La Faculté de droit et des sciences politiques (FDSP) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), a signé une convention avec la Faculté de droit de l’Université Lyon 3 pour le lancement d'un Master en droit public général comportant deux options : l'une de droit public approfondi et l’autre de droit public des affaires, donnant lieu à la délivrance d’un double diplôme par l’USJ et par l’Université Jean Moulin Lyon III.
Durant la cérémonie de lancement du master, qui a eu lieu à l’Amphithéâtre Gulbenkian du Campus des sciences sociales, le Recteur de l’USJ, Pr Salim Daccache s.j., a estimé que le fondement commun entre la ville de Lyon, son université et l’USJ, a porté ses fruits. « Non seulement au niveau des dizaines de milliers d’étudiants et de diplômés, précise le Recteur, mais aussi à celui de tout un patrimoine juridique qui s’est étendu à toute la région du Moyen-Orient, du Liban jusqu’à Dubaï, où un programme spécifique de droit est enseigné à des citoyens émiratis. »
« L’implantation de ce master est inscrite dans deux dimensions », poursuit Daccache. La première, celle soulignée par Paul Huvelin dans sa conférence inaugurale, est la fondation d’une Faculté de droit à l’USJ comme étant une continuité de l’Ecole de droit de Béryte, qui a élaboré, par ses efforts ingénieux, une réforme du droit romain issu des recueils de Justinien, dans le but d’accoucher de lois plus souples, qui sont une fusion entre le droit romain et celui de l’Orient ; et la deuxième, « qui s’inscrit dans des besoins, radicalement différents et beaucoup plus pressants, de notre Liban d’aujourd’hui et de demain. »
« 100 ans après la création du Grand Liban, nous sommes appelés à réfléchir sur la constitution de l’Etat, par le biais, en partie, des enseignants, des étudiants et chercheurs de ce master, ajoute-t-il. Un parcours qui s’inscrit pleinement dans la mission de la FDSP ». « La route est ouverte pour la formation d’excellents juristes en droit public, capables d’évoluer de manière autonome dans l’environnement changeant de notre monde politique libanais », conclut Daccache.
Le Président de Lyon 3, Pr Eric Carpano, qui a estimé que « le droit public, délaissé parfois, est un instrument de développement et de transformation démocratique, économique et social », a inauguré le master conjoint « avec émotion et honneur, tant les relations entre nos deux établissements sont inscrites dans notre histoire commune et nos liens qui dépassent celle de l’amitié. Ȇtre ici avec vous, dans ce contexte difficile, est un témoignage de notre soutien. »
« Nous sommes ici dans un des berceaux du droit romain, poursuit-il, donc c’est sur une terre de droit que cette Faculté est née sous l’impulsion de l’Université de Lyon et notamment du Pr Paul Huvelin, en 1913. Les documents historiques français présentent l’École française de droit de Beyrouth comme étant une filiale de l’Université de Lyon, comme sa fille, qui a grandi et s’est émancipée ; mais le lien familial perdure toujours, et je crois que cette coopération en est un exemple. »
« L’université de Lyon restera à vos côtés pour construire cette universitas franco-libanaise, qui est le point de rencontre de nos histoires et le terreau de notre coopération actuelle et future », conclut-il.
Le doyen de la Faculté de droit de Lyon 3, Pr Hervé de Gaudemar, a jugé de son côté, que « ce master est porté par la conviction que le droit public a toute sa place dans l’histoire actuelle du Liban et dans le travail de reconstruction. Le droit constitutionnel, la théorie du droit, le droit administratif, le droit des marchés publics, assure-t-il, sont des éléments qui, aujourd’hui, sont essentiels à la transformation du pays. »
« Ce n’est pas un master classique, poursuit-il, mais un double diplôme libanais et français, qui repose sur la présence d’enseignants français, d’échanges d’étudiants entre Lyon et Beyrouth et de rencontres entre enseignants. Cette formule est totalement inédite ; dès le départ, nous avons inscrit dans ce partenariat une forte ambition, qui va plus loin qu’un simple accord universitaire et une simple formation. »
Ce partenariat, célébré par Daccache, Carpano et de Gaudemar, est, selon la doyenne de la FDSP, Pr Léna Gannagé, « le prolongement naturel de cette histoire : celle du mariage improbable, au lendemain des lois françaises de 1905, entre l’Université de Lyon « peu suspecte de cléricalisme », pour reprendre les mots de Jean Ducruet, et les pères jésuites. Un mariage qui a donné naissance, au-delà des liens institutionnels, à des liens d’amitié qui se poursuivent encore aujourd’hui. »
« La relation entre Beyrouth et Lyon, poursuit L.Gannagé, a survécu à toutes les secousses qui ont marqué la région et le Liban en particulier, et qui donneront à la Faculté de droit de l’USJ cette vocation toute particulière, celle de préserver l’enseignement du droit, et au-delà, sa nécessité dans un environnement qui lui est de plus en plus hostile. »
« Le lancement du master dans ses deux options : droit public approfondi et droit public des affaires, intervient à un moment particulièrement critique de l’histoire libanaise », rappelle Gannagé. « Ce n’est pas un simple master qu’il s’agit d’inaugurer, c’est aussi un engagement de deux universités pour la survie du droit, a un moment où l’avenir même de celui-ci au Liban, suscite questionnements, doutes et interrogations. S’opposer à l’effritement progressif des institutions par le rappel des principes fondamentaux qui en régissent le fonctionnement, c’est l’une des vocations du master. S’opposer à la corruption généralisée qui mène à la ruine de l’État par le rappel de règles relatives aux marchés publics, au fonctionnement des institutions monétaires, au pouvoir de la Banque centrale, c’est aussi, l’une des vocations du master. »
La cérémonie de lancement a été précédée par une réunion de travail au rectorat de l’USJ, avec le Pr Salim Daccache, le vice-recteur aux relations internationales, Pr Carla Eddé, le doyen de la Faculté des sciences économiques, Pr Joseph Gemayel, la doyenne de la Faculté des lettres et des sciences humaines, Pr Myrna Gannagé, la doyenne de la FDSP, Pr Léna Gannagé, M. Eric Carpano, Président de l’Université Jean Moulin Lyon 3, M. Manuel Jobert, vice-président chargé de l’Europe et des relations internationales, M. Hervé de Gaudemar, doyen de la Faculté de droit de Lyon 3, M. Michael Karpenschif, responsable pédagogique du programme délocalisé à Beyrouth du master Droit public, Mme Valérie Tempere, responsable des programmes délocalisés et Mme Alida Sahli, coordinatrice du pôle projets européens et internationaux et coordinatrice de la zone Proche et Moyen-Orient.
Les échanges ont porté sur le renforcement de la coopération entre l’USJ et Lyon 3, non seulement au niveau des projets qui existent, mais aussi en ce qui concerne les échanges d’enseignants, de chercheurs et d’étudiants, les diplômes intégrés, et la francophonie, avec notamment la Chaire Léopold Senghor.
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