citoyenneté, ajoute-t-il, je dirais que votre formation fait de vous, surtout en ces moments où le Liban perd ses repères, des témoins et des missionnaires de droiture contre la corruption, de démocratie contre la médiocrité, de vivre ensemble contre les murs de haine et du souci de réforme et de transformation sociale. »

« Soyez reconnaissants envers ceux qui ont contribué à votre éducation et n'oubliez jamais l'importance de redonner à la communauté qui vous a soutenus » a-t-il conseillé. Il a aussi mis en lumière l'importance des réseaux d'anciens étudiants et encouragé les diplômés à maintenir des liens forts avec leurs collègues et leur Alma Mater.

« De la 149e année de la fondation de votre Alma Mater, a continué le Recteur en s’adressant aux diplômés, vous ouvrez largement la porte de la 150e année de votre USJ. Je ne dis pas que nous allons célébrer en ces temps tristes et difficiles, mais seulement nous allons faire mémoire des 150 ans de l’USJ avec les amis, les alumni et toute notre communauté. Nous n'allons pas bâcler cette mémoire, cet anniversaire et ce jubilé comme a été bâclé le centenaire du Grand Liban. Ce Grand Liban, nous l'avions rêvé, nous l'avons réalisé et il sera toujours le Grand Liban que nous voulons, que nous réalisons chaque jour et que nous aimons. »

Ancien étudiant de la FDSP, M. Rasamny est actuellement membre du Conseil d'orientation stratégique de la Faculté de sciences économiques. Il est président de Rasamny Group qui est le représentant exclusif au Liban de plusieurs marques automobiles. De plus, à travers sa société RasGas, il est propriétaire de cinq grandes stations-services à travers le Liban. Il a rappelé, dans son mot, qu’il y a exactement 49 ans, en juillet 1975, il se trouvait dans la même position que les diplômés d'aujourd'hui. Confronté à une guerre civile naissante, il avait décidé de quitter le Liban pour poursuivre un diplôme en droit à l'Université de New York. Il espérait que la situation s'améliorerait d'ici l’obtention de son diplôme, mais cela n'avait pas été le cas.

« Après avoir obtenu mon LLM en 1977, poursuit Rasamny, j'ai travaillé comme consultant juridique, voyageant entre l'Arabie saoudite et la Grèce. Ce poste m'a offert une exposition à de grandes multinationales, mais ce n'était pas ma véritable vocation. En 1981, contre l'avis de mon père, j'ai quitté ce poste pour me lancer dans le monde des affaires, tout en me mariant et en m'installant à New York. Ces décisions ont nécessité beaucoup de courage et ont marqué le début de nouvelles aventures. »

« La raison pour laquelle je partage cette histoire avec vous, a-t-il ajouté, est que, parfois, il faut écouter ses instincts et prendre des décisions audacieuses. Le succès résulte de ces décisions courageuses, prises au bon moment. J'ai toujours voulu que mes enfants partagent les mêmes liens culturels que j'avais dans ma jeunesse. Malgré les encouragements de mes parents à rester à l'étranger, nous avons décidé, en 1994, de retourner au Liban après avoir obtenu la distribution d'une grande marque automobile. Malgré les défis rencontrés depuis, y compris les guerres et les crises, ni ma famille ni moi n'avons regretté cette décision. Gérer une entreprise au Liban comporte des risques particuliers, mais nous avons appris à diversifier nos activités pour mieux résister aux adversités économiques. »

Rasamny a encouragé aussi son auditoire à toujours prendre position contre les injustices et à faire preuve d'empathie envers les autres, peu importe où ils se trouvent. Il les a incités à ne pas rester silencieux face aux mauvaises actions. Pour lui, le succès ne se mesure pas par la richesse matérielle, mais par l'impact positif que l'on a sur sa famille, sa communauté et son pays. Le véritable succès réside, selon lui, dans l'humilité, l'intégrité et le maintien de ses valeurs culturelles et religieuses. Il a rappelé que les auditeurs possédaient déjà de précieux atouts et leur a souhaité de les utiliser pour mener une vie réussie et épanouie. Et de conclure : « Si vous décidez de travailler à l'étranger, ne coupez pas vos liens avec le Liban et revenez toujours. »

