Dans le cadre du développement de la gouvernance environnementale, l’ Observatoire de la Fonction publique et de la bonne gouvernance de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement et en coopération avec le ministère de l'Environnement, a organisé le premier séminaire intitulé « Gouvernance environnementale - Défis et opportunités », le jeudi 10 février 2022 au Campus des sciences sociales, rue Huvelin.
La séance inaugurale a été ouverte par le professeur Pascal Monin, directeur de l’OFP, qui a souligné que la bonne gouvernance est une nécessité dans le travail des différents secteurs et institutions, et l'environnement en fait partie.
Monin a considéré qu'il est devenu certain que "les pays qui accordent à la question environnementale l'importance qu'elle mérite sont des pays développés » et que « cette gouvernance suppose d'abord l'existence d’un état capable avec une vision et une planification, dont les institutions sont très efficaces en termes de mise en œuvre et de contrôle des lois qui sont en vigueur, et tout cela n'existe pas au Liban, malheureusement. »
Le directeur de l'OFP a souligné aussi que le Liban traverse une crise économique sans précédent, et qu'au moment où les travaux ont commencé pour élaborer le plan de relance économique promis, il faut ouvrir le débat sur la gouvernance environnementale, en espérant que cela aidera les décideurs à établir les politiques nécessaires.
Le recteur de l'USJ, le professeur Salim Daccache s.j., a parlé du grand danger qui menace le monde entier en raison du changement climatique.
Le Pr Daccache a présenté dans son discours le travail de l'Université au niveau du dossier environnemental et les études menées sur la pollution de l'air et de l'eau, et d’autres secteurs concernant la gouvernance environnementale.
Le recteur a également attiré l'attention sur l'excellent travail que l'université fait dans ses différentes facultés, pour transformer l'université en une institution entièrement verte et réduire le pourcentage de pollution en plusieurs étapes, notamment la libération des campus des voitures et la création de grands espaces verts, grâce à un travail conjoint entre l'administration et ses partenaires issus des associations internationales et des étudiants.
Pour sa part, la représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le développement au Liban, Mme Céline Moyroud, a indiqué que la discussion qui a été lancée durant ce cycle de séminaires n'est pas la dernière, mais qu'il y aura une série de discussions sur l'état de l'environnement, afin d'éclairer les parties prenantes sur la situation actuelle, en plus d'aider à rechercher des solutions afin d'avoir une compréhension claire et de penser à des plans et des programmes pour améliorer la situation.
Moyroud a remercié l'USJ, l’OFP et le ministère de l'Environnement, soulignant que « nous ne pouvons pas réaliser de réforme économique au Liban sans compter sur l'environnement. »
Le ministre de l'Environnement, Dr Nasser Yassin, a commencé son discours en notant que la détérioration de l'environnement au Liban est due à de nombreuses raisons, y compris le caractère aléatoire du traitement des questions environnementales.
Il a ajouté : "Les dégâts sont estimés à environ un milliard de dollars au niveau du grignotement des montagnes, de la pollution de l'air, la pollution de l'eau, etc.", notant que "le tableau est en effet sombre, mais l’origine de ces problèmes environnementaux en est une, qui est l'absence de gouvernance environnementale. Nous n'avons pas géré les problèmes environnementaux de la bonne manière".
Yassine a poursuivi : « Le ministère de l'Environnement tient son rôle, mais l'application des lois, notamment avec d'autres ministères et partenaires est malheureusement inefficace. Si nous voulons parvenir à une bonne gouvernance, nous devons mettre en œuvre les lois."
"Le partenariat, ajoute-t-il, entre les municipalités, le ministère de l'environnement et les autres ministères n'existe malheureusement pas, en plus de l'importance de tenir pour responsables les personnes qui causent des dommages environnementaux, car la responsabilisation est complètement absente et c'est un désastre en soi."
Yassine a présenté les problèmes dont souffre actuellement le ministère de l'Environnement, notamment le problème des déchets, auquel sont à nouveau confrontées les régions de Beyrouth et du Mont-Liban, soulignant qu'il existe une réelle absence de protection sécuritaire pour les décharges, soulignant qu'il faut parvenir à une véritable décentralisation dans la gestion de tous les secteurs environnementaux.
