Par un piètre portail, une virtuelle frontière de feuilles,
S’étendent les plaines et les montagnes, une nuée de gouttelettes
Embrouillant les méticulosités de Gaia, giron en deuil,
Teintant la contemplation avec, dans la main une macabre palette,
Une meute inerte se réincarnant en sorte de cercueil.
Une assourdissante lumière blanche bloquant les yeux,
Se faufilant jusqu’à l’habitat squameux de la mémoire,
Retirant clandestinement des souvenirs furieux,
Des projections et des attentes en parcelles noires,
Se brise dans la kyrielle des moments, se métamorphose dans les cieux.
Et vers un monde transcendant de pouvoir et de puissance
Se précipite la vision, trébuchant dans les pièges du temps.
Le temps, puits interminable de monotonie et de souffrance,
Pont de fibres, monolithique élan maugréant,
Le temps, élixir de guérison, et pointe prédatrice de l’essence.
Le temps, infiniment infini. Fil passé,
Présent et futur, attitude penchante.
Turbulence au sein de l’esprit hanté,
Qui le pousse, le ravigote, tisse ses routes quiescentes,
Non sans conditions et compromis à l’aspect violacé…
Nous restons des acrobates, des engins se balançant
Sur un câble, se fracassant suite à chaque chute
Des jongleurs, manipulant nos rêves et nos mépris dénigrants
Des guerriers, délivrant contre soi, une éternelle lutte,
Une lutte pour scintiller, loin à côté du soleil levant.
Dans la tentative de réaliser tous nos objectifs,
Nous ignorons, souvent, ce temps fonçant vers la fin,
Vers la destination terminale de ce jeu relatif.
Nous labourons d’arrache-pied jusqu’au suivant matin,
Livides, nous nous détachons des exercices palliatifs.
Notre énergie, notre gloire se dissipent doucement…
Nos mémoires, juges intériorisés guettant, nous condamnent,
Nous marquent d’une permanente empreinte aux bords flambants
Un défilé de souvenirs, une émission de frousse parcourent nos âmes
En perpétuelle détresse, ne savant se libérer de l’ego les kidnappant.
Je concède son idée à l’adage :
« Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. »
Si jeunesse savait que la vie n’est qu’un poussiéreux marécage.
Si jeunesse savait que son entité serait exhaustivement édentée.
Si jeunesse savait que vers la déchéance, elle ferait virage.
Si jeunesse savait que ça ne vaut la peine,
De se réprimer afin de plaire à la société, à autrui,
De se rattacher aux moments de langueur, ou d’exhumer la haine.
Si jeunesse savait que, dans le but de survivre dans la nuit,
Une brindille de paix, de partage et d’amour passe pour saine.
Échappons-nous des griffes du temps… Parasite farouche…
Prenons nos affaires en main, guidons ce carrosse féerique…
Nous y arriverons un jour, cet imminent rêve, ce plan-souche,
Grâce à la diligence, couplée de détente périodique,
Et d’espoir, pour un avenir ébahissant, si loin de louche.