Gaëlle Le Goff, directrice des relations internationales à l’X. ©École polytechnique /Institut Polytechnique de Paris/J.Barande
L'Orient-Le Jour / Propos recueillis par Sarah SADER , le 23 mars 2023
Sur invitation de l’USJ, avec laquelle l’École polytechnique a un partenariat de longue date, une délégation de cette prestigieuse école d’ingénieur française a visité le Liban. Entretien avec Gaëlle Le Goff, directrice des relations internationales, et Dominique Rossin, directeur de l’enseignement et de la recherche.
Pouvez-vous nous parler des partenariats de l’École polytechnique (l’X) avec les universités libanaises ?
Gaëlle Le Goff : L’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), qui a une longue tradition de collaboration avec la France, est notre partenaire principal. Ce partenariat s’est accéléré en 2016 avec l’organisation au Liban du concours d’accès à l’École polytechnique en partenariat avec l’USJ.
Depuis plus de six ans, l’École polytechnique développe des programmes en langue anglaise, notamment pour les bachelors (licences) et les masters. Ces nouvelles formations nous permettent de toucher de nouvelles cibles et de développer de nouveaux partenariats, notamment au Liban, comme le programme d’échange d’étudiants établi avec l’Université américaine de Beyrouth (AUB). D’ailleurs, pour la première fois, cette année, un étudiant de Polytechnique va venir en échange à l’AUB. Et inversement, un étudiant de l’AUB viendra à Polytechnique. Actuellement, deux de nos étudiants sont également en échange à l’École supérieure d’ingénieurs de Beyrouth (ESIB) à l’USJ.
Comment décrivez-vous les étudiants libanais à Polytechnique ?
Gaëlle Le Goff : Il y a actuellement 53 étudiants libanais à l’X inscrits en bachelor de sciences, au cycle ingénieur polytechnicien ou en master de sciences et technologies. La majorité sont des élèves du cycle ingénieur polytechnicien (28 étudiants, dont 26 viennent de l’ESIB-USJ). Les étudiants en provenance du Liban font leur scolarité brillamment. Ils sont souvent excellents. Ce sont des étudiants qui réussissent très bien dans tous les parcours de Polytechnique, que ce soit pour les programmes d’ingénieurs ou pour les autres programmes, comme le bachelor ou le master. Nous constatons qu’il y a un remarquable système d’éducation au Liban, notamment en ce qui concerne l’enseignement des maths qui permet d’amener les étudiants qui ont des compétences à un niveau très élevé.
Dominique Rossin : Cette description caractérise très bien le profil des étudiants libanais, la qualité de l’éducation supérieure et du programme secondaire au Liban. Les étudiants libanais sont parmi les premiers. Ils ne rencontrent pas de difficultés et s’intègrent très bien. On remarque que c’est une qualité qui se retrouve souvent chez les jeunes Libanais qui rejoignent le cycle ingénieur polytechnicien, celle d’être très ouverts et d’avoir une aisance à communiquer avec les autres. L’éducation au Liban est remarquable.
Ce qui l’est également, c’est que vous arrivez à attirer dans les études supérieures scientifiques autant de femmes que d’hommes. Vous avez 60 % de femmes dans les classes préparatoires à l’USJ, alors qu’en France, c’est de l’ordre de 25 à 30 % dans les universités.
Comment soutenez-vous les étudiants libanais inscrits à Polytechnique en cette période de crise ?
Gaëlle Le Goff : Avant la crise, les étudiants libanais qui intégraient Polytechnique réglaient leur scolarité sans problème. La crise économique a changé la situation de ces jeunes de façon assez violente, très rapidement, du jour au lendemain. L’école a réagi rapidement en se rapprochant notamment de la communauté des polytechniciens d’origine ou de nationalité libanaise. La solidarité dont ils ont fait preuve est une spécificité de l’école. C’est la marque de fabrique de l’X d’avoir un réseau d’anciens très solidaires. Nous avons collaboré avec eux pour faire des levées de fonds afin d’aider les étudiants, que ce soit pour régler les frais de scolarité ou pour leur séjour en France.
En dehors de cette situation, l’École polytechnique accompagne les étudiants internationaux de manière générale, notamment à travers la mise en place avec les banques d’un système d’emprunt à zéro intérêt. Il y a également l’option des bourses offertes, en collaboration avec la Fondation de l’école, que l’on distribue sur des critères d’excellence.
Un mot de la fin ?
Gaëlle Le Goff : Il est important de rappeler que nous sommes très satisfaits des étudiants libanais qui viennent étudier à Polytechnique, et nous souhaitons également que l’échange se fasse dans les deux sens car le Liban est un pays qui a un système universitaire de très bonne qualité ; nos étudiants ont beaucoup de choses à apprendre ici. C’est l’un de nos objectifs.
Nous avons été très bien accueillis par l’ESIB non seulement par nos collègues, mais également par le recteur. Nous avons rencontré Salim Eddé, l’un des créateurs de Murex et diplômé de Polytechnique, qui nous a fait visiter le musée des minéraux MIM.
Dominique Rossin : Pour moi, Salim Eddé est quelqu’un qui est passionné par son pays, par les sciences et leur application dans le monde réel. Il est un beau modèle : un Libanais qui a fait Polytechnique et a mis au service de la société les sciences qu’il a pu apprendre au Liban, en France et dans le monde entier.
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