Dès le début de la pandémie, l’USJ s’est mobilisée dans toutes ses structures afin de combattre ce fléau et aider avec toutes les compétences existantes : hospitaliser, traiter, diagnostiquer, prévenir et surtout éduquer. Sans oublier la prise en charge psychologique des malades et leurs familles et une ligne téléphonique pour des consultations rapides à distance et des conseils utiles, afin de désengorger les urgences et les consultations de l’Hôtel-Dieu de France (HDF), Centre hospitalier universitaire de l’USJ.
Université de recherche, l’USJ ne pouvait que s’impliquer et se lancer dans les recherches pour faire face à la pandémie. En effet, dès les premiers cas de COVID-19 au Liban, l’USJ a lancé des programmes en recherches et innovations pour comprendre la physiopathologie de ce virus, combattre et prévenir les infections, mais également entreprendre plusieurs programmes en innovations médicales dont les résultats sont déjà prometteurs.
Au total et à ce jour, à peu près 72 projets de recherche appliquée et fondamentale ont été lancés par les équipes de recherche de l’Université : projets interdisciplinaires, portant sur divers aspects, allant de la physiopathologie et la virulence virale, passant par la transmission nosocomiale, la prise en charge des patients et du personnel soignant, l’identification du virus et de sa virulence, la création d’un robot et la conception d’un revêtement antiviral, etc.
En effet, parmi les projets entrepris, beaucoup sont des projets interdisciplinaires entrepris en collaboration avec les chercheurs des facultés des sciences médicales et infirmières, des sciences humaines et sciences de l’ingénieur, notamment pour les projets qui misent sur l’innovation.
Les 48 projets entrepris au niveau de l’Hôtel-Dieu de France sont orientés bien entendu en premier vers le diagnostic, la physiopathologie et la virulence virale, mais surtout la prise en charge des patients atteints, les différents protocoles de traitements, la transmission nosocomiale, le pronostic des malades sans ou avec pathologies sous-jacentes : diabétiques, hémodialysés, cancéreux, cardiaques, opérés, insuffisants pulmonaires ou autres et leur prise en charge. Un registre COVID-19 a même été mis en place.
D’autres équipes, radiologues et ingénieurs, se sont penchées sur l’optimisation des techniques radiologiques dans le diagnostic des atteintes pulmonaires à COVID- 19.
Plusieurs équipes se sont lancées sur l’identification du génome viral et sa virulence, qui pourraient être prédictives de la sévérité de la maladie ou pas et détecter les mutations éventuelles, étant donné le fort potentiel de mutation des virus à ARN et les coronavirus particulièrement.
Des équipes en recherche médicale se sont penchées sur la meilleure prise en charge des malades, le burn-out des soignants, les connaissances des résidents et internes en matière de COVID-19.
Au niveau des urgences, plusieurs protocoles ont été mis en place pour optimiser la prise en charge des patients en cas de grande affluence, ainsi que le stress et l’anxiété des soignants.
D’autres chercheurs se sont penchés sur l’étude comportementale de personnes appartenant aux différents secteurs de la santé et comment ces personnes, pharmaciens, physiothérapeutes, infirmiers, dentistes ou autres réagissent vis-à-vis de la pandémie.
Vingt-six autres projets ont été développés au niveau des différentes structures de l’Université dont 6 soutenus par le CNRS –L et deux en innovation pure soutenus par l 'AUF.
Parmi ces projets, plusieurs sont réalisés en collaboration avec des équipes françaises concernant l’immunité après infection par le coronavirus, parmi le personnel médical et aussi en communautaire, et l’immunité vaccinale de l’enfant et son influence sur l’immunité contre le coronavirus. Ces études seront certainement utiles au moment de la vaccination.
Les projets en innovations sont: la création d’un robot et la conception d’un revêtement antiviral qui servira pour couvrir les vêtements et les gants destinés aux soignants.
Un projet concernant la purification de l’air dans les salles de soins et les chambres des malades en temps de pandémie est à l’étude.
Il est évident que les résultats de ces projets de recherche seront publiés dès qu’ils sont concluants, afin d’en faire profiter toute la communauté médicale au Liban et dans le monde.
En attendant de rendre publiques les résultats des études, quelques résultats préliminaires en avant-première:
- Les résultats de l’étude novatrice concernant la création d’un revêtement antiviral et antibactérien, supportée par l’Agence Universitaire de la Francophonie, réalisée entre les laboratoires de l’ESIB et le laboratoire des Agents Pathogènes de la faculté de pharmacie sont prometteurs, puisqu’ils montrent une très bonne efficacité des matériaux conçus. Ils seront rendus publiques très bientôt.
