Un essaim de noms qui vient ébranler la soif des amants du voyage d’autant plus insatiable en ces temps de pandémie. Cependant, le voyage reste indissociable de l’imagination et du rêve et si ce premier n’est actuellement pas physiquement envisageable, l’imagination, elle, peut voyager et soigner un tant soit peu le spleen du voyageur.
C’est ainsi que Les Voyageuses de Gérard Bejjani empêche le tarissement de l’imagination de l’amant de « l’ailleurs » en lui permettant de voguer à bord du Bateau Ivre aux côtés des « voyageuses ». Depuis sa création en 2012, vingt-neuf périples ont façonné la mémoire du Bateau Ivre, société de voyage culturel, bateau qui continue de naviguer en 2021 dans l’imagination des lecteurs de son journal.
Au cours de sa lecture, ou dirai-je plutôt de son voyage, le lecteur-voyageur ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire face aux anecdotes, aux profils complexes et fascinants d’une trentaine de voyageuses qui sont le cachet même du Bateau Ivre. L’exaltation du lecteur-voyageur se mêle à celle des voyageuses lorsque lui aussi, à son tour, visite les lieux mythologiques : Naxos où Ariane a été abandonnée par Thésée, Délos où Appolon et Artémis ont pour la première fois vu le jour, sans oublier Troie et son cheval, lieu des mythes qui ont bercé son enfance. Le lecteur-voyageur est d’autant plus enthousiasmé lorsqu’il apprend que le Bateau Ivre lui octroie le privilège d’une rencontre inédite à Lourmarin avec Catherine Camus, « la propre fille du grand homme ». Le lecteur-voyageur s’enivre lui aussi de « lait de coco » cubain, et se retrouve à chanter « Che Guevara » en chœur avec les voyageuses.
Et si j’omets de mentionner une panoplie de diverses expériences inhérentes au vécu de ce lecteur-voyageur, c’est pour vous laisser l’occasion de les découvrir par vous-mêmes, futurs lecteurs-voyageurs du Bateau Ivre.
J’ose cependant dire une dernière chose : lorsque l’odyssée du Bateau Ivre touche à sa fin, la nostalgie pointe dans le cœur du lecteur-voyageur tout autant que dans celui des voyageuses qu’il ne peut qu’espérer rejoindre dans le plus bref des délais, lorsque sera épuisée la tragédie dans laquelle nous vivons actuellement.
Myriam Hindi
Première année Lettres françaises