Le chemin de l’existence est pavé d’oscillations qui nous traversent et nous obligent d’être des êtres en continuelle réinvention. Nous avons tous eu l’esprit captivé par des images écrasantes du passé. Nous avons tous senti que nous sommes accablés par les limites et les contours de notre dure réalité. Nous avons été tous foudroyés en jetant un coup d’œil sur ce monde en mutation permanente. Nous avons été tous, pendant cette année, dépourvus et dépouillés parce que nous n’avons pas trouvé de voie convenable pour avancer. Il est suffisant de faire un tour d’actualité pour découvrir notre capacité à supporter les problèmes et les barbaries de ce monde qui se déshumanise progressivement.
Les Libanais ont pu dépasser tant d’événements qui les réduisent au silence de la désespérance en apercevant des injustices qui se commettent quotidiennement devant leurs yeux dans l’indifférence totale des responsables qui sont censés les arrêter. Oui, nous sommes une population entachée par tant de violences passées sous silence pour la simple raison d’avoir attaqué ou critiqué un discours politique. Nous sommes une population écrasée par le chagrin des mères des victimes de l’explosion de 4 août, par tant d’esprits et de cœurs exilés. Une population réduite à néant parce que ses dirigeants l’abandonnent dans le chaos. Une population profondément lassée, désabusée, meurtrie et plongée dans un monde où le baiser est devenu un risque pour la santé, où nous devons renoncer par nécessité, à ce qui fait de ce monde sa force et sa beauté.
Il est si difficile de ne pas se sentir coincé au Liban. Il est si difficile de poursuivre la quête de la vérité et la recherche de tout ce qui fait exploser nos singularités. Et pourtant, ne résigner pas c’est ouvrir la porte de la liberté, de l’audace et de la convivialité. Ne pas abandonner, c’est laisser une chance au vent du possible de rafraîchir nos âmes fatiguées et d’emporter avec lui nos souffrances. Il y a une infinité de tentatives qui plongent nos trajectoires dans une immense aventure. Le possible, c’est donc un monde où l’être humain pourra débattre sans se blesser et sans s’éteindre. C’est remplir les cœurs vidés pour faire balayer la haine, la violence et la cruauté. Le possible c’est aussi la secrète intuition qui nous fait miser sur notre propre réalisation, qui nous fait ressentir l’ambition et qui nous permet de croire en nos futures victoires.
La vie ne se résume pas à notre présent. La magie de la vie réside dans la justesse de nouveaux choix et la promesse de nouvelles voies. Alors continuons, espérons, osons rêver et réaliser avec détermination. La vie est un va et vient entre avancer et reculer, courir et ralentir, gagner et perdre, écrire et raturer, réessayer et triompher, rêver et réaliser.