Parlons de la scène franco-libanaise pour le mois de la francophonie !

Myriam Hindi
Mardi 30 Mars 2021
Organisateurs


Dans le cadre de l’évènement « Mon Liban Francophone », en collaboration avec l’Institut français du Liban et l’Agence Universitaire de la Francophonie, Christelle Karkour et moi, étudiantes en première année de lettres françaises, avons recueillis quelques propos des figures de proue de la scène franco-libanaise concernant l’état de cette scène-ci que nous souhaiterions partager avec vous !

Quelle serait la place du théâtre français aujourd’hui, au sein d’un Liban effondré ?

Paul Matar, directeur du théâtre Monot : Il faudrait commencer par répondre à la première partie de la question : quelle est la place du théâtre tout court. La place du théâtre est toujours la même, nous sommes toujours en crise d’une manière ou d’une autre. Que ce soit durant les temps pacifiques ou durant les temps de crises et de bouleversements, le théâtre n’a qu’un seul rôle : il est le témoin de la société dans laquelle il est représenté, joué. Le théâtre est un relais entre le monde et la société.

Elie Yazbek, ancien directeur de l’IESAV : Aujourd’hui, avec la pandémie et la crise financière, il n’y a plus de théâtre du tout, qu’il soit francophone ou pas, toute l’activité théâtrale est en arrêt. Si on estime que les théâtres peuvent reprendre d’ici quatre mois, on ne sait certes pas si un théâtre francophone pourrait démarrer dès la réouverture des salles. Il faudrait commencer par un théâtre populaire, et donc arabe, pour relancer la cohabitation entre théâtre populaire et théâtre de qualité francophone. Par ailleurs, il faut un soutien financier, qui ne viendra sûrement pas de l'État, mais peut-être de l’Institut Français, pour monter une pièce qui joindrait le théâtre francophone de qualité à la culture populaire.

Josyane Boulos, 62 events : « Ma mission est de sélectionner pour vous la crème de la crème des pièces de théâtre du monde Francophone et de les produire ici, au Liban, pour une nouvelle expérience théâtrale et un divertissement inégalé » (Source : 62events.com)

Alors nous avons deux facettes. Le théâtre libanais en français, et les productions françaises. Même si l’anglais est de plus en plus répandu, le français a encore un grand public au Liban, surtout chez les plus de quarante ans. Par contre, à cause de la crise économique, il sera quasi-impossible d’importer des pièces de l’étranger, sauf si nous trouvons des subventions. Je répète actuellement une pièce en langue française (à la base, américaine), à deux personnages, en espérant la présenter bientôt. Et en même temps, j’écris une pièce en libanais. Pour moi mes deux cultures sont indissociables et je passe de l’une à l’autre avec beaucoup de joie.

Joumana Debbané, responsable du festival de Baalbek : Le Liban étant dans une situation très difficile aux niveaux économique et sécuritaire, et aggravée par la pandémie, le Festival de Baalbek ne baisse pas les bras ; il est important de continuer à promouvoir le secteur culturel, car la culture est un message de paix et de continuité.