Le séminaire « L’ingénierie de l’eau : innovations et défis futurs » qui a eu lieu le mercredi 3 avril 2024, au Centre Maroun Semaan à l’ESIB sur le Campus des sciences et technologies (CST) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), revêt une signification particulière car dédié à la mémoire du Pr Wajdi Najem, fondateur et directeur du Centre régional de l’eau et de l’environnement (CREEN) qui portera désormais son nom.

Le séminaire a réuni la famille du Pr Wajdi Najem ainsi que des enseignants, des étudiants et d’anciens de l’École supérieure d’ingénieurs de Beyrouth (ESIB), en présence des participants issus de divers horizons de l'ingénierie de l'eau. Sponsorisé par LIBANCONSULT AGM, cet événement a offert une plateforme de réflexion et de partage sur les avancées et les défis futurs dans le domaine crucial de l'ingénierie de l'eau.

Le doyen de la Faculté d’ingénierie et d’architecture (FIA) de l’USJ, le Pr Wassim Raphael, a exprimé son émotion lors de son discours d'ouverture : « Nous sommes réunis aujourd'hui pour baptiser le Centre de l'eau et de l'environnement, au nom de feu, le professeur émérite et doyen honoraire Wajdi Najem, le grand expert en ingénierie de l'eau. Par cet acte, nous célébrons non seulement les réalisations de Najem en tant que l'un des pionniers au Liban dans le domaine de l'ingénierie de l'eau, mais aussi son engagement infatigable envers la préservation de notre environnement et la promotion d'une gestion durable des ressources hydriques ».

« Ce Centre, a poursuivi le Doyen, restera un bastion de recherche, d'innovation et de collaboration, où les esprits les plus brillants se réuniront pour relever les défis pressants de la crise de l'eau et de l'environnement. À travers nos efforts conjoints, en particulier avec le Ministère, nous continuerons à honorer la mémoire de Najem en œuvrant pour un avenir où la bonne gestion de l'eau est assurée, où les écosystèmes sont protégés et où la durabilité environnementale est une priorité incontestée ».

Le Doyen demanda ensuite aux participants de rendre hommage par des applaudissements très forts au doyen honoraire et professeur émérite, Sélim Catafago, présent dans l’amphithéâtre. Sélim Catafago était le grand ami de Wajdi Najem et son compagnon de route durant leur carrière et pendant les moments les plus difficiles par lesquels le Liban et l’ESIB sont passés.

Le Pr Salim Daccache s.j., recteur de l’USJ, a également pris la parole pour honorer la mémoire de l’ancien directeur du CREEN : « C'est parce que Wajdi Najem est quelqu'un qui s'est imposé par son propre caractère studieux, par sa bonhomie, son célèbre sourire, mais encore par sa science et sa passion que furent l'eau et l'environnement, que la décision fut prise de donner au Centre régional de l'eau et de l'environnement le nom de son fondateur ».

« Aujourd'hui, ajoute-il, une année après son départ, sa mémoire se trouve enracinée à l’ESIB, dont il est le célèbre Alumni. Monsieur le ministre, il est évident qu'il y a encore beaucoup à faire sur le plan de la collecte et de la distribution de l'eau au Liban, quoique notre pays reçoit des quantités appréciables d'eau et de pluie et de neige. Évidemment, ce qui descend se dirige dans sa grande majorité vers la mer. Cette eau n'est pas utilisée pour la population et certaines régions se retrouvent en besoin d'eau, ménagères et pour boire ».

« Malheureusement, poursuit Daccache, des travaux de nos éminents scientifiques dans le domaine sont peu écoutés et suivis, et que de fois j'entendais le Pr Najem pester et se mettre en colère, lui le pacifique, à cause d'erreurs commises par des politiques de rétention d'eau par les barrages ou tout simplement par le manque d'ingéniosité pour retenir une bonne part des eaux de pluie. C'est une honte qu'un pays qui regorge d'eau fasse payer lourdement la population pour que l'eau lui soit livrée ».

« Je veux enfin remercier M. le Doyen ainsi que la direction de l'ESIB, pour toute l'attention avec laquelle ce projet de nomination du Centre s'est effectué. C'est ce que j’appelle un acte de reconnaissance et de fidélité envers un serviteur fidèle qui s'est donné corps et âme pour son école et son université », conclut le Recteur.

