Karim Rhayem : poète et futur médecin

Vendredi 21 janvier 2022

Karim Rhayem est actuellement étudiant en cinquième année à la Faculté de médecine (FM) à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ). Il est auteur d’une série de nouvelles, Amour et vengeance (2016), et d’un recueil de poèmes, Nyctophilia (2018). Il est aussi le conseiller de rédaction à Campus-J, le journal officiel des étudiants de l’USJ.

Propos recueillis par Joëlle Ahmarani.

 

Comment faites-vous pour jongler entre vos obligations d’étudiant en médecine et l’écriture ?

Pour moi l’écriture, c’est plutôt un loisir et un défoulement, et non pas une obligation. Je ne me fixe pas un temps nécessaire pour écrire que ce soit par jour ou par semaine. Je n’écris que quand je suis inspiré et c’est pour cela que je profite le plus de mes vacances et de mon temps libre. Je n’ai pas vraiment à jongler entre ma vie d’étudiant et ma vie d’écrivain. Le plus souvent, j’écris quand je suis trop accablé par le monde de la médecine.

Quelle est votre source d’inspiration ? Quel livre de quel auteur vous a poussé à écrire ?

Quand j’étais petit, j’ai commencé à lire les BD de Tintin qui m’ont introduit au monde de la fiction. J’ai appris à voyager à travers les mots dans un monde de fiction, comme dans la série de Harry Potter. Le fait qu’un auteur puisse, à travers ses mots, créer un univers et entraîner le lecteur avec lui dans cet univers m’intrigue beaucoup. J’ai découvert Guy de Maupassant, le récit fantastique et le monde de l’écriture à l’école grâce aux cours d’expression écrite où j’ai rédigé ma première nouvelle. Mes sources d’inspiration sont nombreuses. Guy de Maupassant est l’auteur qui m’a fait découvrir mon amour pour l’écriture. Il reste jusqu’à ce jour une de mes plus grandes sources d’inspiration. Marguerite Duras et Guillaume Apollinaire, écrivaine et poète respectivement, sont aussi des sources d’inspiration. Le cinéma, la musique et les faits actuels, politiques ou sociaux, régionaux ou internationaux, qui me font réfléchir me poussent à écrire des critiques.

Vous écrivez également sur la musique, le cinéma et l’art, comment avez-vous développé votre sens artistique ?

J’ai développé mon sens artistique de façon très organique. Cette fascination de ce genre littéraire, du surréel et de la peur, m’a orienté vers les productions artistiques qui exploitent ces sensations et vers le mouvement surréaliste. Les films et la musique m’ont aidé à développer mon sens artistique aussi. À chaque fois que je découvre un artiste ou un réalisateur ou un chanteur que j’aime, j’explore leurs univers. C’est ainsi que je découvre de nouvelles techniques artistiques.

Pensez-vous qu’il existe un lien entre la médecine et l’art ?

Je trouve que la médecine est un monde très exact et scientifique et que dans la science il y a bien de l’art, mais c’est assez restreint. L’art, surtout durant la Renaissance, était très inspiré par la médecine. La façon dont la médecine a inspiré l’art a évolué durant les siècles, depuis Léonard de Vinci qui a disséqué les cadavres pour illustrer le corps humain. Elle inspire l’art avec des questions presque philosophiques : peut-on arrêter le processus de vieillissement ? Devenir immortel ? Changer notre identité génétique ? Ces questions sont bien médicales, mais on peut « trouver » des « réponses » artistiques à ces questions qui n’ont toujours pas de réponses scientifiques.

Avez-vous des correspondances avec vos lecteurs ? Comment réagissez-vous à leurs commentaires positifs ou négatifs ?

Les plus belles correspondances sont celles avec les lecteurs qui me découvrent accidentellement. J’ignore les commentaires négatifs qui n’ont pour but que de critiquer. Je note les commentaires constructifs que je reçois, parce que c’est comme ça qu’on évolue en tant qu’écrivain. Bien qu’ils soient des avis personnels, je les prends en considération parce que j’aimerai plaire à un plus grand public. J’intériorise les commentaires positifs, parce que c’est important de savoir que nos écrits sont aimés et appréciés.

Parle-nous de tes 3 ouvrages.

J’ai 3 livres publiés avec les éditions Antoine. Amour et vengeance a été publié en 2016. C’est une série de 9 nouvelles. J’ai publié Nyctophilia en 2018, un recueil de 44 poèmes en français et en anglais. Le troisième livre qui sera publié le samedi 22 janvier 2022 s’intitule Lettres de l’être. C’est un ensemble de 44 poèmes divisés en 2 parties, chacune qui tourne autour d’une thématique principale. La première partie, L’être de lettres, évoque mes réflexions personnelles, mes sentiments, mes émotions, mes philosophies ; alors que la deuxième partie, Lettres de l’être, évoque des critiques sociales sur les tabous, les injustices, la politique, la religion, etc… Cette partie a été rédigée pendant la quarantaine et a été très influencée par la scène socio-politique libanaise, surtout après l’explosion du 4 août et le déclin fulgurant socio-politico-économique. La publication de ce troisième ouvrage sera célébrée par une cérémonie de signature qui aura lieu à Librairie Antoine à Hazmieh le samedi 22 janvier 2022.

 

Mieux connaître l’auteur :

Un conseil pour les écrivains en herbe qui hésitent à publier leurs ouvrages ?

Pas tout écrit est destiné à être publié. Il faut écrire pour se défouler, s’exprimer, et surtout pour réfléchir. L’écriture doit être cathartique pour l’écrivain avant que ça soit cathartique pour le lecteur. Il faut aussi avoir assez de confiance en soi-même.

Quel est votre roman préféré ?

Flowers for Algernon de Daniel Keyes.

Quel est votre auteur préféré ?

Marguerite Duras.

Quel est votre film préféré ?

The Lighthouse (2019) de Robert Eggers.

Quel est votre réalisateur préféré ?

Yorgos Lanthimos.

Quel est votre album préféré ?

Melodrama de Lorde.

Quel est votre chanteur préféré ?

Pour le moment, c’est Phoebe Bridgers.