Conférence « Évaluation et Réforme : jeunesse, confiance, bonne gouvernance et changement transformationnel au Liban »

Jeudi 6 juin 2024

La conférence internationale « Évaluation et réforme : jeunesse, confiance, bonne gouvernance et changement transformationnel au Liban », organisée par l'Observatoire de la fonction publique et de la bonne gouvernance de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ-OFP) en collaboration avec l'UNICEF-Liban, s'est tenue sur le Campus des sciences sociales, en présence d'un grand nombre d'académiciens, de journalistes, de responsables des secteurs public et privé, de représentants de la société civile et d'étudiants de diverses universités libanaises. La conférence a été précédée d'un atelier auquel ont participé de jeunes hommes et femmes de divers horizons et universités, dont les recommandations ont été discutées lors des sessions de la conférence.

La conférence a débuté par une session inaugurale animée par le journaliste Majed Bou Hadir, comprenant des discours du recteur de l'USJ, le professeur Salim Daccache s.j., qui a souligné l'importance de l'éducation dans la construction de la confiance et la réforme au Liban, considérant que les systèmes nationaux d'évaluation sont des outils cruciaux pour atteindre la transparence, la responsabilité et la bonne gouvernance. Il a ajouté : « En évaluant rigoureusement nos programmes et initiatives, nous pouvons reconstruire la confiance à travers notre partenariat avec l'UNICEF-Liban. » Il a également déclaré « que cette conférence, dans le cadre de la Semaine mondiale de l'évaluation, offre une opportunité unique de relier les perspectives mondiales aux actions locales. En apprenant des meilleures pratiques mondiales, nous pouvons aborder plus efficacement les défis et opportunités spécifiques que nous rencontrons. Le thème "Évaluation et changement transformateur : équilibrer ambition et réalisme" résonne profondément avec nos efforts pour impulser des réformes significatives au Liban. Nous sommes particulièrement fiers que le Liban soit représenté à travers cet événement que nous organisons, montrant notre engagement commun envers la citoyenneté et la bonne gouvernance sur la scène internationale. À cette occasion, l'Université Saint-Joseph réaffirme son engagement à être un catalyseur de changement. Nous nous engageons à habiliter notre jeunesse à diriger la voie dans la réforme de notre société et à façonner un avenir meilleur pour tous. En tant que pionniers des réformes dirigées par les jeunes, nous continuerons à soutenir les initiatives qui favorisent la participation active, l'évaluation critique et les solutions innovantes. »

Ensuite, le Dr Lina Ouaidate, coordinatrice des technologies de l'information et de la communication et de la lutte contre le terrorisme auprès de la présidence du Conseil des ministres, a pris la parole pour aborder le rôle du gouvernement dans la conduite du processus de réforme, notant que « l'évaluation nous aide à comprendre l'efficacité des politiques et programmes existants, tandis que la réforme est le processus par lequel nous apportons les améliorations nécessaires pour obtenir de meilleurs résultats. » Elle a affirmé que les jeunes sont l'épine dorsale de l'avenir et que leur confiance dans le gouvernement et les institutions est la pierre angulaire du développement durable, déclarant : « Cela nécessite un engagement réel envers la transparence et la responsabilité, en veillant à ce que leurs voix soient entendues et prises en compte dans la prise de décision. »

Monsieur Imran Riza, coordinateur résident des Nations unies au Liban, a ensuite prononcé un discours sur le rôle de l’ONU dans le soutien au Liban, soulignant que cette conférence constitue un moment important dans la trajectoire du pays vers un avenir meilleur. Il a souligné l'importance de la participation inclusive de tous les segments de la société dans l'évaluation des besoins et l'identification des points forts, affirmant que « l'évaluation permet au gouvernement d'aller de l'avant en apprenant des erreurs passées et contribue à construire un développement durable. » Il a expliqué que « les Nations unies ont adopté de nombreuses politiques et objectifs ambitieux, mais le véritable défi réside dans l'application réelle et efficace de ces politiques sur le terrain. » Riza a également salué le rôle fondamental des jeunes grâce à leur énergie et leur dévouement dans le présent et l'avenir pour garantir la durabilité et la responsabilité, affirmant que c'est la voie vers l'institutionnalisation de l'évaluation.

Le professeur Pascal Monin, directeur de OFP, a déclaré de son côté que : « Le changement transformateur que nous recherchons peut devenir réalité si nous unissons nos forces et travaillons ensemble avec optimisme et détermination. Nous sommes ici aujourd'hui pour discuter avec tous nos partenaires nationaux et internationaux et nos amis de la manière dont le Liban peut atteindre cet objectif en s'appuyant sur l'évaluation nationale. » Monin a souligné l'importance de l’OFP en tant que plateforme de collaboration entre toutes les parties prenantes, expliquant que l'Observatoire agit comme un point focal pour soutenir la mise en œuvre des capacités nationales d'évaluation (NECD) au Liban. Il a ajouté que la transformation numérique des institutions publiques à travers le gouvernement électronique peut renforcer la responsabilité et la transparence, constituant une partie essentielle du changement transformateur nécessaire. Il a également mentionné que la Semaine mondiale de l'évaluation locale (gLOCAL Evaluation Week) réunit 20 000 participants de 53 pays, exprimant sa fierté de représenter exclusivement pour le Liban, l'Université Saint-Joseph de Beyrouth dans cet événement. Il a ajouté : « Contrairement aux changements progressifs, le changement transformateur revoit et redessine les éléments fondamentaux pour obtenir des impacts profonds et durables. Dans le secteur public, ce type de changement est essentiel pour restaurer et renforcer la confiance, en particulier parmi les jeunes qui sont de plus en plus déçus par la gouvernance traditionnelle et cette classe politique. » Monin a conclu en disant : « Cette conférence est une première étape dans une initiative dirigée par l’OFP en partenariat avec toutes les parties prenantes locales concernées, visant à renforcer les capacités d'évaluation nationales au Liban, conduisant à des réformes fondamentales. »

