La Faculté de droit et des sciences politiques de l’USJ et le "Arab Master in Democracy and Human Rights" de l'Institut des sciences politiques ont organisé le 16 novembre 2023 une table ronde modérée par le Professeur Aida Azar et intitulée « Gaza : le droit international à l’épreuve », dans le but de réfléchir, de manière interdisciplinaire, à ce que devient le droit international à la lumière de ses violations systématiques en Palestine, et plus particulièrement à Gaza en ce moment.
Après un mot introductif du Doyen Marie-Claude Najm dans lequel elle a souligné les tensions entre la nécessité de croire dans le droit international et l’inévitable scepticisme qui saisit le juriste devant l’impuissance de ce droit à mettre un terme à la barbarie déployée tous les jours, les intervenants ont tenté de montrer, chacun dans sa discipline, comment le droit et les sciences sociales peuvent éclairer et expliquer la marginalisation du droit international en cours en Palestine, mais aussi de rappeler l’utilité stratégique de certaines voies juridiques et politiques pour mieux combattre et espérer sanctionner les crimes commis.
Dans un premier volet juridique, le Professeur Romain Leboeuf a évoqué les fondamentaux juridiques de la question palestinienne, en rappelant ainsi que Gaza ne formait en aucun cas une entité juridique en soi, et qu’il s’agissait donc d’aborder la question de la Palestine occupée dans son ensemble, Cisjordanie comprise. De son côté, Monsieur Craig Mokhiber a expliqué pourquoi la guerre contre Gaza constitue un cas typique de génocide tel que défini par la « Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide » de 1948, en exposant en détails les éléments matériels et les intentions génocidaires déployées actuellement par les autorités israéliennes. Enfin, le Professeur Alia Aoun a dénoncé l’inaction du procureur au sein de la Cour pénale internationale ainsi que les pressions exercées sur l’ancien procureur pour neutraliser le rôle de la Cour dans la poursuite et le jugement des crimes commis contre les Palestiniens, tout en soulignant, face à cette paralysie des instances internationales, l’intérêt potentiel de se retourner vers les juridictions nationales qui se reconnaissent de plus en plus une compétence universelle en ce qui concerne les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.
Dans un second volet ancré dans les sciences sociales, le Professeur Jihane Sfeir a rappelé le contexte historique et social dans lesquels vivent les Gazaouis sous une forme ou une autre d’occupation israélienne depuis des décennies, insistant sur la contextualisation indispensable pour comprendre les enjeux des événements actuels. Enfin, Monsieur Karim Bitar a abordé la question sous l’angle politique des relations internationales, pour rappeler les difficultés quant à la mise en œuvre des solutions politiques proposées actuellement, notamment la proposition de moins en moins crédible des deux États palestinien et israélien, solution sabotée par la politique de colonisation massive de la Cisjordanie suivie par les gouvernements israéliens, et notamment ceux du Premier ministre Benjamin Netanyahu, depuis des années.