La traduction est un art et une transposition de culture

Décembre 2023

Dans cette rubrique, Re-source, nous nous penchons sur les profils d’anciens étudiants de l’ETIB qui ont brillé dans leur carrière. C’est dans ce cadre que s’inscrit cette entrevue avec Yara Zakhour, ancienne étudiante de l’ETIB devenue actrice primée à plusieurs reprises !

Comédienne, danseuse, professeur de théâtre et traductrice assermentée, Yara a plus d'un tour dans son sac. Elle a joué dans plus d’une douzaine de spectacles locaux et internationaux. Son parcours sur le grand écran se manifeste par deux long-métrages et plus d’une douzaine de court-métrages dont trois remportent des prix à l’étranger. Elle remporte le prix de la Meilleure Actrice au Socially Relevant Film Festival, New York – USA (2023) pour son rôle dans le long-métrage Tnaash de Boudy Sfeir, ainsi que le prix de la Meilleure Actrice au Festival Libanais des Films Indépendants dans sa 6e édition (LIFF 2022) pour son rôle dans Blinded by Desire de Guibert Najarian. Elle est nommée Meilleure actrice au Independent Horror Movie Awards (États-Unis) pour son rôle dans le film Home de Adam Jammal. Ses dernières apparitions à la télé sont On The Edge de Layal Rajha et Bitlou Al Rouh de Kamla Bou Zekri. Elle reçoit, pour deux années consécutives, une Mention Spéciale du Jury dans le Festival National du Théâtre au Liban pour son interprétation dans « Deux Femmes Suspendues » et « La Mer Meurt Aussi ». Malgré son emploi de temps surchargé, elle a pu nous consacrer quelques minutes pour répondre aux questions de la NdT.

Racontez-nous en quelques mots votre parcours professionnel 

J’ai commencé à travailler pour le journal Al Balad dans la rubrique économie en tant que traductrice de l’arabe vers le français. Puis j’ai travaillé en freelance. Actuellement je travaille sur des projets de traduction de scénarios de pièces de théâtre, documentaires et films. Et bien sûr en tant que comédienne, je travaille sur scène et devant la caméra !

En quoi la formation à l’ETIB vous a-t-elle servi ?

L’ETIB m’a fait découvrir de nouvelles cultures et perspectives de la vie à travers les langues. J’ai pris conscience qu’apprendre une langue ne se fait pas uniquement à travers les livres. Il faut connaître la culture du peuple, son idéologie, son historique anthropologique. Je crois qu’un vrai traducteur ne transpose pas simplement un texte d’une langue à autre, mais il traduit plutôt les cultures.

Que retenez-vous de votre parcours universitaire ?

De beaux souvenirs. Des amis à vie. Une nouvelle perspective de la vie.

Quel est votre plus beau moment à l’ETIB ?

Mon tout premier moment ! Je suis arrivée en retard au tout premier cours universitaire de ma vie suite à une vraie panne de voiture !

Etre traductrice vous a-t-il servi dans un métier aussi différent que celui d’actrice ?

Pour moi, les deux métiers ne sont pas vraiment très différents. En effet, la traduction est un art à mon avis et une transposition de culture. Le théâtre (ou le métier d’actrice) m’a permis de mieux comprendre l’être humain, ce qui aide beaucoup dans le processus de traduction. Aussi, après 5 ans de formation universitaire (3 ans à l’ETIB et 2 ans à la FLSH – InfoCom) je me suis retrouvée avec un esprit plus mûr qui m’a permis de mieux absorber le théâtre dans toute ses richesses et difficultés.

Quelles compétences majeures jugez-vous indispensables à faire acquérir de nos jours à un traducteur/interprète ?

La créativité, surtout. La passion pour la lecture. The ability to think outside the box.

Quel est le conseil que vous donneriez aux jeunes traducteurs et interprètes qui intègrent bientôt le marché du travail ?

Lisez beaucoup. Regardez des films et des pièces étrangères. Believe in yourself. Aimez ce que vous faites. Veillez à être bien payé.

Dans ce monde en pleine globalisation virtuelle, quel est la plus-value de la formation en traduction/interprétation ?

La créativité du traducteur. Son profil humain qui saura poser les bonnes questions au client afin de présenter un travail à la hauteur de ses attentes.

Quelle idée aimeriez-vous ajouter ?

Un simple merci à vous.

 

 

Propos recueillis par :

Elsa Yazbek Charabati

Chef du Département d’interprétation

Rédactrice en chef de la « NdT »