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Dernières Démeures

"DERNIERES DEMEURES" (titre emprunté à l'ouvrage de Robert Auzelle) Avant de bâtir pour les vivants on a bâti pour les morts. Pour notre éphémère existence terrestre n’importe quelle fragile charpente semblait suffire, mais l’éternité de la mort exigeait pour ses demeures la solidité de la pierre. Johann Jakob Bachofen, Du règne de la mère au patriarcat. La question des architectures funéraires, des modes d'inhumation et de leur intégration paysagère dans le monde des vivants est indissociablement liée aux croyances et aux processus de deuil qui les sous-tendent. Dans les grandes civilisations qui nous ont précédés, alors que les constructions destinées à la vie quotidienne étaient souvent réalisées avec des matériaux périssables, celles consacrées aux défunts et à la préservation de leur mémoire bénéficiaient d'une conception plus élaborée et durable. Ce souci de pérennité témoignait d'une volonté de perpétuer la mémoire des disparus au-delà du temps, de garantir la transition vers un "arrière-monde", lieu du refuge de l'âme de l'âme des disparus, inscrivant ainsi leur existence dans la continuité historique et culturelle de leur société. Rien d'étonnant à ce que ces constructions funéraires, des pyramides d'Égypte aux espaces funéraires dédiés à nos grandes personnalités le plus récentes – le cénotaphe de Newton d'Etienne Louis Boulée, le Taj Mahal, le Tombeau de Napoléon aux Invalides et le Mausolée d’Atatürk pour ne citer qu'eux – facent parti des pans incontournables de l'histoire de l'architecture. Dans un registre plus discret, pourtant omniprésent dans notre quotidien, la question des espaces funéraires associés à nos cimetières urbains et ruraux semble souffrir d’un désintérêt académique. Est-ce par indifférence envers ces lieux si peu fréquentés en dehors des commémorations traditionnelles, ou par répulsion face à cette ultime demeure qui, inéluctablement, marque la fin de nos existences éphémères ? Pourtant, ces cimetières, à travers leur architecture mais aussi leur traitement paysager, représentent la forme funéraire la plus familière, celle qui accompagne nos deuils et symbolise la disparition de nos proches. Ironiquement, c’est aussi cette forme qui, sans doute, accueillera nos propres corps après le dernier baiser de la mort… Dans le cadre de ce séminaire, nous proposons un parcours à la fois historique et anthropologique, explorant les formes funéraires à travers les époques. Ce parcours examine les multiples rapports entre ces pratiques et les mœurs culturelles qui les entourent, ainsi que la manière dont elles transfigurent architecturalement les concepts métaphysiques propres à chaque culture. Il s'agit également de réfléchir à leur relation avec le processus de deuil et à l'écho que laissent les disparus dans la mémoire des vivants.


Temps présentiel : 30 heures


Charge de travail étudiant : 60 heures


Méthode(s) d'évaluation : Projets

Ce cours est proposé dans les diplômes suivants
 Diplôme d'ingénieur - section : Architecture