Le logo de la campagne.
Par Edward Sfeir, in L'Orient - Le Jour, jeudi 27 mai 2021.
Réunion du comité Génération H.O.P.E. au musée MIM, avec Salim Eddé. Photo DR
Face aux multiples crises que traverse le pays, les étudiants de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) se serrent les coudes. Solidaires et motivés, ils lancent, avec le soutien du conseil général des étudiants, le lundi 31 mai à 19h, une vaste campagne de levée de fonds intitulée Génération H.O.P.E., pour « Help Others Pursue (their) Education » (Aidez les autres à poursuivre leur éducation). Un événement qui sera retransmis en direct sur la page Facebook de l’USJ.
La campagne vise à aider les étudiants à payer leur scolarité pour qu’aucun d’eux ne soit obligé de renoncer à ses études pour des raisons financières. Elle est menée par les étudiants pour les étudiants et compte sur la solidarité et le patriotisme des bénévoles et des donateurs potentiels qui seront sollicités par le centre d’appels de la campagne suivant une approche individuelle et personnalisée. Selon les jeunes organisateurs, les dons seront prioritairement accordés aux étudiants les plus en difficulté financièrement.
« L’éducation est notre seule chance de bâtir un Liban meilleur et changer cette dure réalité que nous vivons, d’où l’importance de notre campagne au niveau national », explique Michel Jarrache, étudiant en deuxième année d’économie et directeur de la campagne. Cette campagne instaure une nouvelle culture à l’USJ, avec 90 volontaires répartis en six comités dédiés : constitution de réseaux, base de données, centre d’appels, recrutement, marketing et relations publiques, responsabilité sociale des entreprises. « C’est une première dans la région de voir des étudiants assumer la responsabilité de faire bouger les choses et de trouver des solutions. C’est un nouveau modèle de levée de fonds que les étudiants de l’USJ mettent en place », souligne Gloria Abdo, directrice du service de la vie étudiante à l’USJ.
Michel Arrache souligne qu’aucun montant précis n’a été fixé comme objectif car « le besoin est en croissance exponentielle ». « Déjà près de 48 % des étudiants bénéficient d’une aide sociale, nous espérons aider le plus grand nombre de jeunes possible », ajoute-t-il.
La campagne espère constituer un réseau international de donateurs potentiels composé d’anciens de l’USJ mais également de personnes qui ne connaissent pas l’établissement. Contrairement à d’autres initiatives, Génération H.O.P.E. veut aider les jeunes à rester au Liban, et non à s’expatrier. « Il faut avoir de l’espoir en demain. C’est avec de telles initiatives et une participation citoyenne active de nos jeunes que nous sauverons le Liban », commente Gloria Abdo.
Inquiets de devoir payer leur scolarité au taux de 3 900 LL pour un dollar, en février dernier, les étudiants ont présenté l’idée de Génération H.O.P.E au service de la vie étudiante. C’est ainsi que cette campagne a pris forme, soutenue par les différentes structures étudiantes de l’USJ : les bureaux des amicales, les délégués académiques, les clubs étudiants et le journal officiel des étudiants Campus-J. L’université, quant à elle, a aidé les étudiants en mettant à leur disposition aussi bien ses ressources humaines – employés, contacts, expertises – que des ressources financières et logistiques : locaux, matériels, connexion internet, accès aux campus.
Pour les étudiants, s’entraider est avant tout un acte citoyen
« L’enseignement à l’USJ va au-delà des objectifs académiques. On nous apprend avant tout à être de bons citoyens et à avoir des valeurs humaines. Il est grand temps d’appliquer ce que l’on nous enseigne », estime Jean-Marie Sleiman, étudiant en troisième année de génie civil et responsable du comité marketing et relations publiques.
Pour les élèves, cette campagne n’est pas uniquement une nécessité en temps de crise mais aussi un devoir qu’ils ont les uns envers les autres et envers le pays. « L’éducation est un droit humain. Elle est au fondement de toute société développée », observe Céline Balaa, étudiante en troisième année de licence en sciences de la vie et de la terre-biochimie et responsable du comité de constitution des réseaux.
Soulignant le fait que l’USJ, malgré l’ampleur de la crise, a conservé le taux de change du dollar à 1 515 LL afin de permettre à tous d’accéder à l’éducation, Perla el-Ahmar, étudiante en première année de master information et communication et membre de l’équipe de gestion de la campagne, conclut : « Il est aujourd’hui de notre devoir de lui rendre la pareille et de sauver la communauté de l’USJ, étudiants et institution. »