L’École de sages-femmes (ESF) de la Faculté de médecine (FM) de l’Université Saint-Joseph (USJ) a célébré son centenaire, le jeudi 8 juin 2023, au Campus des sciences médicales de la rue de Damas, en présence, notamment, de S.E. le Dr Firas Abiad, ministre de la Santé publique, S.E.M. Abbas al-Halabi, ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, du recteur de l’USJ, le Pr Salim Daccache s.j., du doyen de la FM, le Pr Roland Tomb, du directeur de l’ESF, le Dr Issa Farkh, de l’invité d’honneur, M. Yves Doutriaux, président de la chambre nationale de discipline des sages-femmes en France, de présidents d’Ordres, de responsables de l’USJ, de personnalités syndicales et de la société civile, ainsi que d’une foule d’étudiants, de professeurs, d’anciens et d’amis de l’ESF.
Dans son mot d’ouverture, le Dr Issa Farkh a estimé que « cet édifice, entamé il y a 100 ans, est le pilier et le fondement inébranlable d’un futur jeune, ambitieux et plein de promesses sans cesse renouvelées ». « Je ne veux pas parler aujourd’hui du passé de cette École, précise-t-il, ni de ce rêve rendu réalité grâce au dynamisme et à l’esprit missionnaire et bâtisseur de pères jésuites, ni des contraintes ottomanes ou des vicissitudes de la Deuxième Guerre mondiale ; je veux, par contre, en tirer une leçon : celle du devoir et de la nécessité de ne pas accepter les diktats des situations anormales, de ne pas baisser les bras, mais de continuer à œuvrer pour un avenir toujours meilleur. »
Le doyen de la FM, le Pr Roland Tomb a rappelé, de son côté, que « l’idée d’une école de sages-femmes vient de loin, puisque le 4 février 1896, lors de l’entrevue entre le chancelier de la Faculté de médecine et le Consul général de France, il fut pour la première fois question de délivrer, à la FM, un diplôme de sages-femmes. Mais il a fallu attendre 27 ans pour qu’enfin soit fondée une école de sages-femmes. Elle fut d’abord ouverte dans une petite construction annexée à la maternité, elle-même voisine de l’hôpital des Filles de la Charité à Azarieh ».
« Elle fut enfin transférée en 1939, poursuit le Pr Tomb, à la Maternité française qui venait d’ouvrir à la rue de Damas, et c’est là qu’elle demeurera jusqu’à 1981, date de fermeture de la Maternité et se transposa à nouveau dans les locaux des Filles de la Charité avant de se réinstaller sur le Campus des sciences médicales en 1991, choisissant de retourner dans le giron de la Faculté de médecine, dans la joie et la sérénité, selon le souhait des sages-femmes. »
En rendant un hommage à Mme Rose Bassile, la sage-femme qui a contribué à le mettre au monde, Tomb a abordé la question de la place respective du gynécologue obstétricien et de la sage-femme. « Selon les lieux et les époques, précise-t-il, cela a fait l’objet, tantôt de controverse, tantôt de consensus. Dans mon enfance, j’ai résolu ce problème à ma façon : j’ai toujours pris le parti des sages-femmes. »
Le recteur de l’USJ, LE Pr Salim Daccache a affirmé, pour sa part, que « c’est un devoir de saluer la mémoire de ceux et celles qui ont construit, non seulement le passé, mais l’avenir de l’ESF et de l’USJ. Car lorsqu’on lit l’histoire, on constate une détermination, doublée d’une conviction et d’une passion, pour fonder les différentes Institutions de l’Université, correspondant à des besoins urgents et imminents de la population ».
« Si nous fêtons aujourd’hui la fondation centenaire de notre École, poursuit-il, il est normal de célébrer la personne de la sage-femme formée à l’Université, pour les services qu’elle rend à notre société. Cette continuité de sa mission se déploie dans une ambiance de crise, d’un statut à clarifier et de responsabilités bien étendues qu’elle est en train d’assumer sans que cela soit reconnu comme il faut. Il est assez habituel d’entendre dire que le statut des sages-femmes est dans un entre-deux qui fragilise la profession. Cette célébration devra nous pousser à la restauration du statut et à lui donner le tissu qui lui permet d’exceller et de devenir visible, et de s’imposer comme une référence nécessaire. »
Le ministre de la Santé publique, le Dr Firas Abiad, a confirmé que son ministère attache une importance particulière à l'École de sages-femmes, car « elle appartient d'une part, à une université distinguée et que d'autre part, le ministère est pleinement conscient du rôle fondamental que joue la sage-femme dans le domaine de la santé et des soins aux mères et aux nouveau-nés ». « L'éducation, poursuit-il, a toujours eu une force transformatrice qui fait avancer les sociétés et façonne la voie des nations. L'École de sages-femmes témoigne du pouvoir de l'éducation dans l'avancement des soins de santé, la promotion d'une culture d'empathie, d'expérience et de professionnalisme, et la préparation des sages-femmes à devenir des soignantes fiables pour les mères et leurs bébés. »
« Il y a cent ans, témoigne de son côté le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, M. Abbas al-Halabi, la sage-femme était une dame du quartier qui avait un simple savoir hérité. Mais cette profession s’est développée avec l’évolution de la médecine et des soins infirmiers, pour devenir une profession reconnue après la fondation de l'ESF qui a contribué à sauver la vie des mères et des enfants et à développer la vie des familles. »
Et de conclure en rendant hommage à l’USJ : « L'histoire moderne et contemporaine du Liban, martèle le ministre, a été construite en grande partie par des personnalités issues des amphithéâtres de cette Université qui a tracé une voie claire en matière de préparation des jeunes générations, sur le plan national, scientifique, culturel et social. »
Après la projection du mot de S.E.M. Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe et ancien ministre de la Culture en France, qui a rendu un vibrant hommage à l’ESF, un intermède musical a précédé la projection d’un film sur le centenaire de l’École, suivi de l’intervention du président Yves Doutriaux sur le thème de « Déontologie des professions réglementées et rôle des ordres professionnels », illustrant son exposé par des exemples de décisions récentes de la chambre disciplinaire nationale des sages-femmes en France. Il est intéressant de noter, par ailleurs, que l’Ordre des infirmiers du Liban a été établi plusieurs années avant la création d’un ordre équivalent en France.
Mme Nayla Abou Malham Doughane, directrice honoraire de l’ESF, a ensuite prononcé un mot en hommage à Mme Rose Bassile « visionnaire, une pionnière, une figure exceptionnelle qui a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de l’École et de la profession », avant la remise de médailles du centenaire au Recteur de l’USJ, au Doyen de la FM, ainsi qu’à M. Yves Doutriaux et à Mme Désirée Bassile, nièce de Mme Rose Bassile. Le Dr Issa Farkh se chargera, quant à lui de remettre des médailles à leurs Excellences, Abiad et al-Halabi, lors d’une visite de remerciements.
Un vin d’honneur dans les jardins du Campus des sciences médicales a clôturé la cérémonie.
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