Hadi Fakih. Crédit photo Jad Fakih
Par Carla Eddé, in L'Orient - Le Jour, jeudi 4 mars 2021.
À travers une série de conférences organisées en ligne sous le thème « Parlons Covid-19 », des amicales de l’USJ offrent à leur communauté des éclairages multiples sur la crise sanitaire.
Dispensés chaque samedi depuis le 6 février et jusqu’au 13 mars, les dix webinaires visent en premier lieu à sensibiliser les étudiants sur tous les aspects de la crise sanitaire. Ils sont organisés en collaboration avec le service de la vie étudiante par les amicales de plusieurs facultés de l’Université Saint-Joseph (USJ) –médecine, pharmacie, nutrition, médecine dentaire, sciences infirmières, lettres et sciences humaines –, ainsi que par les amicales de l’École des sages-femmes, des Instituts de physiothérapie, d’ergothérapie et de psychomotricité.
Yara Idriss. Crédit photo Mariam Cheaito
Initiatrice de ces conférences, Pamela Roukoz, étudiante en 5e année et présidente de l’amicale à la faculté de pharmacie, confie avoir voulu développer ce projet en réponse aux multiples crises que traverse le pays. « La jeunesse d’aujourd’hui est le seul espoir du Liban. Et notre but en tant qu’amicales est de former et de sensibiliser les étudiants et les étudiantes sur les actualités et les enjeux auxquels nous faisons face. Notre programme de base contient tout un volet socioculturel, que j’estime indispensable pour compléter le parcours universitaire », assure cette jeune femme de 22 ans.
Pamela Roukoz. Crédit photo Maya Roukoz
Ouvertes à l’ensemble des étudiants de l’USJ, quel que soit leur domaine d’études, les webinaires, prodigués par des enseignants ou des étudiants de master, développent chacun une thématique liée au domaine de l’intervenant. « Le but est d’analyser le Covid-19 sous différents angles et d’adapter la crise à chaque spécialité que l’on étudie à l’USJ. Nous voulons garder les étudiants au courant des actualités en ces temps tumultueux », explique Joseph Nassar, 20 ans, président de l’amicale de la faculté de médecine. Hadi Fakih, étudiant en 3e année et président de l’amicale de l’Institut d’ergothérapie, soutient que les webinaires aideront les étudiants à « mieux saisir la complexité de la situation de la pandémie, le rôle de chaque professionnel dans l’équipe de santé, mais aussi l’importance de la collaboration au sein d’une équipe interdisciplinaire ». Pamela Roukoz ajoute : « Posséder une approche globale multidisciplinaire est nécessaire pour toute prise en charge professionnelle et complète. » Dans ce sens, Joseph Nassar, qui est en 3e année de médecine, donne l’exemple d’une élève infirmière qui éprouvera plus d’empathie envers un patient atteint du Covid-19, après avoir été sensibilisée sur l’aspect psychologique de la maladie.
Joseph Nassar. Crédit photo Joseph Nassar
De la médecine à la psychologie
Parmi les thématiques abordées figurent la prise en charge des malades atteints du Covid-19 ; les différents vaccins contre ce virus et la polémique autour de la vaccination ; les effets de la pandémie sur le quotidien des gens et sur leur santé mentale et son impact sur la psychomotricité des enfants et des personnes âgées, la nutrition, la grossesse, la rééducation respiratoire pendant et après le Covid-19, le rôle des infirmières auprès des patients testés positifs et la gestion des défis auxquels font face les dentistes lors de la pandémie. Les premières conférences ont déjà rencontré un vif succès.
Le webinaire « Parlons vaccins et polémiques », par exemple, a rassemblé plus de 240 participants. L’intervenante Aline Hajj, professeure associée et chercheuse en pharmacologie et pharmacie clinique, a présenté les différentes étapes de développement d’un médicament, les types de vaccins contre le Covid-19 disponibles aujourd’hui, leur efficacité, les contre-indications, les effets indésirables, ainsi que les polémiques qui les entourent. « C’est une thématique indispensable à couvrir, surtout que les rumeurs et les avis non professionnels circulent beaucoup dans notre société et dans le monde entier. En tant que professionnels de santé, nous sommes tenus d’apporter des réponses scientifiques et professionnelles à toutes les questions posées et les polémiques existantes », souligne Pamela Roukoz, la présidente de l’amicale à la faculté de pharmacie qui a organisé cette conférence.
Rajaa Kobrosly. Crédit photo Joud Kobrosly
Dans un autre webinaire, intitulé « Covid-19 au quotidien : un réengagement occupationnel » et donné par l’ergothérapeute Hiba Saad, l’intervenante a examiné « la façon avec laquelle la réalisation de nos activités de productivité, de loisirs et même de soins personnels a été affectée », comme le note Hadi Fakih, dont l’amicale a organisé ce webinaire. « En général, toutes les personnes ont vécu des changements à ces niveaux d’activité. Les patients atteints du Covid-19 en ont subi d’autres, amplifiés par leurs symptômes », ajoute-t-il. Selon cet étudiant de 20 ans, la conférence a abordé le rôle de l’ergothérapeute dans le contexte de la pandémie, auprès de patients rétablis mais qui présentent des séquelles, surtout motrices et cognitives. Il s’agit ainsi pour les ergothérapeutes « de rétablir l’indépendance fonctionnelle de ces personnes dans le cadre de leurs activités quotidiennes, en commençant par les activités de base, comme les déplacements ou la douche ». De plus, l’ergothérapeute peut fournir à ceux qui souffrent de fatigue, des stimulations sensorielles, grâce à des techniques de conservation d’énergie. « Les ergothérapeutes sont également concernés par la santé mentale des patients, et sont capables de gérer l’anxiété, le stress ou tout autre facteur ayant un impact sur les occupations de la personne à ce niveau », poursuit-il.
Revenant sur la conférence autour de la psychomotricité au temps de la pandémie, la présidente de l’amicale de l’Institut de psychomotricité, Rajaa Kobrosly, 20 ans, précise que ce webinaire examine le cas d’enfants qui ont vu leur développement psychomoteur touché après un an de confinement, de même que celui des personnes âgées. Étudiante en 3e année de psychomotricité, elle insiste sur l’importance de mieux sensibiliser le public sur ce sujet. « Cette période est tellement stressante qu’elle peut déclencher de l’anxiété et même des troubles obsessionnels et alimentaires », souligne, quant à elle, Yara Idriss, 20 ans, à la tête de l’amicale de la faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH). L’étudiante en 3e année de psychologie clinique et pathologique précise que les informations partagées lors du webinaire sur la santé mentale prodiguée par Sandy Abdo, étudiante en master de psychologie clinique et pathologique, incitent « les participants à réfléchir sur leurs modes de vie, leurs émotions et leurs pensées ». Et de conclure : « Il est essentiel de demander de l’aide quand on en a besoin, c’est pour cela que nous avons également partagé les numéros de téléphone de quelques ONG au cours de la conférence. »