La première fois que j’ai vu ce livre, je me suis demandée : « pourquoi cette œuvre a-t-elle reçu un prix ? En quoi est-elle si différente des autres témoignages ? ».
Et, c’est de mot en mot, de page en page, de chapitre en chapitre, que j’ai compris.
Six mois se sont écoulés. Six mois depuis la tragédie du 4 août. Lire ce journal, c’est revivre le passé comme s’il se déroulait aujourd’hui. Comment est-ce qu’on en est arrivé là ? Charif Majdalani, écrivain et professeur d’université, non seulement nous l’explique, mais nous met aussi face à la réalité.
Retraçant les évènements des années 1970 jusqu’à quelques jours après l’explosion, ces écrits pourraient être qualifiés de témoignages historiques. Ces mémoires sont pourtant mélangées à des éléments du quotidien. Nous entrons au cœur de la demeure des Majdalani et vivons avec eux les bonheurs et maux de tous les jours. Ce n’est plus un témoignage mais l’histoire de Charif, de Nayla, de leurs enfants, de leur entourage. C’est une histoire unique, même thérapeutique. Le voile est levé, la vérité éclate. Tout ce qui nous entoure n’est que le miroir de nous-mêmes. Nous retrouvons la corruption à ses racines, la négligence omniprésente et la résilience qui ne cesse de battre. C’est un journal d’effondrement, de décadence. Pourtant, nous ne pouvons-nous arrêter de lire cette réalité que nous vivons, peut-être pour nous rassurer que nous ne sommes pas les seuls à vivre cette galère ?
Nous retrouvons la beauté dans la misère, la force dans la vulnérabilité et, en fermant le livre, nous nous demandons si notre destin, comme une canette ou un cigare, est vraiment jeté au vent ?
Christelle Karkour
Première année Lettres françaises