À son tour, Maître Georges Mallat, au nom de l’Association des anciens de la FDSP, a adressé ses félicitations aux diplômés, les encourageant à être fiers de leur accomplissement, fruit de leur travail, persévérance et passion. Il leur a rappelé que leur éducation à l'Université ne marquait pas la fin de leur engagement, mais plutôt le début de leur appartenance à un réseau solidaire, dynamique et diversifié qui les accompagnera tout au long de leur carrière et de leur vie. Il les a invités à profiter de l'expérience, des conseils et des opportunités de leurs aînés ayant réussi dans divers domaines, et les a chaleureusement encouragés à rejoindre l'Association des anciens, à rester connectés et à partager leurs expériences et succès.

À l'aube de l'année marquant le 150e anniversaire de l'USJ, Me Mallat a souligné l'importance capitale de leur adhésion à l'Association des anciens. En se lançant dans le monde professionnel, il les a exhortés à se laisser guider par les valeurs de foi, d'intégrité et de service portées par l'Université. Il les a encouragés à être des exemples de compassion et de justice dans toutes leurs actions afin d'assumer pleinement leur rôle dans la société actuelle et future, au service de l'unité, de la solidarité et du message d'espérance pour le Liban.

Mallat a conclu en remerciant les diplômés, leur rappelant l'importance de leur engagement et de leur rôle dans la promotion des valeurs et de l'esprit de l'USJ.

Michael Sakr, étudiant à la FDSP, a exprimé dans son discours son indignation face aux événements tragiques qui secouent le Liban et ses frontières, soulignant les traitements cruels et les attaques contre la société civile qui rappellent des moments sombres de l'histoire de l'humanité. Il a évoqué la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, insistant sur la reconnaissance de la dignité comme fondement de la justice et de la paix. Citant Kant, il a expliqué que la dignité humaine est inestimable et doit être respectée, contrairement aux choses qui ont un prix.

Sakr a critiqué la montée de l’extrémisme et de la violence, soulignant l'importance du rôle des universités et des diplômés de l'USJ pour promouvoir la modération, la raison et la tolérance. Il a précisé que cet appel à la raison ne signifie pas la neutralité, mais est dicté par une vision humaniste de la société. Il a questionné l'existence de l'ordre, de la sécurité et de la justice :« Quel ordre existe-t-il lorsque les armes sont répandues ? a-t-il rappelé Quelle sécurité existe-t-elle lorsque des familles entières sont décimées ? Quelle justice règne-t-elle lorsque les proches des victimes de l'explosion du port de Beyrouth sont appréhendés par les autorités alors que les suspects défient la justice ? Et quelle justice lorsque les responsables des crimes financiers bénéficient de la plus totale impunité ? »

Il a appelé à un combat contre l'impunité pour défendre la dignité humaine, reliant cet objectif à l'édification d'un État de droit garantissant les libertés individuelles et les droits fondamentaux. Enfin, Sakr a souligné l'importance pour les citoyens libanais de consolider les fondations de l'État sur leur territoire, afin de recréer un Liban unifié et juste. Il a affirmé que chaque Libanais doit aspirer à un État où l'égalité des chances et la justice prévalent, et que les diplômés de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth ont un rôle crucial à jouer dans cette renaissance. Ce message, selon lui, doit être porté par tous les citoyens pour assurer un avenir meilleur pour le Liban.

Ensuite Mira Rizk, a prononcé le serment de l’Institut libanais d’éducateurs et Johnny Akkari, doctorant à la FSE, le serment doctoral d’intégrité scientifique. La cérémonie s'est achevée par la remise des diplômes.

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