La fleur de jasmin a la particularité de mourir quand elle boit le sel des larmes. 

N’enveloppez pas mon corps d’un linceul. La terre souffre d’une allergie d’après le diagnostic de son médecin. Quand viendra l’hiver, je dirai à mon âme : va te purifier ! Elle s’élancera dans sa blanche robe de majesté comme un faucon sur le dos d’une gazelle. Une ou deux fleurs suffisent. Le reste, suspendez-les à la porte d’une nuit fiévreuse de deux jeunes mariés.

Ne versez pas votre tristesse dans la blancheur de la nuit. La vérité, je l’ai toujours cherchée chez les poètes maudits. Le poète est un cheval anéanti dans la poussière de la lumière. Dresse-toi cheval ! Dresse-toi sceptre royal. Scelle ta jument et égorge-la. Soumets la terre à ta clairvoyance. Ô char du soleil et de la lune. Sois une hirondelle dénuée de souillure de la terre. La lumière de l’anéantissement t’appartient. Le temps et ses vestiges t’appartiennent. Dans la non-attente et le non-lieu, tu marches dans ta vision. Marche dans ta vision, porte la croix. Mais elle sera trop lourde pour toi. Détruis ce que bon te semble. Des vestiges naissent les remparts du ciel. Les épuisés de la terre t’attendent dans l’écho de la lumière comme un troupeau de pécheurs le jour du dimanche saint. Enlace-les. Répands ta lumière et fais-les pénétrer dans ton anéantissement. Étreints tes ombres et ressuscite les enfants de la faute. Fais de la terre ce que bon te semble. Et des Hommes aussi. La terre est amputée de sa lumière. Entre dans la ville comme celui qui a vu le jour à Bethléem. Du haut de ta monture, jette ta lumière. Dieu est alphabet depuis la Phénicie. Rien n’est plus proche de Dieu que la voyelle féminine.

Déposez sur mon cercueil une ou deux fleurs de jasmin, et quelques graines pour que les moineaux m’accompagnent dans ma solitude.