Par Carole Awit, in L'Orient - Le Jour, jeudi 1 avril 2021.
Titulaire de nombreux diplômes universitaires, Férial Assha, la cinquantaine, fréquente toujours les bancs de l’université, soucieuse de se cultiver pour être utile au sein de la société.
« Les études supérieures que j’ai suivies m’ont servi de parcours initiatique à la découverte de moi-même et des autres et m’ont aidée à m’investir dans des relations riches et de qualité », assure Férial Assha, inscrite en 1re année de doctorat en santé publique à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ). Continuer à acquérir des connaissances est le credo de cette quinquagénaire curieuse de tout et persuadée que l’heure de la fin des découvertes ne sonne jamais. Sa jeunesse a été rythmée par de nombreux allers-retours entre la France et le Liban. Après l’obtention de son baccalauréat, Férial Assha s’installe en France, et obtient, en 1988, un diplôme technique de secrétariat général des établissements Pigier à Paris. Dans la capitale française, elle passe le brevet national de secourisme, adhère à la Croix-Rouge et se met au service de la population locale en aidant notamment des malades qu’elle accompagnait en pèlerinage à Lourdes. Les nombreux voyages qu’elle va effectuer en France et en Europe vont la transformer. « J’ai pu découvrir ce qu’est la culture : la découverte de l’autre et de ses différences, explique-t-elle, j’ai appris à sortir de ma zone de confort en y puisant une profonde joie, loin de l’obligation coercitive de l’adaptation forcée. J’ai également compris que les mélanges du multiculturalisme sont une chance. »
Une motivation sans faille
Férial Assha témoigne d’un parcours atypique. Après dix ans d’exercice en tant qu’assistante médicale et aide opératoire en France, elle rentre au Liban, décide d’entreprendre des études en sciences infirmières et obtient, en 2007, une licence de l’Université de Balamand qu’elle complète, en 2011, par un diplôme universitaire en pastorale de la santé de l’USJ (présence de l’Église dans le domaine de la santé, en œuvrant après des malades et de leurs familles, NDLR). Souhaitant contribuer à faire évoluer la société libanaise en aidant la population locale à anticiper, à faire face et à gérer toutes sortes de conflits, elle se forme, toujours à l’USJ, en 2010 et 2011, à la médiation interculturelle et au dialogue interreligieux. « La médiation exigeait une expertise en communication, ce que j’acquis, en 2011, en suivant les cours de master en information et communication, aussi à l’USJ. En 2012, le diplôme universitaire en spiritualité des religions obtenu de cette même université m’a ouvert les portes de l’enseignement du fait religieux dans le cycle primaire au Collège protestant français pour une durée de quatre ans », raconte Férial Assha. Il ne s’agit pas de sa première expérience dans l’enseignement. Cette passionnée de littérature est en effet titulaire, depuis 2010, d’une licence en lettres françaises de l’USJ. « Ce respect de l’autre à travers la découverte de sa croyance et de sa culture que j’ai tenté de transmettre aux enfants m’a poussée à aller plus loin dans ma recherche : c’est ainsi qu’en 2015, j’ai obtenu un master en relations islamo-chrétiennes dont le sujet de mémoire portait sur mon enseignement du fait religieux », ajoute cette boulimique de savoirs. Férial Assha prend également le temps de sensibiliser les enfants au développement durable et à la protection de l’environnement au sein du Collège protestant français. Ayant pris conscience de l’importance de la prévention des maladies ainsi que la promotion de la santé pour tous, elle décide de se spécialiser et obtient, en juin 2019, un master en santé publique à l’USJ. « L’expérience de l’enseignement du fait religieux ayant été une telle source de joie de par son interactivité avec le monde de l’enfance, j’ai pris la décision de développer une thèse en santé publique soulevant le problème de la sensibilisation des enfants du cycle primaire aux difficultés de leurs camarades différemment capables », souligne la chercheuse.
L’importance de se former
S’instruire pour partager ses connaissances avec les autres, quel que soit leur âge, donne un sens à la vie de Férial Assha et lui procure, selon ses dires, un immense sentiment de plénitude. « Je ne peux qu’encourager les personnes qui seraient tentées de reprendre des études à oser aller jusqu’au bout de leur intuition, si elles pressentent en elles quelque chose d’inaccompli ou d’inachevé », souligne celle qui a passé de nombreuses années de sa vie sur les bancs de l’université.
« Mon vécu m’a permis de prendre conscience qu’une formation intellectuelle solide doublée d’une éthique personnelle à toute épreuve sont les seules armes qui permettent à l’être humain de prendre de la hauteur par rapport aux catastrophes sanitaire, environnementale et économique », assure Férial Assha. Elle estime que les jeunes Libanais, découragés par la situation de crise économique et financière qui sévit en ce moment dans le pays, ne doivent pas délaisser leurs études parce que, selon elle, une éducation de qualité est la clé d’un avenir meilleur. « Les étudiants sont la population active de demain par qui le Liban devra se reconstruire : leur responsabilité est de prendre conscience des problèmes qui se posent, de se battre pour faire changer les mentalités afin qu’ils puissent s’assurer et assurer à leurs enfants une vie décente enracinée dans la terre qui les porte par ses générosités, ses richesses, sa culture unique. »
Si Férial Assha a choisi de se consacrer pleinement à la recherche en rédigeant une thèse de doctorat, elle trouve toujours du temps pour écrire. Elle développe actuellement des histoires pour enfants qu’elle espère pouvoir partager bientôt avec de jeunes lecteurs.