Initié en 2021, le programme « Youth for Governance (Y4G) » est le fruit d’une collaboration entre la Faculté de droit et des sciences politiques de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et Siren Associates. Ce programme repose sur la conviction profonde qu’il ne peut y avoir d’alternative à l’édification de l’Etat, et qu’il faut notamment mettre le savoir-faire du secteur privé au service de nos institutions publiques.
Le moyen choisi : engager les meilleurs talents universitaires dans le grand chantier de la réforme du secteur public, au rythme modeste d’un projet pilote. Les objectifs du programme sont clairs : améliorer l’efficacité, la transparence et la gouvernance de nos institutions publiques, et par conséquent la qualité du contrat social qui les lie aux citoyens. Ces objectifs s’inscrivent dans la volonté de l’USJ, maintes fois exprimée par son recteur, le Pr Salim Daccache s.j., de soutenir la jeunesse dans la gouvernance de l’État et de renforcer la citoyenneté.
Couronné, pour ceux des étudiants qui s’y inscrivent, par un cours optionnel de 4 crédits ouvert à la Faculté de droit et intitulé de manière tout à fait significative « L’État c’est Nous », le programme permet aux jeunes de s’engager dans un projet qui contribue à l’édification de l’Etat, pour une durée de 2 à 3 mois l’été.
La cohorte 2023 de Y4G était composée de trente étudiants provenant de diverses universités (USJ, UL, AUB, LAU, ULS, NDU), et de disciplines aussi diverses que le droit, les sciences politiques, l’anthropologie, la gestion, la communication, le journalisme digital, la littérature anglaise, les mathématiques, l’informatique et le génie. Encadrés par des professionnels de Siren et par un enseignant de la FDSP, les jeunes talents se sont attelés à l’étude approfondie de la réforme de l’Autorité de Gestion du Trafic (Traffic Management Authority - TMO), mieux connue par les Libanais sous le nom de « Nefaa », en commençant par le Bureau d'Immatriculation des Véhicules (Vehicle Registration Office - VRO), en raison de son impact sur les services aux citoyens et des récents scandales de corruption qui l’avaient ébranlé.
Aux côtés de trente officiers des FSI appelés par le ministre de l’Intérieur à prendre en charge la gestion intérimaire de la Nefaa, les étudiants stagiaires ont procédé à une étude rigoureuse du fonctionnement de l’institution, avec une approche systémique allant de l’administratif au stratégique, en passant par l’opérationnel. S’appuyant sur des recherches pour identifier les meilleures pratiques mondiales en matière d’immatriculation des véhicules et, allant au-delà des études et recommandations qu’ils ont émises et formalisées dans un rapport digne des grands cabinets de conseil https://www.youth4governance.org/wp-content/uploads/2023/09/Y4G_2023_final-report_Final.pdf, ils ont prêché par l’exemple. En quelques semaines seulement, les usagers ont été accueillis sur rendez-vous dans des locaux réaménagés, grâce au développement d’une plateforme de prise de rendez-vous en ligne. Les usagers peuvent également, et pour la première fois, échanger avec une institution libanaise par le biais d’un Chatbot. L’institution, pour sa part, s’est vue dotée d’une base de données en ligne, en prélude à un service complet d’enregistrement en ligne qui permettra de remédier aux pratiques de petite corruption.
Ce travail a été présenté au public lors de la cérémonie de clôture du programme le 15 septembre 2023, à l’amphithéâtre Gulbenkian du Campus des sciences sociales. Après les mots prononcés par le Pr.Salim Daccache s.j., recteur de l’USJ, le Pr Marie-Claude Najm, doyen de la Faculté de droit et des sciences politiques, M. Bassam Mawlawi, ministre de l’Intérieur et en ligne Mme Najla Riachi, ministre d’Etat pour la Réforme administrative, les étudiants ont présenté les résultats concrets de leurs travaux et émis d’importantes recommandations pour la permanence et le développement du projet. Etaient également présents, pour l’occasion, le vice-président du Conseil des ministres M. Saadé Chami, le mohafez de Beyrouth M. Marwan Abboud, le président de l’Inspection Centrale M. Georges Attieh, le député Ibrahim Mneimneh, la directrice de l’Institut des Finances Mme Lamia Moubayed, le président du Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais M. Nicolas Boukhater et des représentants de la société civile et des organisations internationales. Enfin, avant la remise des certificats aux étudiants, c’est le Pr Carole Sharabati, directrice de recherche à Siren Associates et professeur à l’Institut des sciences politiques de l’USJ, qui a prononcé le mot de clôture, décrivant le parcours du combattant accompli à Nefaa cet été et mettant en relief les enseignements tirés de cette riche expérience.
Comment mesurer, en définitive, le succès de ce programme ? Peut-être, au-delà de ce qui a été réalisé, et qui est déjà admirable, par l’espoir renoué avec un lendemain meilleur. C’est l’impression partagée par tous les participants à la cérémonie de clôture le 15 septembre dernier, telle qu’exprimée par la ministre Riachi : « Yes we can do it ! ». Trente jeunes de bonne volonté l’ont prouvé l’espace d’un été, faisant écho aux mots du doyen Najm : « Réconciliez-vous avec l’État libanais que notre génération a longtemps délaissé. Battez-vous pour l'extraire aux incompétents et aux criminels qui l’ont capturé.»