Dès mes premiers jours en tant qu’étudiante en interprétation on m’a clairement annoncé qu’un interprète ne s’arrête jamais. Cette déclaration avait glacé le sang dans mes veines, comme si une mission impossible m’attendait. Je ne savais simplement pas que j’en deviendrai la preuve vivante.
Me voilà, deux ans plus tard, prête à vous le confirmer : rien n’arrête un interprète ! Ni les révolutions ni les responsabilités civiles, ni les pandémies, ni les confinements, ni les coupures de courant, ni la connexion introuvable, ni les crises économiques, politiques et sociales, ni les hyperinflations, ni l’anxiété, ni la troisième plus grande explosion au monde, ni la capitale qui agonise, ni le campus qui saigne, ni l’incertitude, bref… ni le fait d’être Libanais.
Être Libanais : ce fait que le comédien Roda Fawaz a décrit par « un métier qui exige un seuil de résistance au stress élevé ».
Il est vrai que pas tous les Libanais sont interprètes, mais je suis sûre que tous les interprètes sont, d’une façon ou d’une autre, libanais. Il suffit d’allumer le micro pour que le stress devienne votre âme sœur, tout comme il suffit de porter en vous le sang des cèdres pour que les soucis vous accompagnent jusqu’à la dernière heure.
De nos jours, être formé à Beyrouth pour devenir interprète c’est simplement être formé pour rejeter par un coup de revers toutes les balles que la vie vous lance à tort et à travers.
Malgré tous les défis que j’ai dû surmonter durant ces deux années je quitte l’ETIB avec une vague à l’âme qui sans doute se transformera en nostalgie. Je quitte l’ETIB avec des souvenirs que je garderai en moi à jamais…
Je lève mon verre ce soir,
À vous, à l’ETIB,
À ce métier de résilience,
À de nouvelles aventures…
Jana CHALHOUB
M4- Interprétation