La première session, animée par la journaliste Nabila Awad, a mis l'accent sur le rôle de l'évaluation dans le renforcement de la confiance et la réforme. Au cours de cette session, les résultats d'une enquête menée par l'entreprise "Socially Responsible Management SRM" sur la confiance des jeunes libanais dans les services publics ont été présentés, recueillant les opinions de 452 participants libanais de toutes les régions et tranches d'âge. Les résultats ont montré que la confiance des jeunes dans les services publics s'élevait à 16 %, un pourcentage faible par rapport aux pays européens.

Cette session a vu les interventions de Mme Verena Ganter, spécialiste de l'évaluation et des rapports au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) au Liban, et de Mme Mariam Van Parijs, conseillère en évaluation régionale à l'UNICEF. Le Dr Marat Mirzabekov a partagé ses expériences sur le cadre logique de suivi et d'évaluation adopté dans les projets de développement, tandis que M. Kassem Al-Siddiq a abordé des modèles réussis de développement des capacités nationales d'évaluation dans des pays confrontés à des défis similaires à ceux du Liban, soulignant l'importance de l'apprentissage entre pays dans les stratégies de développement des capacités nationales d'évaluation tout en préservant le caractère culturel et contextuel. Enfin, M. Alain Bifani, expert économique et financier, a conclu la session par une intervention sur l'impact socio-économique du développement des capacités nationales d'évaluation.

Le journaliste Majed Bou Hadir a animé la deuxième session, qui portait sur le cadre pratique pour le développement des capacités nationales d’évaluation au Liban. La session a commencé par la présentation d’une vidéo récapitulative de l’atelier interactif pour les jeunes intitulé « La vision des jeunes pour la réforme : dessiner l’avenir du Liban à travers l’évaluation », qui s’est tenu le mercredi 5 juin 2024 à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth.

L’atelier visait à impliquer les étudiants universitaires, les leaders et les jeunes militants dans l’exploration des concepts et des systèmes d’évaluation nationale, et à simuler des initiatives de changement social. L’atelier a été dirigé par le doyen de la Faculté de gestion et de management (FGM) de l’USJ, le professeur Fouad Zmokhol, et le président de l’Observatoire de la gouvernance et de la citoyenneté de l’Université Américaine de Beyrouth, le Dr. Simon Kashar, avec la participation d’étudiants des deux universités et de l’association « Afdal », ainsi que d’un grand nombre de représentants d’associations de la société civile et de militants. La rencontre comprenait également une session interactive avec M. Hamad Elias, directeur associé de l’entreprise SRM.

La session a débuté par un discours de l’ancien vice-président du Conseil des ministres et député au Parlement libanais, M. Ghassan Hasbani, qui a souligné son rôle dans la préparation du premier rapport national volontaire du Liban (Voluntary National Review) en 2018. Il a expliqué que le rapport faisait partie des efforts nationaux pour renforcer la transparence et la responsabilité dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030.

Le Dr Lina Ouaidate a parlé du projet de développement des capacités nationales d’évaluation, en se concentrant sur les critères à prendre en compte lors du choix de l’entité supervisante et sur les rôles des différentes parties dans la gestion des processus de développement.

Le Dr Rana Akoum, juge et experte gouvernementale en matière de lutte contre la corruption, a présenté le cadre juridique pour le développement des capacités nationales d’évaluation du point de vue de la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la corruption au Liban.

Enfin, Mme Sirina Al-Qaddum, militante des droits de l’homme dans le domaine de la lutte contre la corruption, a parlé du rôle de la société civile, des jeunes et des médias dans le processus de changement, soulignant l’importance de la participation de toutes les catégories de la société dans le processus de réforme et de renforcement de la capacité de la société civile à utiliser les résultats de l’évaluation pour défendre le changement politique.

La conférence reflète l’engagement de l’USJ, à travers l’OFP et de la bonne gouvernance, envers la citoyenneté et les pratiques de bonne gouvernance sur la scène internationale, et renforce la position du Liban en tant que représentant exclusif dans cet événement mondial important. Cette conférence sera suivie d’une compilation de toutes les idées, participations et interventions issues des sessions de discussion pour formuler un document de politique complet. Ce document expliquera les meilleures façons d’adopter des cadres de développement des capacités nationales d’évaluation (NECD) dans le contexte libanais, et sera accompagné d’un contenu vidéo pour une diffusion plus large. Cette démarche vise à améliorer la compréhension et l’application des politiques efficaces en phase avec les besoins et aspirations de la société libanaise, et devrait contribuer à établir une feuille de route pour des politiques soutenant la réforme institutionnelle et le développement durable au Liban.

 

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