La Faculté de médecine (FM) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) a organisé, le 2 juillet 2021 au Campus des sciences médicales, une cérémonie de remise des diplômes de Doctorat en médecine et de Master de recherche à ses étudiants de la promotion 2021, marquée selon le Pr Salim Daccache s.j, recteur de l’USJ, par un « soulagement pourtant mesuré », mais partagé par l’administration de l’Université et de la Faculté, les enseignants et les parents qui ont suivi la cérémonie en ligne.

« Le défi du cumul des crises, ajoute Daccache, vous l’avez relevé par votre assiduité et votre esprit de collaboration avec les autorités de la Faculté. Ce défi des crises sanitaire, politique et économique, ainsi que la catastrophe de l’explosion du 4 août, le monde médical et soignant ne l’a pas approchée comme une fatalité, même si beaucoup de médecins l’ont saisie comme une opportunité pour mieux servir, mieux soigner et sauver. Cette belle leçon d’abnégation et d’exercice d’intelligence, que ce soit au niveau individuel et communautaire, demeurera un testament éthique et hippocratique inscrit dans votre mémoire pour toute une vie professionnelle bien réussie. »

Le recteur de l’USJ a saisi cette opportunité pour remercier, en son nom, celui de l’Université et de l’Hôtel- Dieu de France « ceux et de celles qui ont participé au sauvetage du 4 août et, avant cela, les blessés de la révolution et ceux et celles qui ont participé durant de longs mois au combat acharné contre le Covid 19.  Nous ne pouvons que rendre hommage ensemble, poursuit Daccache, aux médecins et soignants qui ont donné leurs vies dans cette lutte contre la pandémie, meilleur exemple et modèle du médecin qui n’hésite pas à respecter le serment qui le mène à donner les soins nécessaires à tout patient. »

« Nous demeurons prisonniers d’une crise économique et financière, sinon d’un complot conscient ou inconscient de la part de certains groupes, dont le but est de détruire l’hôpital avant-gardiste ainsi que l’enseignement supérieur libre. Devant cette situation, la tentation de fuir est bien réelle et se présente comme une alternative, mais à qui laisser ce pays ? », martèle Daccache. « Notre cause, d’aujourd’hui et de demain, affirme-t-il, est de garder notre Liban dans nos mémoires et dans nos consciences, car notre pays représente nos racines biologiques, morales et spirituelles comme le cèdre dont les racines sont enfouies dans notre terre et dont les branches qui sont nourries par les racines, demeurent libres et vertes, énergiques pour toujours. »

De son côté, le Pr Roland Tomb, doyen de la Faculté de médecine, n’a commencé son discours par un réquisitoire contre le désespoir, le défaitisme, « la lassitude, la reddition, la contagion des départs et des abandons », que pour appeler ardemment à la résistance. « Beaucoup d’entre nous ont considéré le Liban comme un casino, martèle Tomb, un casino où on pouvait gagner à tous les coups, un casino où on pouvait s’enrichir, même sans jouer, même en dormant. Le casino, ce casino a fini par faire faillite, par imploser ; c’est alors que beaucoup se sont mis à la recherche d’un autre casino, sous d’autres cieux. »

« Et si on changeait de perspective ? et si on regardait notre pays comme on regarde un parent proche, un parent malade, un parent éprouvé, un parent gangréné par la maladie, est-ce qu’on l’abandonnerait ? Est-ce qu’on abandonne si facilement ce qu’on aime et ceux qu’on aime ? », demande le doyen de la FM, avant de poursuivre son exhortation : « Qu’avons-nous fait pour notre pays ? Nous l’avons exploité comme un casino. Nous avons élu et réélu les mêmes mafieux corrompus. Nous avons abdiqué notre souveraineté, notre décision nationale, notre sens de la justice et de la solidarité, nous nous sommes couchés devant les tyrans, ceux-là mêmes qui ont défiguré notre pays, qui ont braqué notre argent et désespéré notre jeunesse. Après tant de lâchetés, nous tentons la lâcheté suprême : fuir. Fuir « ce pays » comme disent certains, fuir cette situation, fuir ces dirigeants. » 

« Mais le Liban n’appartient pas à ses dirigeants, affirme Tomb. Le Liban n’appartient ni au président de la république ni au président de la chambre ni au chef du gouvernement, ni aux ministres, ni aux députés, ni aux chefs de partis, encore moins à telle puissance régionale qui tient à nous mettre sous sa tutelle. Le Liban est à nous, le Liban est à vous.  Allons-nous leur abandonner ce qu’ils ne nous ont pas encore pris : notre terre, nos villages, nos maisons, nos souvenirs, nos universités, nos hôpitaux ? Notre lâcheté, nous la qualifions parfois de résilience mais la résilience est une arme à double tranchant : elle nous autorise à subsister, mais elle nous fait supporter parfois l’insupportable.  Arrêtons de nous coucher. Arrêtons d’avaler notre dignité, reprenons en main notre destin. »

Et pour « montrer par l’action et non pas par la seule parole, que nous ne baissons pas les bras », le doyen de la FM a tenu à rappeler la réussite de plusieurs exploits : avoir réussi, peut-être les seuls au Liban, tous les examens en présentiel « pour qu’on ne dise jamais que nos diplômes ont été bradés », le nombre des publications annuelles dans les revues internationales a plus que doublé et les trois nouveaux bâtiments : celui du Centre de simulation et les deux bâtiments « reliés par une passerelle, et entièrement ouverts sur le jardin, qui vont constituer la nouvelle Faculté de médecine. »

Célina Doueihy, classée première de la 7^ème année, a prononcé le mot des étudiants, dans lequel elle invite ses collègues à faire face au négativisme, à la corruption et à la terreur, et la cérémonie a été clôturée par la remise des diplômes et le Serment d’Hippocrate prononcé par le major de la promotion Nour Abdallah.

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Visualisez la Vidéo de l'allocution du Pr Roland Tomb, Doyen de la Faculté de médecine

- Mot du Pr Salim Daccache s.j., Recteur de l'USJ

- Allocution du Pr Roland Tomb, Doyen de la Faculté de médecine (version française)

- Allocution du Pr Roland Tomb, Doyen de la Faculté de médecine (version arabe)

- Allocution du Pr Roland Tomb, Doyen de la Faculté de médecine  (version anglaise)

- Mot des étudiants prononcé par la classée 1ère de la 7ème année Célina El Doueihy

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