On dit que les âmes attendent avant de revenir sur Terre. Néanmoins, Verdi et Bellini deux grands compositeurs s’acharnent sur les pensées juvéniles italiennes qu’ils hantent il y a bien longtemps. Crépitant d’un amour ardent la musique, jeune demoiselle issue d’une modeste famille et n’étant guère consciente du don inné qu’elle détient, elle consacre sept ans de sa vie pour des études de violon. Destin incontournable, cette dernière est remarquée par un professeur du Conservatoire Morlacchi de Pérouse alors qu’elle stridulait l’« Air des Bijoux» de Faust. À vrai dire, on dispose de très peu de renseignements sur son chaudron musical – bien avant de déchaîner une carrière de cantatrice d’une brève étendue – et ce jusqu’à nos jours. Si jeune et si innocente, Anita Cerquietti sort de son cocon de 13 Avril 1931 à Montecosaro, en Italie. De nature mélomane, la bambine belcantiste s’empare de son tout premier rôle principal en 1951 dans « Aïda » de Verdi alors qu’elle n’avait même pas 20 ans! Dès lors, cette dernière perce un monde raffiné et « tiré à quatre épingles ». D’un triomphe à un autre, elle se faufile un peu partout en Italie. C’est alors qu’en 1953 Cerquetti performe en alternance avec Callas dans « Aïda » et se lance en 1954, avec «Il Trovatore » au Teatro Verdi de Sassari, et avec « La Forza del Destino » au Teatro Verdi de Pise. Deux années plus tard, elle point aux Arènes de Vérone avec Nabucco de Verdi. À ce qu’il paraît, les chefs-d’œuvres verdiens lorgnent soigneusement, çà et là, le trèfle à quatre feuilles cerquettien. Toutefois son âge d’or prend son envol en 1958 – année qui bouleverse le cours de cette ère sereine – aux côtés de Norma au Teatro Massimo Bellini de Catane, d’«Il Pirata » à Palerme ; de Nabucco à La Scala de Milan où elle s’approprie un triomphe incomparable. En outre, Bellini lui réserve un ébahissement inattendu : Le 2 Janvier 1958, jour où Maria Callas inaugure la saison lyrique avec Norma au Teatro San Carlo de Naples en présence du président de la République Gronchi ainsi qu’un grand nombre de personnalités. Une fois l’acte I terminé, Callas s’enferme dans sa loge avec une cheville foulée n’étant point capable d’enchaîner sa performance. Par conséquent, le cirque scandaleux de la presse prit place et le reste de l’Opéra est annulé par absence de doublure ce soir-là. Bref, suite à cet incident, Anita Cerquietti est appelée pour prendre le relais sur le reste des représentations. Hélas, malgré les critiques dithyrambiques à l’égard de la Soprano, le verdict des exigeants directeurs des prestigieux « temples » lyriques reste sans merci et l’ignorent. Tout le monde se foutait de Cerquetti, la petite fleur « fragile » qui affleurait toujours dans le jardin belcantin, un jardin dépourvu de pitié ; rempli de bourreaux. Cependant, ce « tout le monde » se repaissait du festin que La Callas ou Tebaldi présentaient sur scène, enterrant la vive mémoire d’une prénommée Anita Cerquetti qui n’eut jamais l’honneur de savourer un succès sur les séduisantes planches tyranniques – à l’exception d’une Norma mémorable à La Scala en 1958 - avant qu’elle ne s’éclipse définitivement en 1961 pour ne plus jamais se produire devant un public. Dorénavant, elle consacre le reste de ses jours à l’enseignement du chant classique à Rome où elle réside avec son mari, un certain Baryton « Edo Ferretti » et leur fille « Daniela ». En revanche, lui cassant du sucre sur le dos, les rumeurs rabâchent qu’elle s’est réfugiée dans l’ombre parce qu’elle souffre d’une soi-disante maladie, ce qu’elle nie en affirmant qu’elle a préféré consacrer sa vie à sa famille, bien avant que sa flamme ne s’éteigne le 11 Octobre 2014 à Pérouse.
En fin de compte, l’Histoire aurait peut-être voulu condamner une carrière qui n’a pas eu le temps d’éclore. Par contre, cette disparition voire cette intrigante distance des projecteurs demeure un vrai mystère. L’artiste s’égosillait-elle ? La névralgie du trijumeau serait-elle responsable de l’oubli de la cantatrice ?