Depuis la Seconde Guerre mondiale, un vaste mouvement de libéralisation des échanges s’observe, notamment par la baisse des tarifs douaniers et le développement des zones de libre-échange.
Pourtant, du protectionnisme subsiste. Quels sont les risques ou effets indésirables liés à l’existence de barrières aux frontières visant à restreindre l’entrée de produits étrangers ?
I. Le protectionnisme détériore la compétitivité des entreprises et c’est un cercle vicieux
A. Effet négatif sur la compétitivité prix
Le manque de concurrence accroît la hausse des prix pour le marché intérieur, et ce d’autant plus que les entreprises nationales vendent, du même coup, trop cher pour être compétitives sur le marché international. Ceci limite toute possibilité d’économies d’échelle susceptibles de favoriser une baisse des prix. L’exemple du protectionnisme brésilien sur les ordinateurs est, de ce point de vue, éclairant.
B. Effet négatif sur la compétitivité hors-prix
Au-delà de prix supérieurs, les agents économiques nationaux profitent de produits de moins bonne qualité, puisque les entreprises nationales ne bénéficient pas non plus de l’émulation de la concurrence internationale pour améliorer leur compétitivité hors-prix, ce qui les éloignent un peu plus des marchés internationaux. C’est tout particulièrement vrai pour les secteurs d’activité où l’innovation est rapide, comme le matériel informatique : le Brésil possédait en conséquence un parc d’ordinateurs à la fois coûteux et obsolètes, et préjudiciable au dynamisme économique de ses entreprises, quel que soit le secteur d’activité.
II. En grevant la compétitivité, le protectionnisme porte préjudice à la croissance économique du pays, et au bien-être des populations notamment en termes de satisfaction de leurs besoins
A. Tout le pouvoir d’achat que les individus investissent dans l’achat de matériel informatique plus coûteux et moins satisfaisant sera aussi autant de demande en moins dans d’autres secteurs d’activités. Ces activités économiques sont elles-mêmes désavantagées par du matériel informatique (considéré alors comme un facteur de production et non plus un bien de consommation) coûteux et peu performant qui réduit les gains de productivité potentiels et la qualité des services qui lui sont liés. Plus globalement, sans ouverture aux échanges internationaux, comment satisfaire une demande des individus de plus en plus tournée vers la différenciation et la diversité ? De nombreux produits ne sont et ne peuvent être produits dans nos pays, en raison des dotations factorielles. Comment se procurer du thé et du café par exemple en France ou au Liban sans l’importer ?
B. Il en va de même pour les consommations intermédiaires des entreprises. Comment pourrions-nous satisfaire les besoins en énergie des ménages comme des entreprises si nous nous protégeons de l’entrée de produits extérieurs, alors que plus de la moitié de besoin en énergie sont couverts par des importations ? 85,2 % du pétrole de l’UE est importé en 2010 par exemple.
III. Enfin, le protectionnisme porte en germe des tensions particulièrement entre pays, non seulement économiques, mais aussi politiques
Le protectionnisme accroît les tensions politiques, peu favorables à la croissance économique au cas où trop de conflits se développent. Au Brésil, les tensions internes suscitées par le manque d’ouverture à des produits informatiques moins coûteux et plus performants ont fini par exercer une telle pression sur les pouvoirs publics que les barrières à l’entrée ont été supprimées. Entre États, le protectionnisme est aussi source de tensions qui peuvent prendre une tournure politique et dégrader les relations internationales avec des conséquences plus ou moins graves (cf. « les égoïsmes sacrés de l’entre-deux-guerres »).
Le protectionnisme comporte donc des risques à différents niveaux, et ceux-ci se cumulent pour former un cercle vicieux, tant aux niveaux commercial et économique que politique.