- L’étude du génome viral a été réalisé au Laboratoire de biochimie et thérapies moléculaires de la Faculté de pharmacie de l’USJ, par séquençage notamment de la région Spike du virus, afin de déterminer toutes les mutations, connues ou nouvelles, pouvant survenir dans cette partie cruciale du virus, et qui pourraient avoir un impact sur la contagiosité de la maladie, sa sévérité ou l’efficacité du vaccin. Ce séquençage nous a permis de déterminer la présence des mutations du variant britannique dans des clusters provenant de différentes régions libanaises (Baabda, Chouf, Kesrouan, Kobayat et Metn) dont les prélèvements nasopharyngés, référés par des structures sanitaires, les ONG et municipalités au Laboratoire Rodolphe Mérieux de la Faculté de pharmacie, y avaient été testés positifs à SARS-CoV-2. Ces efforts se poursuivront, avec l’appui de l’USJ, de l’Unité de génétique médicale de la Faculté de médecine, de la Fondation Mérieux et du CNRS libanais, afin de traquer la moindre mutation inquiétante de ce virus.
- L’étude de la sérologie anti-SARS-CoV-2, supportée par le CNRS- libanais et l’USJ, réalisée chez les travailleurs de santé, provenant de 5 hôpitaux de différentes régions du Liban (Akkar, Metn, Beyrouth) et n’ayant présenté aucun signe clinique de la maladie, a été réalisée en deux phases, une phase précoce sur 600 employés hospitaliers exposés au virus et une phase tardive sur 567 employés. Les résultats ont montré que la séropositivité anti-SARS-CoV-2 qui était très faible, de 0.2%, durant la première phase, a significativement augmenté lors de la 2ème phase avec un taux de séropositivité de 19.6%. Les services avec un taux de séropositivité le moins élevé, étaient ceux qui sont théoriquement les plus exposés : les urgences, la radiologie et le laboratoire. Ceci peut être expliqué par le fait que les employés de ces services, à haut risque d’exposition au virus, respectaient suffisamment les mesures de prévention. La 3ème phase est en cours pour déterminer d'une manière définitive, les sérologies positives avant le début de la vaccination et continueront après également. Cette étude a été pilotée par le laboratoire des Agents pathogènes de la Faculté de pharmacie.
- Le département de pneumologie de l’HDF a publié l’éditorial suivant :
Smoking, in all forms, such as cigarettes, waterpipe, and e-cigarettes, is harmful and proven to cause lung injury. In this pandemic era, it is essential to examine potential evidence linking smoking and the risk of infection with severe acute respiratory syndrome coronavirus 2 (SARS-CoV-2), as well as the prognosis and severity of COVID-19 disease. The effect of smoking and nicotine on airway inflammation has been established in multiple studies. However, the impact of nicotine on the angiotensin-converting enzyme 2 receptor remains controversial and calls for more studies.
Zeina Aoun-Bacha and Moussa Riachy; Department of Pulmonary and Critical Care Medicine, Hotel Dieu de France Medical Center (HDFMC) of the Saint-Joseph University (USJ),
Beirut, Lebanon
- Le département d’oncologie de l’HDF a publié l’éditorial suivant dans « Future Oncology, mai 2020 :
The Future of Cancer Research after COVID-19 pandemic: RECESSION?
Hampig Raphael Kourie 1, Roland Eid 1, Fady Haddad 1, Marwan Ghosn 1, Dolla Karam Sarkis 2
Cancer research will be facing one of the most critical recession in its history due to the COVID-19. The consequences will be crucial not only during the next few months but also the next years. The load of investments in research, publications and new trials will most probably decrease. Moreover, many opportunities related to the development of new drugs will be missed for cancer patients. The cancer researchers, while blocked in the middle of this pandemic, should counteract this imminent recession by combining their efforts to establish a clear roadmap to assure a smooth and efficient revival of the cancer research immediately after the end of the lockdown.
Enfin, il est vrai que la mission première de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth est l’enseignement, mais il ne faut pas oublier non plus que sa 2e grande mission est la production de nouvelles connaissances pour mieux servir la communauté et ceci par la promotion de la recherche, une recherche orientée en temps de crise.
Aujourd’hui plus que jamais, une grande partie de nos chercheurs est mobilisée, dans différents domaines, pour contrer ce fléau qu’est la pandémie. Comme en témoigne sur le lien ci-dessous la liste des projets en cours à ce jour.