« Salam Li Beirut », de Bechara Moufarrej…

Myriam Hindi
Mardi 09 mars 2021
Organisateurs


Beyrouth, drame, tragédie inépuisable... Muse éternelle… L’image honnie du Phénix ne nous empêche pas d’apprécier la production artistique qui ne manque jamais d’ébranler nos plus profondes émotions, et qui, qu’on le veuille ou non, constitue une certaine forme de résilience. Oui, résilience, ne m’attaquez pas pour avoir osé prononcer – ou écrit – ce substantif tant réitéré, mais, finalement, toute cette production artistique constitue une forme de résilience, parce que pour ceux qui n’ont pas la possibilité de « fuir » Beyrouth, pour ceux qui ont un amour incommensurable pour leur patrie, oui, pour ceux-là, l’art est l’unique « bandage » qui peut « bander » leurs plaies, l’unique antidote aux maux de leurs âmes. L’art est ce qui leur permet de continuer, et par conséquent, permettez-moi de dire « d’être résilients ». Ce n’est pas pour s’en tenir uniquement à cette résilience que je ressasse ce mot, c’est parce que sans cette résilience, la lutte n’est en aucun cas envisageable. Continuer avant de lutter. 

Bref, j’en viens à ce qui m’a poussée à rédiger ce préambule : « Salam Li Beirut » divinement bien chanté par Bechara Moufarrej. Ce morceau d’opéra récent apaise toute âme qui ne connaît plus de repos depuis la tragédie dont nous n’avons plus besoin de rappeler l’intrigue. Un hymne de paix pour panser toutes ces âmes meurtries, une voix, des accords qui purgeraient la plus lourde des peines. Un hymne de paix qui touche du doigt le cœur de l’atrocité de la situation, ce qui empêche l’Histoire d’ensevelir ce crime, ce qui nous empêche d’oublier. Plus nous multiplions les moyens d’expression, plus nous sommes inventifs dans notre manière de combattre un marasme de plus en plus venimeux et persistant, plus notre tragédie sera gravée avec un maximum de clarté sur les pages de l’Humanité. L’œuvre de Bechara Moufarrej participe pleinement à l’écriture de notre Histoire, et, d’un autre côté, permet aux meurtris qui ont la volonté de continuer de pouvoir le faire et de la sorte, de pouvoir toujours et inlassablement revendiquer une patrie dans tous les sens du terme : « Beyrouth est en Orient le dernier sanctuaire, où l’homme peut toujours s’habiller de lumière ».