Ensuite, une discussion a eu lieu sur la gouvernance environnemental, animée par le Dr Charbel Maroun, avec la participation de l'ancien ministre de l'Environnement Damianos Kattar, le président du Conseil économique et social, M. Charles Arbid, la directrice d'Ecocentra, Mme Lama Bashour, un représentant du Consortium libanais pour l'environnement, M. Malik Ghandour, un représentant du Mouvement environnemental libanais, M. Fadlallah Hassouna, la représentante de la Coalition pour la gestion des déchets, Mme Samar Khalil.
Lama Bashour a présenté la réalité de l'environnement au Liban à travers des études menées à ce sujet au ministère de l'Environnement et au Parlement, et les lois sur la protection de l'eau, la protection de l'air et la gestion des déchets solides.
Bashour a parlé du rôle du ministère dans ce dossier et de tous les comités qu'il a créés dans le but d'améliorer, de développer et de protéger l'environnement, en plus du travail des municipalités d'un point de vue environnemental.
L'ancien ministre de l'Environnement, Damianos Kattar, a estimé qu'il y avait une grande opportunité pour l'environnement au Liban après le tournant économique. Il a considéré que le principe stratégique qui guide ce dossier, est le conflit permanent entre la force de la législation, la faiblesse de sa mise en œuvre et l'absence de motivation. Cette lutte est permanente, affirme Kattar, car le but de l'autorité centrale en matière d'environnement est de continuer à contrôler, ce qui a entravé le travail de tous les ministres successifs.
Il a ajouté: " Le ministère de l'Environnement doit être habilité à agir directement et non à revenir à l'autorité centrale", soulignant que celle-ci devrait s'efforcer de garantir une vie meilleure, et l'autorité locale devrait s'occuper de divers dossiers de manière plus globale et également au niveau du financement pour être plus efficace.
Le président du Conseil économique et social, Charles Arbid, a souligné qu'il n'y a pas d'économie saine s'il n'y a pas d'environnement sain et a présenté l'ampleur de l'impact de la détérioration de l'environnement sur la réalité économique, et il a estimé que les citoyens libanais tiennent les forces politiques responsables de cette crise.
Arbid a révélé que le Conseil économique avait préparé, il y a un an et demi, un projet de loi pour inclure le dossier environnemental dans les travaux du conseil "afin que les associations environnementales aient un lieu officiel pour partager leurs idées et formuler des politiques, en gardant à l'esprit que les décisions ne sont pas contraignantes mais pesées, notamment avec la participation de la société civile directement à la définition des.
Malek Ghandour a, de son côté, parlé de l'importance d'unir les efforts et d'encourager des initiatives environnementales, ce qui donnerait plus de force et un plus grand impact au niveau du travail sur plusieurs dossiers et notamment celui des déchets. Il a insisté sur l’importance de la centralisation de la prise de décisions au ministère et non pas sur pas sur la mise en œuvre par les autorités locales. Il a aussi appelé à fédérer le ministère de l'environnement et des municipalités afin de travailler ensemble pour préserver l'environnement, car il ne s'agit pas seulement du dossier des déchets.
Le Mouvement écologiste libanais, par la voix de son représentant, M. Fadlallah Hassouna, a jugé nécessaire de déclarer l'état d'urgence environnementale au Liban, et a ajouté : « Nous ne réussirons pas notre travail si nous ne discutons pas d'environnement avec la population dans tous les districts du Liban. Nous pouvons ainsi atteindre nos objectifs en impliquant des personnes de différents groupes dans notre travail, ce qui lui donne plus d'importance et d'impact, car il est indispensable à l'État de droit et aux institutions. »
Samar Khalil a expliqué pour sa part, que l'objectif principal de la coalition est de changer la perception du dossier des déchets en général, car il est capable d'apporter un complément qualitatif au volet économique. Khalil a présenté toutes les violations et abus, notamment dans le dossier des déchets, exposant les difficultés à prendre des décisions étatiques, face à l'autorité des partis et des chefs de secte, même dans le dossier environnemental. Khalil a également présenté les étapes à suivre, afin que les personnes concernées puissent joindre la bonne voie pour résoudre les problèmes qui menacent l'environnement, soulignant que le changement est difficile et prend du temps, mais il est plus que nécessaire.
Le prochain séminaire organisé par l’OFP aura pour thème : La Gouvernance environnementale dans le secteur de l'eau et des eaux usées.
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