Au Liban d’aujourd’hui on ne parle que de pouvoir, de députés, de gouvernants et j’en passe. Souvent synonymes de mots assez moches, ces discussions sont devenues une routine pour un peuple qui n’en peut plus. L’ironie du sort c’est le tabou qui se place sur toute discussion autour du sujet. On fait attention à chaque mot, à chaque nom que l’on prononce, de peur de ne pas se faire entendre par la mauvaise audience. Les Libanais sont fatigués et misent le tout petit reste d’espoir qu’ils ont sur la jeunesse, synonyme d’ouverture d’esprit, de diversité et d’éducation, en espérant un jour pouvoir contourner les discussions sensibles et arriver à créer un pays meilleur.
Cette jeunesse-là, dans un contexte neutre et non-fanatique, a été mise à l’épreuve durant l’édition 2022 du Model Youth Parliament, organisée par le service de la vie étudiante de l'USJ. Pendant 4 jours, les participants oublient leurs identités et se collent à la vie de député qui leur a été attribuée au hasard.
Ici l’on parle de 95 étudiants qui se mettent dans la peau du Parlement d’aujourd’hui ainsi que les partis des députés actuels. Rassemblés aléatoirement et venant de différentes universités - l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), l’Université libanaise (UL), l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et l’Université libano-américaine (LAU), les participants se séparent de leurs idéologies pour jouer une sorte de jeu de rôle, suivant l’un des 9 partis présents, allant des plus actifs aux plus inconnus. Alexandre, étudiant en première année à l’ESIB du parti « Citoyens d’un Etat » nous dit : « On a été témoins d’une diversité surprenante en ce qui concerne les participants, mais tous semblent oublier qui ils sont et sont prêts à participer et aider qui que ce soit dans le contexte qui leur a été imposé. On verra des participants prêts à discuter n’importe quoi peu importe la sensibilité du sujet. Une ambiance super sympa, un évènement très bien organisé et une expérience à revivre ».
Cette simulation permettra d’éduquer concrètement les jeunes à la vie politique active, se mettre dans la peau des dirigeants du pays, et d’apprendre à jouer leur rôle un peu mieux qu’eux. On apprend la diplomatie, la négociation, l’adaptation aux situations et aux problèmes ou gens auxquels l’on pourrait faire face dans la vie politique. Parce qu’en fin de compte, vu la situation actuelle dans laquelle on est, on ne peut que miser sur la génération future.
Alexandre mentionne également la Friedrich Naumann Foundation (FNF) : « Ils étaient toujours à nos côtés peu importe nos questions ou difficultés et ont donné leur maximum durant tout l’évènement. Les organisateurs ont vraiment fait tout ce qu’ils pouvaient pour que nous vivions la meilleure expérience possible et j’espère les revoir l’année prochaine ! ». On citera également la présence de Mario Abboud, journaliste et présentateur de la LBCI qui est venu animer la dernière rencontre en tant que président de l’Assemblée Générale et en tant qu’invité d’honneur.
L’édition de cette année se verra achevée le 4 avril 2022 avec un gala de clôture où l’on annonce les meilleurs participants de la simulation. Ces derniers pourront voir d’eux-mêmes la vie politique étrangère, et ce, grâce à la FNF qui leur offre un voyage à Berlin. Les gagnants, Peter Zgheib, Rowan Ibrahim – la seule fille gagnante et étudiante à l’Université Libanaise – Paul Bassil, Joseph Sfeir, Hadi Fakih, Joseph Zgheib, Elio Rizk et Patrick Chidiac auront la chance de visiter le parlement allemand lors de leur séjour et de voir comment fonctionnent les systèmes parlementaires ailleurs. Paul, un des 8 lauréats exprime son ressenti : « Le prix remporté est excellent compte-tenu du sujet (une simulation parlementaire) et je suis très heureux d’avoir la chance d’aller au parlement allemand grâce à l’association FNF. C’est vraiment l’opportunité d’une vie, et je remercie tous ceux qui ont pu permettre la réalisation de ce voyage. »
Finalement, on espère que la formation des jeunes à la vie politique se prouvera utile et que cette génération pourra surmonter les tabous et obstacles qui se tiendront entre eux et un pays meilleur. Pas si difficile, vu que l'on ne peut pas vraiment faire pire, ou du moins, c’est ce qu’il nous semble…