S.E.M. Walid Fayad, ministre de l’Énergie et de l’Eau, a ensuite pris la parole : « Je voudrais commencer mon discours par saluer l'âme du Pr Wajdi Najm, avec qui le Ministère a entretenu une relation de coopération et de respect. Ses conseils et consultations ont eu un impact significatif sur ses politiques hydriques, notamment en ce qui concerne les barrages. Le Pr Najem a été l'un des partisans et des défenseurs de la politique du Ministère, en adoptant le principe du stockage d'eau en surface par la construction de barrages et de réservoirs. Les années ont confirmé la validité de cette théorie, car les changements climatiques ont un impact considérable sur les précipitations au Liban ».

« Il est évident, poursuit-il, qu'il y a encore beaucoup à faire sur le plan de la collecte et de la distribution de l'eau dans notre pays. Nous avons travaillé au Ministère sur l'élaboration d'une stratégie nationale spécifique pour le secteur de l'eau jusqu'en 2035, tenant compte de trois évolutions majeures : les changements climatiques, la crise économique et les problèmes de déplacement de population. Cette stratégie repose sur quatre piliers : le développement des sources de production d'eau ; la création de nouvelles sources par le stockage en surface représenté par les barrages ; l'amélioration de la qualité et de la durabilité des services d'eau ainsi que le droit d'accès à l'eau pour tous les citoyens, son traitement et son utilisation pour l'irrigation ; et enfin la réalisation de la durabilité par l'ajustement des tarifs et l'abandon du soutien indiscriminé."

Le Dr Cynthia Andraos, maître de conférences à l’ESIB a également pris la parole en hommage au Pr Najem, qui, comme elle l’a mentionné, était un professeur-père, un mentor bienveillant, un chercheur passionné et un défenseur infatigable de l’ingénierie de l’eau. « Sa contribution à ma formation et à mon parcours académique, poursuit-elle, est inestimable. Il m’a guidé avec sagesse, m’a encouragé à repousser mes limites et m’a inspiré à poursuivre l’excellence dans mes recherches. » Le Pr Najem a contribué à sensibiliser le public aux enjeux environnementaux, précise Andraos. Par ses publications et ses interventions, il a aidé à faire prendre conscience de l’importance de la préservation de l’eau et de l’environnement, ce qui a donné un impact significatif sur la recherche environnementale au Liban et a contribué à placer le pays sur la carte mondiale de la recherche sur l’eau et l’environnement.

« Le CREEN, ajoute-t-elle, créé sous sa direction a vécu des succès, témoignant sa persévérance et sa vision. Ce Centre a permis de combler un vide crucial dans le domaine de la recherche sur l’eau et l’environnement au Liban. Avant sa création, il n’existait pas de centre dédié à cette thématique, malgré son importance pour le développement durable du pays et de la région. Le CREEN a aussi permis de rassembler des chercheurs autour d’un objectif commun : comprendre et résoudre les problèmes liés à l’eau et à l’environnement. Cette approche a favorisé l’émergence de nouvelles idées et de solutions innovantes ».

« Aujourd’hui, affirme Andraos, le Centre régional de l’eau et de l’environnement est un acteur clé dans le domaine de la recherche sur l’eau. Nous nous concentrons sur plusieurs axes de recherche, notamment les ressources en eau, la gestion de l’eau (en particulier l’objectif 6 de développement durable), le couvert neigeux, la modélisation pluie-débit, les sources karstiques, le changement climatique et l’intelligence artificielle appliquée à la recherche sur l’eau ».

Le séminaire a été  également riche en présentations de haut niveau, notamment par le Pr Claude Bocquillon, Professeur émérite à l’Université de Montpellier, qui a joué un rôle déterminant dans la formation de nombreux étudiants et chercheurs, dont le Pr Wajdi Najem et le Pr Sélim Catafago, et qui a apporté une contribution significative à la recherche scientifique au Liban et au CREEN; et par le Dr Adel Abou Jaoudé, Directeur international - Conduite et Stockage de l’Eau à Jacobs, enseignant à l’ESIB et éminent expert en ingénierie de l’eau, qui a partagé sa vision sur l'innovation et les défis futurs dans le domaine de l'ingénierie de l'eau.

Le point culminant de l'événement a été le dévoilement de la plaque commémorative portant le nom du Pr Najem, marquant ainsi son empreinte indélébile au sein de la communauté universitaire.

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