Par Carole Awit, in L'Orient - Le Jour, jeudi 14 octobre 2021
Doctorante en neuropsychologie et neurosciences cliniques en cotutelle entre l’Université Saint-Joseph et l’Université Picardie Jules Vernes d’Amiens, Rania Kassir a participé, avec 23 finalistes issus du monde francophone, à la finale internationale de la compétition interuniversitaire « Ma thèse en 180 secondes » (MT180) organisée par le CNRS français et la Conférence des présidents d’université (CPU), chacun représentant son pays. La jeune femme avait en effet remporté la finale nationale de MT180 organisée le 3 juin dernier par l’AUF Moyen-Orient et le CNRS-L. C’est à Paris, le 30 septembre, depuis le studio 104 de la Maison de la radio et de la musique, que les doctorants ont pu exposer leur travail devant un public international et les internautes du monde entier. « Ce concours incite les doctorants à vulgariser leurs sujets de thèse qu’ils apprennent à exposer. Ainsi, ils acquièrent des compétences nécessaires à tout chercheur qui devrait être capable de pouvoir parler à la collectivité de ce qu’il fait », note l’orthophoniste Rania Kassir, inscrite en 3e année de doctorat, qui se félicite d’avoir eu l’audace de se lancer dans cette aventure formatrice. La jeune femme de 26 ans, dont la thèse porte sur les interactions entre fonctions exécutives et langage chez des locuteurs bilingues, s’est prêtée avec enthousiasme au jeu de la présentation brève d’un travail scientifique de longue haleine. En participant à cette compétition internationale, Rania Kassir a souhaité mettre en lumière l’intérêt et l’utilité de son travail de recherche. « Pour moi, le véritable challenge consistait à permettre aux autres de comprendre en 180 secondes sur quoi porte ma thèse sans en ôter la valeur scientifique. Normalement, ce type d’exercice nécessite 15 à 20 minutes de parole, et il n’est pas vraiment facile de ne pas dépasser les trois minutes d’exposé », précise-t-elle.
Une expérience édifiante
« Depuis le début de la pandémie, nous sommes nombreux à avoir perdu l’habitude de nous exprimer devant un auditoire et d’être au centre de l’attention du public ; cette compétition m’a permis de réapprendre à m’exprimer aisément et de façon claire et structurée », souligne la candidate libanaise. Avant de remporter la finale nationale de MT180 en juin dernier, Rania Kassir a pu suivre des formations dispensées par l’AUF Moyen-Orient et le CNRS-Liban qui l’ont également accompagnée lors de la préparation à la compétition internationale. « La Dr Tamara el-Zein du CNRS-L et mes directeurs de thèse, les professeurs Halim Abboud et Olivier Godefroy, m’ont aidée à proposer à l’auditoire, qui n’est pas familiarisé avec mon domaine de spécialisation, un contenu accessible comportant des informations scientifiques claires et précises. J’ai également travaillé avec Alexandra Kodjabachi qui m’a coachée pour préparer ma présentation », explique la doctorante.
Bien qu’elle n’ait pas remporté la finale internationale de MT180, la jeune femme a vécu une expérience édifiante. Elle a eu l’occasion inédite de faire la connaissance des 23 doctorants francophones avec qui elle a pu échanger. « Chacun a sa spécialisation, son domaine de recherche et sa culture, ce qui a rendu nos discussions passionnantes. Cela m’a permis de me rendre compte que, quels que soient notre nationalité et nos centres d’intérêt, nous cherchons tous à faire avancer la recherche malgré les difficultés que nous rencontrons lors de notre parcours », souligne Rania Kassir. « Les participants et moi-même avons eu l’occasion de discuter avec Frédérique Vidal, la ministre française de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, qui a assisté à la finale de MT180. Nos échanges ont notamment porté sur l’implication des femmes dans la recherche », ajoute-t-elle. Lors de son séjour en France, la chercheuse en neuropsychologie et neurosciences cliniques a pu également participer au forum des Nouvelles initiatives de médiation scientifique (NIMS) portant sur les pratiques en matière de médiation. Rania, qui ne garde que de bons souvenirs de sa participation à cette compétition, conseille enfin aux doctorants libanais de prendre part à la prochaine édition nationale de MT180, persuadée qu’il s’agit d’une expérience formatrice d’une grande utilité pour leur parcours.