Pr Christian Taoutel, chef du département d’Histoire - Relations Internationales de la Faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) et Conservateur des Archives de l’USJ et des Archives Jésuites du Proche-Orient, a reçu les insignes de Chevalier des Arts et des Lettres des mains de M. Henri de Rohan-Csermak, conseiller culturel adjoint, représentant l’Ambassade de France au Liban.

Dans les jardins de l’Institut français du Liban, durant une belle cérémonie qui a eu lieu le 13 juin 2022, et qui a réuni ses amis, ses collègues, sa famille, ses proches, et en présence du recteur de l'USJ, le Pr Salim Daccache s.j., de vice-recteurs, de doyens, de directeurs et des Ambassadeurs d’Ukraine, de Bulgarie et de Tunisie, M. Taoutel a reçu cette décoration qui rend hommage à son engagement en faveur de la culture et des arts au Liban ; un engagement qui se place, selon de Rohan-Csermak, sous le double signe de la fidélité et de la transmission.

« Christian a enseigné, ajoute le Conseiller culturel adjoint, dans le secondaire et il continue à le faire à l’USJ, en s’engageant auprès des élèves et des étudiants avec passion et sincérité, et en communiquant la passion de la recherche, dont le trait majeur est l’ouverture à un large public, via les archives et les cycles de conférences. »

« Son intérêt pour l’Histoire, ajoute de Rohan-Csermak, est centré sur le Liban, ses périodes de crises, sur les échanges et les circulations, sur la place du Liban dans le monde arabe et dans les conflits mondiaux ainsi que sur la question de la mémoire. Mais derrière l’historien, l’enseignant et le chercheur, il y a le citoyen du Liban et le militant qui pointe du nez. Christian ne se cache nullement derrière une prétendue neutralité, c’est pour cela qu’il a tout le temps, dans sa pensée, le souci de la recomposition de l’espace public, la préservation du patrimoine, donc une vision authentiquement civique de l’histoire, dont le Liban a tellement besoin. »

Pour sa part, Christian Taoutel, en recevant cette décoration, n’a pu s’empêcher de « penser avec affection aux nombreux lieux qui ont fait les paysages de [sa] vie » : le Collège Notre-Dame de Jamhour, l’Université Michel de Montaigne à Bordeaux pour ses 3 années d’études doctorales, le Lycée Abdel Kader et le Collège International de Beyrouth (IC), ces « deux établissements magnifiques », où il a « enseigné, vécu, grandi, et compris le monde professionnel. »

« C’est avec gratitude et joie, poursuit Christian Taoutel, que je reçois cette belle distinction, verte comme le Cèdre du Liban. Elle porte une croix à huit branches émaillées, enclavées d’une élégante arabesque. (…) C’est une belle reconnaissance et il est crucial pour moi de la recevoir ici à l’Ambassade de France, à quelques mètres seulement du monument national de la Grande Famine de 1915-1918, mémorial pour lequel j’ai dédié de nombreuses années de ma vie. »

« Je considère que cette distinction, ajoute Taoutel, est également décernée à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Merci aux Jésuites et à la Compagnie de Jésus au Proche-Orient qui m’ont donné la chance de restaurer les vitraux cent cinquantenaires de l’église des jésuites de la rue Monnot en 2010, et qui me font l’honneur d’être le conservateur de leurs archives depuis. Merci au Service Social de l’USJ, sans lequel, il aurait été terriblement difficile de poursuivre des études.

Merci à la fédération des Anciens de l’USJ. Depuis 2006, la Fédération des Anciens m’a confié la coordination de ses activités culturelles et sociales. Merci à mes collègues du département d’Histoire – Relations Internationales de qui j’ai tant appris et à tous mes collègues et aux employés de la FLSH. »

« En un quart de siècle, rappelle Christian Taoutel, je me suis pleinement impliqué à l’USJ à travers l’organisation de très nombreux voyages culturels, d’expositions de manuscrits et d’archives au Liban mais aussi en France, au Mexique, en Tunisie et en Suisse. J’ai organisé des événements politiques et culturels importants. Ce travail a été réalisé grâce à la bénédiction du Pr Salim Daccache que je remercie du fond du cœur. Mon Père, je n’ai jamais eu l’occasion de vous le dire avant : Merci d’avoir cru en moi et de m’avoir accompagné dans mes folies… du désert mexicain, aux villages du Noirmont en Suisse, à l’Assemblée Nationale française où j’ai représenté le Liban à vos côtés. »

Ce beau moment a été l’occasion pour le chef de département d’Histoire-Relations internationales de remercier toutes celles et tous ceux qui, en pleine lumière ou dans l’ombre, lui ont permis d’avancer et de continuer sur le chemin de cette résistance culturelle, et d’avoir une pensée émue pour ses parents, pour feus ses Professeurs Raoul Assaf et Samir Kassir et pour les Pères Jean Dalmais, Salim Abou et Alex Bassili.

« Cette reconnaissance, ajoute le Conservateur des Archives de l’USJ, je la prends comme un encouragement à continuer à être actif pour promouvoir les arts et la culture et pour défendre les valeurs de tolérance et de respect d’autrui. J'ai d'ailleurs le plaisir de vous informer qu’avec mon ami et collègue Karl Akiki, chef de département de Lettres françaises, nous inaugurerons bientôt le Jardin de la Francophonie et il sera créé cet été, au Campus des Sciences Humaines, avec l’aide précieuse du Groupe des Ambassadeurs Francophones. »

« Cette médaille, conclut Taoutel, est l’héritière de la médaille de Saint Michel du XVe siècle. Elle a été remise à l’honneur par André Malraux en 1963. Le général de Gaulle voulait la supprimer mais André Malraux a résisté contre cette décision ! Je la reçois donc aussi, comme un appel à résister pour rester au Liban et faire de mon mieux pour mon pays.  Au moment où tous ceux que j’affectionne songent à partir, moi je reste et je demande à ceux qui partent de garder leur cœur ici. »

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